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L' Europe veut-elle la peau 
de nos jolies colonies de vacances ?
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Youkaïdi aïdi aïda !

L'Europe s'attaque aux colonies de vacances à la française. La dérogation au droit du travail dont bénéficiaient les moniteurs, qui ne disposent que d'un jour de repos hebdomadaire, risque d'être remise en cause par la Cour Européenne de Justice. La France n'aurait pas d'autres choix que d'obtempérer. Décryptage avec Jean-Paul Fauché, spécialiste des vacances et de la jeunesse.

Jean-Paul Fauché

Jean-Paul Fauché

Jean-Paul Fauché est Responsable de l'Unité Vacances Musicales et Artistiques à la Ligue de l'Enseignement.

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Atlantico : Quelles sont les intentions de la Cour de Justice Européenne (CJUE) vis-à-vis du Contrat d’Engagement Éducatif (CEE) ?  

Jean-Paul Fauché : L’Europe veut que la France se mette en conformité par rapport à la notion de repos hebdomadaire. Le Contrat d’Engagement Éducatif [qui réglemente l'activité des animateurs, directeurs et formateurs occasionnels, ndlr] en tant que tel a été reconnu comme étant valide. N'est remis en cause, seulement ce détail concernant la notion de repos hebdomadaire. Le code du travail stipule 2 jours de repos par semaine alors que le CEE n’en prévoit qu’un seul.


D’où vient, selon vous, l’incompatibilité entre la vision française et la vision européenne ?

On s’aperçoit que l’on considère la colonie de vacances de manière franco-française. L’ Europe ne partage pas la même vision. Notre histoire, notamment le Front Populaire et les congés payés, y est pour beaucoup. La notion d’engagement volontaire non professionnel est une notion française. Ni prise en compte, ni entendue à l’échelon européen. Paradoxalement, 2011 est l’année européenne du bénévolat et du volontariat. Les statuts européens existent mais ne correspondent pas à la particularité des colonies de vacances à la française. Reste à trouver le pont entre Paris et Bruxelles.


Quelles seraient les conséquences d’une modification du CEE pour les organisateurs de colonies de vacances ?

Sur des séjours statiques (dans des centres fixes avec des gros effectifs), cela ne poserait pas trop de problèmes. En revanche, cela pose concrètement la question de la continuité éducative. Quand on parle de colonies de vacances, on n’est pas dans un simple système d'équipe de jour et d'équipe de nuit. Sur des activités artistiques, cela pose des problèmes. Avoir des gens qui disparaissent pendant deux jours consécutifs, cela ne veut plus dire grand-chose ni pour les enfants ni pour les moniteurs. Cela remet en cause le principe même du séjour de vacances et de l’engagement volontaire non professionnel.


Au niveau économique, à quoi peut-on s’attendre ?

On risque de rentrer dans un engrenage dont on ne pourra pas sortir. Être soumis au code du travail, cela impose des contraintes. A terme, les organisateurs devront obligatoirement engager des personnes en plus. Par conséquent, les tarifs des séjours éducatifs pour l’année 2012 risquent fort d’augmenter.

Certains ont des mots durs envers les organisateurs de « colos », parlant de « scandale » ou d’« exploitation ». Que répondez-vous à cela ?

Les organisateurs ne sont pas tous clairs avec leur projet éducatif. Il est vrai qu’il y a eu une banalisation du métier de moniteur. Ce n’est pas un job d’été comme les autres. On ne peut pas payer un jeune 30 à 35 euros par jour, même nourri et logé, sans formule d’échange entre l’enfant et l’animateur. Il faut donner à nos jeunes moniteurs un sens d’accomplissement, misé sur la notion de citoyenneté. Si on ne propose pas des séjours intéressants, avec une notion de projet et de continuité, il est normal à un moment donné que des animateurs puissent avoir l’impression d’être exploités.


Pouvons-nous nous attendre à des changements cet été ?

Cet été, c’est le statu quo. Aucune modification n’est prévue. Nous n’avons eu pour l’instant aucune consigne particulière. A l'heure d'aujourd'hui, on est dans l’application du CEE tel qu’on le connait depuis toujours. Si les choses venaient à changer, il est sûr que nous devrions nous mobiliser. Les lobbys entreraient alors en jeu

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