La recette miracle de Martine Aubry pour ne plus jamais perdre aux élections ? Ne pas se présenter<!-- --> | Atlantico.fr
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Martine Aubry.
Martine Aubry.
©Reuters

Éditorial

A l’occasion de l’élection du président de la communauté urbaine de la capitale des Flandres, la maire de Lille a montré que son inclination naturelle pour les petits arrangements d’arrière-boutique ne s’émousse pas avec le temps.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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"A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire". Bien loin de l’Andalousie où le père de Chimène tentait – vainement - d’expliquer la vie à ce jeune excité de Rodrigue, Martine Aubry vient de tester dans le Nord de la France une nouvelle variante des dialogues du Cid : "Pour ne pas prendre le risque d’être défaite, il suffit de ne pas aller au combat." (D’accord, ce n’est pas un alexandrin, mais n’est pas Corneille qui veut…)

La maire de Lille a en effet expérimenté la semaine dernière un moyen original de ne plus jamais perdre aux élections : ne pas se confronter au choix des électeurs.

Plutôt que d’être battue, Martine Aubry a préféré ne pas se présenter à sa propre succession à la présidence de la communauté de communes de Lille Métropole. Il faut dire qu’avec la déroute de la gauche aux dernières élections municipales et la perte de villes importantes de l’agglomération lilloise comme Loos, Roubaix ou Tourcoing, la maire de Lille savait qu’elle avait toutes les chances de perdre le fauteuil dont elle avait hérité de Pierre Mauroy.

Le matin du même du vote, Martine Aubry a donc annoncé que ni elle, ni aucun autre candidat représentant de la gauche ne se présenterait.  A l’issue d’un scénario assez rocambolesque, c’est Damien Castelain, maire d’un village de 900 habitants et chef de file d’un groupe de petites communes rurales des environs de Lille qui a décroché la présidence de la quatrième communauté urbaine de France, avec un million d’habitants et un budget de 1,7 milliard d’euros.

Rocambolesque, car la veille même du scrutin Damien Castelain, centriste, avait conclu un accord avec le groupe de droite, assurant à l’UMP Bernard Gérard de s’emparer de la présidence de Lille Métropole. Des tractations de dernière minute entre le Parti Socialiste et Damien Castelain ont permis de faucher à la droite une victoire que cette dernière pensait acquise.

Les conclusions à tirer de cette élection sont multiples.

D’abord que la droite, ici encore victime de dissensions à l’intérieur même du groupe réunissant UMP et UDI, démontre qu’elle reste capable de perdre en raison de ses tiraillements internes même quand elle a (presque) toutes les cartes en main.

Ensuite, que Martine Aubry qui a toujours apprécié  le confort des parachutages et des élections imperdables (qu’elle a toutefois réussi parfois à perdre, comme ce fut le cas aux législatives de 2002) ne considère toujours pas le courage comme une qualité indispensable pour faire de la politique, au contraire de l’expertise en tambouille politicienne.

Pour celle qui a affirmé tout au long de la campagne des municipales son dégoût pour les petits arrangements, déclarant à qui voulait l’entendre que "les petits accords de consensus" n’étaient pas dans sa façon de travailler, la manière dont a été élu le nouveau président de Lille Métropole montre bien que l’inclination naturelle de la maire de Lille pour les tractations d’arrière-boutique, ou même pour les tricheries qui lui avaient permis il y a quelques années de voler la direction du PS à Ségolène Royal, ne s’est en rien émoussée avec le temps.

A l’arrivée, Martine Aubry a évité que l’agglomération lilloise ne tombe entre les mains de la droite, preuve de son sens de l’abnégation et de son génie politique, argumentent déjà ses partisans. Ces derniers évidemment préfèrent ne pas parler de la communauté urbaine de Lyon par exemple, où le socialiste Gérard Collomb a réussi malgré la vague bleue des municipales à se faire réélire président la semaine dernière, en rassemblant bien au-delà de son parti.

A leur décharge, ils sont probablement trop occupés à scier la branche sur laquelle est assis Manuel Valls pour épiloguer trop longuement sur cette brillante "semi-victoire", à moins que ce ne fût une "pas totalement défaite" de leur icône.

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