Afghanistan : retrait après une guerre perdue ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Obama et ses boysen Afghanistan
Obama et ses boysen Afghanistan
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EDITORIAL

Défaite stratégique, gâchis humain et financier ? L'EDITO de Gilles Klein.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Barack Obama a annoncé le retrait d'une partie des troupes américaines en Afghanistan, la France a aussitôt fait de même soulagée, mais on cherche vainement les signes d'une victoire militaire, ou d'une efficacité accrue de l'armée afghane aussi faible que divisée et minée de l'intérieur.

On pouvait se douter que la fin de la "récréation" avait sonné en Afghanistan lorsque le ministre de la défense américain a confirmé que des contacts préliminaires avaient été établis entre les Américains et les Talibans.

Tandis que, de son côté, le président afghan reconnaissait lui aussi tenter de négocier de son côté. On le comprend car si les troupes de l'Otan s'en vont, Karzaï risque très vite de se retrouver en mauvaise posture. "Négociations" ? Engager des négociations tout en amorçant une retraite n'est sans doute pas se mettre en position de force.

Un chercheur de l'IRIS n'estimait-il pas récemment que Kaboul, la capitale du pays, tomberait en trois semaines après le départ des troupes étrangères ?

Au moment où l'économie américaine est à la peine, à la veille d'une échéance électorale importante, Obama qui espère bien décrocher un second mandat présidentiel, a donc franchi le pas. On verra à quel rythme, mais le retrait d'Afghanistan est annoncé.

Pour le justifier militairement il faut chercher. Car entre les attentats (60 morts à Azra ce samedi), et l'inflation des engins explosifs improvisés qui rendent tout déplacement de convoi dangereux, même sur des routes réputées sûres, on ne voit pas de signes d'une évolution positive. Obama a mentionné, en annonçant le début du retrait, l'élimination d'Oussama Ben Laden (au Pakistan) qui aurait désorganisé Al Qaïda, un point marqué dans la lutte contre le terrorisme, mais cela ne concerne pas vraiment les Talibans.

Par contre, il y a la lassitude de l'opinion américaine face à un conflit qui s'enlise. Conflit dans lequel les USA ont perdu près de 1 600 hommes, sans oublier la dizaine de milliers de blessés plus ou moins graves, dont certains handicapés à vie, plus tous ceux qui sont psychologiquement ébranlés.

La France a perdu 62 hommes (et combien de blessés ?), mais les Anglais en ont perdu 374 (plus près de 1 700 blessés). De ce côté de l'Atlantique, on ne parle pas des 154 morts canadiens, et dans l'Hexagone on oublie les 56 morts allemands, et presque autant de Danois et d'Italiens. Et tous les civils Afghans anonymes qui ne sont pas décomptés.

On peut dire qu'à coup de vies humaines civiles et militaires perdues, et à coup de milliards de dollars, les Talibans ont été provisoirement contenus. On peut trouver cette guerre justifiée ou inutile. Mais en tout cas on peut s'interroger sur ce retrait annoncé qui s'apparente pour le moins à une retraite sans gloire, en espérant que l'année prochaine on ne parlera de défaite militaire et stratégique. 

Tous ceux qui sont morts dans cette guerre, tous ceux qui ont été blessés, et leurs familles, quels soient leurs pays d'origine, aimeraient croire que tout cela n'a pas servi à rien.

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