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A 50 ans, Barack Obama n'a pas (encore) perdu toutes ses forces
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Happy birthday Potus !

Barack Obama a 50 ans le 4 août. Mais à 15 mois de l'élection présidentielle, il est loin d'être serein. Critiqué par l'aile gauche du parti démocrate pour la mollesse de son compromis avec les républicains sur la crise budgétaire, incapable de tenir un certain nombre de promesses de campagne et confronté à de mornes perspectives économiques, est-il devenu le président le plus faible de l'histoire des Etats-Unis ?

Vincent  Michelot

Vincent Michelot

Vincent Michelot est professeur des universités à Sciences Po Lyon, spécialisé dans l'histoire politique des Etats-Unis.

Il est l'auteur de Le Président des Etats-Unis : un pouvoir impérial ? (Gallimard, 2008).

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Atlantico : L'issue de la crise politique autour de la dette américaine est-elle une victoire ou une défaite pour Barack Obama ?

Vincent Michelot : Tout le monde s'accorde à dire que ce n'est une victoire pour personne, sauf pour l'économie américaine, qui va éviter la crise monétaire et le défaut de paiement, et l'économie mondiale, qui aurait pu être sérieusement affectée.

Cette bataille législative n'a fait que jeter encore un peu plus l'opprobre sur le Congrès et ses manières de fonctionner aux yeux de l'opinion publique. En effet, le débat n'a pas été à l'honneur de l'institution.

La présidence n'est pas non plus gagnante : on peut accuser Obama d'avoir été hésitant ou trop prêt au compromis avec les républicains, mais c'est oublier qu'une bonne partie des républicains étaient au départ sur des positions extrêmement dures, et n'auraient jamais accepté les propositions des démocrates. Il ne faut pas non plus oublier que les 1 000 milliards de dollars de coupes budgétaires annoncées sont réparties à parts égales entre les grands programmes sociaux (Medicare, Medicaid) et les dépenses de sécurité nationale et de défense, pourtant chères aux républicains.

Peut-on tirer des enseignements historiques de la précédente crise budgétaire, en 1995, sous la présidence Clinton ?

Absolument pas, car la situation économique était radicalement différente. Il ne s'agissait pas du relèvement du plafond de la dette, mais du vote du budget fédéral. D'autre part, la santé économique des Etats-Unis était à l'époque très honorable.

Par ailleurs, si cette crise avait eu des répercussions très négatives sur l'élection présidentielle de 1996 pour les républicains, la victoire de Bill Clinton ne peut pas se résumer à cela : elle est également largement imputable à la faiblesse du candidat républicain Bob Dole. D'ailleurs, les républicains avaient gagné les élections au Congrès dans la foulée. L'impasse budgétaire avait donc eu des conséquences mitigées sur les deux partis.

Contesté à la fois par les républicains qui se radicalisent et par les démocrates qui lui reprochent sa faiblesse, Barack Obama peut-il être considéré comme l'un des présidents les plus faibles, justement, de l'histoire américaine ?

Il est évidemment dans une position difficile, mais il n'y a pas de précédent dans l'histoire pour un président démocrate qui se retrouve au bout de deux ans dans une crise économique et budgétaire d'une telle ampleur. La situation est tellement exceptionnelle qu'il me paraît très difficile de faire des comparaisons historiques.

Où l'on peut dire qu'il a perdu son pari, c'est pendant la session "canard boiteux" du Congrès en décembre 2010, qui était encore dans son ancienne configuration, avec la majorité démocrate dans les deux chambres : il a échoué à obtenir un certain nombre de hausses d'impôts, préférant concentrer son énergie politique sur d'autres dossiers. Or, c'était la dernière occasion pour le faire.

Pour autant, parler d'un président faible ne paraît prématuré : il n'a pour l'instant pas d'adversaire majeur dans le camp républicain, car aucun candidat à l'investiture n'émerge parmi la dizaine de prétendants. Il est intéressant de noter qu'un seul d'entre eux (John Huntsman) s'est déclaré favorable au compromis sur la dette, alors que l'opinion publique américaine y tenait véritablement.

Par ailleurs, pour revenir aux impôts, un élément important pourrait entrer en jeu : si le Congrès ne vote pas de manière affirmative d'ici décembre 2012 pour prolonger les baisses d'impôts mises en place pour les classes moyennes par George Bush, les impôts vont augmenter de façon automatique et conséquente au 1er janvier 2013. Sauf accord du Congrès d'ici à l'élection présidentielle, le problème des impôts devraient donc se régler pour Obama sans qu'il intervienne.

Sur quoi l'élection présidentielle de 2012 devrait-elle se jouer ?

Le bon vieux dicton de Clinton "it's the economy, stupid" reste plus que jamais d'actualité : la présidentielle se jouera essentiellement sur l'économie. Ce qui inquiète énormément les démocrates aujourd'hui, c'est que la reprise économique est très faible : il est donc peu probable que le chômage repasse en dessous de la barre des 8% d'ici l'automne 2012, qui sera le moment décisif de la campagne. Or, on ne peut plus aujourd'hui injecter d'argent public pour relancer la machine ; au contraire, des coupes s'imposent.

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