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Primaire PS : mais à quoi sert Arnaud Montebourg ?
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Zone franche

Qu’on les apprécie ou non, Hollande, Aubry, Valls, Royal et Baylet font objectivement avancer le débat public. Montebourg le ferait plutôt reculer.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je sais bien que pour peser dans la primaire PS, il faut essayer de se distinguer d’une manière ou d’une autre mais Montebourg est peut-être en train de se laisser emporter par son désir de buzz

Sa nouvelle idée de « prix unique de la culture » vaut ainsi son pesant de cacahouètes, même si elle n’est pas plus grotesque, à tout prendre, que le credo « démondialiste » via lequel il s’est lancé dans la bataille : en gros, et puisque la culture est aussi vitale que l’eau et l’électricité, les artistes doivent être fonctionnarisés et les billets de spectacles vendus moins de dix euros, une taxe sur les chaînes de télé privées et les fournisseurs d’accès à Internet finançant ce fabuleux système…

Ok, je caricature sans doute un poil histoire de vous inciter à cliquer sur le lien vers sa tribune dans Libé pour vous mettre de bonne humeur, mais si subtilement que vous risquez d’être déçus par la retenue dont je fais preuve. Et si l'on ne va pas réécrire ici, en moins bien, tout ce que Muray et Fumaroli ont déjà dit du crétinisme (au mieux) de ces visions d’une culture intégralement étatisée, le cœur y est tout de même !

De fait, chacun sait bien que Montebourg lui-même n’y croit pas un seul instant, à ce projet à vocation essentiellement électoraliste (« Amis créateurs, avec moi le pognon va couler à flots et même les 50% de bonus de Titine passeront pour un pourboire à côté de ce que vous je prépare ! Alors si vous êtes près d'un bureau de vote le 9 octobre, hein... »). Pas plus qu’il n’imagine que la France pourrait s’extraire du concert des nations commerçantes sans se retrouver obligée de demander à la Grèce de lui prêter quelques drachmes pour finir le mois.

Mais c'est que le bonhomme s’est totalement construit sur ce genre d’initiatives en carton-pâte. Souvenez-vous : longtemps fanatique d’une Sixième République qui ferait un sort à cette survivance de l’Ancien Régime qu’est la fonction présidentielle, le voilà désormais candidat au job honni ; adversaire bruyant du cumul des mandats, le voici simultanément député et président de Conseil général

Bon, on l’aimait bien à l’époque où il était bien seul à taper sur Chirac, mais il était encore débutant et on pouvait s'imaginer qu’il avait un peu de substance.

Désormais, il agace plus qu’autre chose et l’on se demande même s’il sert à quoi que ce soit dans le championnat de France du socialisme qui s’annonce, tant il n’est porteur de rien au-delà de ces sorties étranges. Au-delà de cet alter-marxisme dont Mélenchon himself se gausserait méchamment (le protectionnisme du lider maximo du Front de gauche est de la même veine que la démondialisation montebourgeoise, mais il est au moins assené avec une conviction non feinte).

Martine Aubry, François Hollande, Ségolène Royal, Manuel Valls et ― pourquoi pas ― Jean-Michel Baylet, ont tous quelque chose à apporter au débat public et l’on espère que la primaire sera l’occasion, pour les uns et les autres, de nous dire où en est la gauche de gouvernement de sa réflexion sur la France et le monde. Montebourg, lui, fera plutôt dans la diversion démago, un créneau sur lequel on espérait ne plus voir un PS putativement converti au réalisme. Et franchement, est-ce bien utile ?

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