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Pourquoi la révolte espagnole
n'arrivera pas en France
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#frenchrevolution

Depuis une dizaine de jours, le mouvement contestataire de la jeunesse espagnole attire tous les regards d'Europe, à tel point que certains en France, ont décidé de lancer via Twitter une mobilisation équivalente sous le nom de #frenchrevolution. Sauf que les motivations des "indignados" espagnols, empruntes de mouvement et de modernité, sont aux antipodes du conservatisme et de l'immobilisme revendiqués des contestataires français.

Martin Aurenche

Martin Aurenche

Martin Aurenche est blogueur politique sur "Le Mal Pensant" et amateur de droit électoral.

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Encouragé par les révoltes arabes, jouant du mimétisme entre la Place Tahrir du Caire et de la Puerta del Sol de Madrid, le mouvement des "Indignados", ces jeunes espagnols qui campent depuis plus d'une semaine en plein cœur de Madrid, est sur le point de faire des émules. Cette semaine, une soixantaine de jeunes français se sont rassemblés place de la Bastille pour importer le mouvement dans l'Hexagone, et ils ont déjà repris rendez-vous pour dimanche, en espérant que leur rangs se seront grossis entre temps. Si l'idée de la #frenchrevolution est née sur Twitter, elle est portée en France par les agitateurs habituels de la jeunesse et de l'extrême-gauche, de Génération Précaire à Bellaciao, en passant par le fan club de Stéphane Hessel.  

Spontanéité populaire vs officines militantes

C'est là où les deux mouvements divergent totalement. Sans nier que la mobilisation espagnole soit résolument ancrée à gauche, elle rejette toute récupération politique tant elle méprise la classe dirigeante dans son ensemble. Elle est spontanée et vient de participer au massif revers électoral du Parti Socialiste espagnol aux municipales dimanche dernier. 

A l'opposé en France, les leaders de la mobilisation sont tous encartés, comme Julien Bayou, à la tête de Génération Précaire et Conseiller régional d'Île-de-France d'Europe Ecologie, et ses acolytes de Jeudi noir, assistants parlementaires PS ou employés au cabinet de Jean-Paul Huchon comme le révélait en mars Atlantico.fr. Ces officines militantes ne sont en fait que des catalyseurs pour drainer les voix de la jeunesse le moment venu vers le Parti Socialiste, tout comme la FIDL (Dray), l'UNEF (Hamon) ou SOS Racisme (Harlem Désir ou Dray encore) le sont depuis les années 1980.  

Les jeunes espagnols crient, eux, leur haine d'avoir vu les politiques dépenser sans compter l'argent public, leur laissant la dette de l'Espagne et aucune marge de manœuvre pour les préserver de la crise (près de 40% de chômeurs chez les jeunes en Espagne !). Ils abhorrent le pouvoir des banques sur l'économie du pays, qui après avoir dopé la croissance espagnole par l'immobilier, la pille en contractant à l'extrême le marché du crédit.  

Les contestataires français, au mépris des jeunes

A l'inverse en France, ceux qui vont essayer de lancer la #frenchrevolution sont l'exact inverse. Ils ont manifesté avec hargne contre la réforme des retraites pendant des semaines, obéissant avec bienveillance aux syndicats et à la gauche qui préféraient voir la dette s'accroître indéfiniment plutôt que de consentir à travailler un peu plus pour le bien commun futur, et particulièrement celui de la jeunesse. Ils ont crié "Sarkozy, ami des banquiers" quand celui-ci les renflouait justement pour qu'elles continuent à prêter et maintiennent un minimum d'activité économique. Ils ont aussi essayé de tout bloquer avec le slogan "non à la privatisation de l'enseignement" quand Valérie Pécresse a seulement réformé l'université française pour qu'elle soit plus professionnalisante et qu'elle facilite l'entrée dans le monde du travail par le rapprochement des entreprises.  

Bref, si le mouvement français prend de l'ampleur, ces imposteurs auront réussi la récupération d'un événement espagnol radicalement opposé au leur, et les cocus de l'histoire seront encore une fois les jeunes français.

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