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La France bientôt inquiétée par la crise de la dette ?
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Menace

Alors que les inquiétudes se renforcent sur la vulnérabilité financière de l'Espagne et de l'Italie, le président de la Commission européenne a estimé ce 4 août qu'il fallait "réévaluer" le Fonds Européen de Stabilité Financière, car la crise de la dette "ne touche plus uniquement la périphérie de la zone euro". Alors, à quand la France ?

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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La contagion de la crise de la dette des pays « périphériques » (Grèce, Irlande, Portugal) à l’Espagne et à l’Italie est maintenant avérée. De semaine en semaine, ces pays sont obligés de proposer des taux d’intérêt de plus en plus élevés pour placer leurs emprunts.

Si ces deux grands pays n’arrivaient plus à se refinancer à des conditions normales, la zone euro tremblerait sur ses bases : le Fonds européen de stabilité financière (FESF) n’y suffirait pas, et l’ensemble des banques continentales seraient en difficulté. La France serait alors immédiatement impactée.

Mais même sans cet enchainement, la France n’est pas à l’abri et son tour risque de bientôt venir, et ce pour une raison bien simple : ses promesses de réduction du déficit budgétaire sont largement illusoires. D’un déficit équivalent à 7 % du PIB cette année, le gouvernement s’engage à revenir à 3 % en 2013. Cela sans faire de coupes dans les dépenses ni augmenter les impôts, hormis quelques réductions de niches fiscales. Magique !

Des prévisions trop optimistes

Ce scénario a été construit sur des prévisions de croissance de 2 % cette année et 2,25 % l’an prochain. C’est bien trop optimiste, d’autant qu’il faut plutôt s’attendre à un reflux général de la croissance dans le monde, aux Etats-Unis, en Europe, et même dans les pays émergents. Les premiers signes de ralentissement sont maintenant évidents et les bourses ne s’y trompent pas en chutant lourdement. La crise de la dette plus une croissance en berne, c’en est trop !

Que faire pour éviter l’hallali ? La « règle d’or » de limitation des déficits, malgré sa complexité et son carambolage avec le calendrier électoral, va dans le bon sens, mais sa mise en œuvre nécessite au mieux quelques années ; c’est trop lointain.

Un projet de loi de finances rectificative va passer devant le parlement le 6 septembre, pour intégrer le plan d’aide à la Grèce qui vient d’être décidé. On voudrait suggérer au gouvernement d’en profiter pour rajouter 20 ou 30 milliards de réduction des dépenses publiques, un minimum pour s’assurer de respecter sa « trajectoire » de réduction du déficit budgétaire.

Cesser les projets économiquement aberrants

Au passage, il pourrait annoncer l’arrêt de projets hors de prix et économiquement aberrants (éoliennes en mer, métro du Grand Paris, 20 milliards d’euros à chaque fois). Ces 40 milliards ne se rajouteront pas à la dette publique parce qu’ils sont financés par des « PPP » (Partenariat public-privé), cependant l’Etat en est le garant ultime, et la très faible rentabilité de ces projets pèsera de toute façon sur ses comptes (ici l’Etat fait du « hors-bilan », un procédé plutôt risqué).

Les marchés n’ont pas encore pris en compte l’incapacité de la France à vraiment réduire son déficit budgétaire, il vaudrait mieux les prendre de vitesse plutôt que d’attendre la tempête.

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