Le mystère UVB-76 : la radio fantôme qui émet depuis la Russie un bruit de “buzzer” entrecoupé de mots et chiffres sporadiques depuis les années 70 <!-- --> | Atlantico.fr
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99 884 ASASDNYJ 42 67 28 17

Depuis les années 70, une radio russe émet un bourdonnement alterné avec des suites de lettres et de chiffres. Sur le net, les adeptes de la théorie du complot tentent de percer le mystère de sa création, tandis que les cryptologues en herbe cherchent à comprendre ce qu’elle dit.

UVB-76, rebaptisée MDZhB en 2010, fascine la Russie et, au-delà, le web entier. Et pour cause : cette station de radio en ondes courtes, qui émet sur une fréquence 4.625 kHz un bourdonnement discontinu entrecoupé de quelques messages incompréhensibles, est un mystère. Total, et ce depuis au moins 1982, date des premiers enregistrements de ses "émissions" - mais la diffusion pourrait remonter au milieu des années 70.

Jusqu’en 2010, la radio émettait son bourdonnement - qui lui vaudra le surnom du "Buzzer" chez les anglophones - avec, parfois, des messages aussi cryptiques que fascinants, qui fleurent bon la Russie communiste, le KGB, l’espionnage et le contre-espionnage.

>> Ecoutez :

UVB-76 Temporary Internet Repeater at RadioForest.net

Outre le bourdonnement, qui ne serait pas enregistré mais généré manuellement en plaçant un microphone devant un haut-parleur selon le site The Kernel, la radio diffusait sporadiquement des messages pour le moins mystérieux : "Ya UVB-76, Ya UVB-76. 180 08 BROMAL 74 27 99 14. Boris, Roman, Olga, Mikhail, Anna, Larisa. 7 4 2 7 9 9 1 4", dit la radio en 1997. "99 884 ASASDNYJ 42 67 28 17", dira-t-elle encore le 29 septembre 2009. Des suites de chiffres, des noms russes, dont nombre d’internautes cherchent toujours la signification.

En 2010, tout bascule : la station a connu un regain d’intérêt sur le web. D’une part, c’est à cette période qu’un Estonien, Andrus Aaslaid, amoureux de la diffusion radio, décide de retransmettre UVB-76 sur Internet : plus besoin d’être à proximité de Moscou pour l’écouter. D’autre part, peu après, la radio connait ce qu'il conviendra de s'appeler une crise d’identité.

Outre les signaux classiques, des bribes du Lac des cygnes sont entendus, ainsi qu’un décompte de 1 à 9 d’une voix féminine, du morse ainsi que d’étranges conversations téléphoniques. Bref, du flou qui s’ajoute à du flou et qui ne fait que grossir l’intérêt des internautes pour cette radio fantôme.

Il semblerait que cette étrange activité soit due à un déménagement de la radio, fin 2010, date à laquelle la station fut alors renommée "MDZhB".

The Kernel rapporte que peu après le déménagement de la radio, deux groupes d’explorateurs urbains, ainsi que des auditeurs piqués par la curiosité, se sont rendus à Povarovo, une petite ville à 130 kilomètres au nord de Moscou. Povarovo héberge une base militaire depuis laquelle émettait la radio ; la position avait été découverte grâce à une triangulation du signal émis.

Sur place, un habitant leur raconta qu’une nuit d’épais brouillard, la base avancée fut discrètement évacuée en moins de 90 minutes. Depuis, elle est à l’abandon, décrite comme un endroit paisible et tranquille, un labyrinthe avec nombre de pièces et de couloirs.

Aujourd’hui, la nouvelle base d’émission de la radio est inconnue. La même méthode de triangulation utilisée précédemment pour la localiser à Povarovo n’a rien donné. Ou plutôt a donné trois résultats différents, autant d'endroits où pourrait se situer l'émetteur à travers l’immense Russie, dont un village de 39 âmes. Cependant, un endroit intrigue particulièrement... car situé à proximité d’une zone utilisée par le gouvernement russe pour diffuser certaines de ses radios à travers tout le pays.

Mais à quoi sert cette radio ? Et qui l'a créée ? Plusieurs théories s’affrontent. L’une d’entre-elles, émise par le Borok Geophysical Observatory, une organisation financée par le gouvernement russe, assure que le signal vient d’un observatoire qui utilise une fréquence très particulière pour mesurer les changements dans la ionosphère, une des couches supérieures de la planète.

Une théorie qui a ses limites, car elle n’explique pas la présence de la base militaire de Povarovo, encore moins les messages vocaux. Et ses failles : la fréquence utilisée par la radio , 4.625 kHz, est inadaptée à ce type d'exploration en haute-altitude. Une autre théorie, celle dite du "commutateur de l’homme mort", voudrait que le signal provienne d’un interrupteur secret.

La théorie la plus crédible a une explication militaire. UVB-76 est un système de communication de l’armée qui opère à travers toute la Russie de l’ouest, pour lui permettre de passer des ordres. Les messages codés sont des annonces pour des bases militaires distinctes ; le bourdonnement répété, lui, est utilisé pour signifier que la fréquence est prise, et pour décourager de s’en servir. Une théorie également évoquée par Slate.fr.

Mais ce n’est pas parce qu’une théorie tient la route que les autres ont été abandonnées. Celles du complot tiennent encore, pour beaucoup, la corde : en vrac, la radio serait annonciatrice d’une apocalypse future, il s’agirait d’un réseau d’espionnage international, ou encore d'une expérience spatiale russe. Peu importe celle à laquelle vous adhérez : une fois que vous avez commencé à vous intéresser à UVB-76, vous aurez beaucoup de mal à décrocher.

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