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Jean-Marie Rouart : "Omar Raddad mérite un nouveau procès !"
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Omar m'a tuer

Il y a quelques jours, Atlantico publiait les bonnes feuilles de l'ouvrage choc de Guy Hugnet sur l'affaire « Omar m'a tuer ». L'académicien Jean-Marie Rouart, qui a toujours clamé l'innocence d'Omar Raddad, répond aux accusations du journaliste.

Jean-Marie Rouart

Jean-Marie Rouart

Jean-Marie Rouart est écrivain, essayiste et chroniqueur. Ancien directeur du Figaro Littéraire, il est membre de l'Académie Française depuis 1997. Très impliqué dans le comité pour la révision du procès d'Omar Raddad, il est l'auteur de Omar : la construction d'un coupable (Le Fallois, 1994).

 

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Atlantico : Un nouvel ouvrage vient remettre en cause la thèse de l'innocence d'Omar Raddad que vous avez toujours soutenue, ainsi que l'honnêteté intellectuelle de votre engagement...

Jean-Marie Rouart : Je trouve triste qu'on puisse entreprendre un livre pour démontrer la culpabilité de quelqu'un qui est déjà condamné. Je n'en vois pas l'intérêt. Autant je comprends des gens qui, à la suite de mon propre livre, ont tenté de venir en aide à quelqu'un qu'ils considéraient injustement condamné, mais je ne comprends pas ce qui motivent ceux qui veulent accabler quelqu'un qui est déjà condamné. Il y a tellement de belles causes à défendre : quel intérêt de dire que celui que la justice a condamné est coupable ? Il faut vraiment avoir un esprit tordu pour attaquer ceux qui, comme moi, n'ont eu que des déboires, et aucun intérêt à défendre Omar Raddad : j'ai été condamné en diffamation [en 2002, ndlr] et destitué du Cercle Littéraire. Quelle cible je représente pour lui ? Quelqu'un qui a trop d'idéal, qui s'est sacrifié pour une cause ? C'est du temps perdu.

Sur les détails, Guy Hugnet m'accuse d'avoir été aveuglé par la certitude de l'innocence d'Omar Raddad. Mais lui, il reprend la version de ceux qui l'accablent, à savoir la famille, le major Cenci, les gendarmes. Ce qui me paraît surtout criticable, c'est d'analyser de tout petits de détails dans l'optique qu'Omar Raddad est coupable, sans tenter à aucun moment de s'élever de ce principe d'accusation : et si Ghislaine Marchal n'avait pas pu écrire l'inscription ? Moi, j'ai la conviction que c'est impossible, car la lumière était éteinte [Guy Hugnet affirme le contraire, ndlr] et elle était mourante. J'ai essayé de tracer l'inscription dans le noir en plongeant mon doigt dans de la peinture : ce n'est pas possible !

Par ailleurs, comment expliquer que les gendarmes aient fait disparaître les photos de l'appareil de Mme Marchal au bout de quinze jours ? Cela ne s'est jamais vu !

Sur l'histoire des prostituées [qu'Omar Raddad aurait fréquentées, ndlr], jamais on n'a eu la preuve qu'ils en avaient vues, car elles n'ont jamais voulu témoigner [en réalité, une prostitué a bien témoigné, avant de se rétracter, ndlr].

On ne peut donc pas discuter sur des faits sur lesquels nous sommes en divergence. Moi, j'ai été critique par rapport à la version des faits présentée par les gendarmes, et lui, il n'est pas critique, il avale tout.

Avez-vous aujourd'hui le sentiment d'avoir toujours été complètement objectif par rapport aux faits ?

On peut faire le reproche à un avocat de jouer avec sa conscience. Mais pas à quelqu'un comme moi qui n'avait strictement aucun intérêt dans l'affaire. Ma seule motivation, c'était d'aider un innocent, qui n'avait pas la possibilité de se défendre.

J'ai eu cette intuition au départ, mais après mon enquête, et depuis lors, je suis à 100% convaincu de l'innocence d'Omar Raddad, et jamais je n'ai eu de doute ! Je ne change pas d'avis : on a construit un coupable, et la justice s'honorerait de lui offrir un nouveau procès, pour confronter les deux théories. Pourquoi les détracteurs d'Omar Raddad s'y opposent-ils ? Je trouve cela indigne. Grâce à la nouvelle loi Toubon, qui a été élaborée suite à l'affaire Raddad, il y a un appel en Cour d'Assises. Pourquoi Omar n'en bénéficie-t-il pas ?

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Sur Atlantico :

>> L'interview de Guy Hugnet, auteur de Affaire Raddad : le vrai coupable (L'Archipel, juin 2011)

>> Deux extraits de l'ouvrage : "Les méthodes de la défense en question"et "Le détail qui sème le doute"

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