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La présidente du Front national était en visite à Moscou
La présidente du Front national était en visite à Moscou
©Reuters

Syndrome Depardieu, le retour

La présidente du Front national était en visite à Moscou. Une destination qu’elle affectionne.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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En France, tout prétendant à la fonction suprême se doit de démontrer sa stature internationale. Les voyages servent à ça. Marine Le Pen, qui a les moyens de ses ambitions, s’est donc rendue à Moscou. La capitale russe est en effet pour elle une terre d’accueil, et sera peut-être un jour pour elle une terre d’asile…

Elle y a été reçue, avec tout le protocole de rigueur, par le président de la Douma (l’équivalent de notre Chambre des députés). Le même l’avait déjà accueillie en juin 2013. L’ambiance, selon le communiqué officiel, était bonne. Convergence de vues, notamment sur l’Ukraine. Marine Le Pen prône en effet la fédéralisation de ce pays, conformément aux vœux des Russes.

Outre son aspect politique, cette rencontre ouvre des horizons novateurs sur la notion de savoir-vivre. Et là, nous avons beaucoup à apprendre des Russes, dont la réputation caricaturale veut qu’ils soient plus attachés à leur bouteille de vodka qu’au baisemain. Le président du Bundestag a-t-il reçu Marine Le Pen ? Non ! Et celui du Parlement italien ? Non ! Et le speaker de la Chambre des communes ? Non ! Nulle part dans l’Union européenne et en général dans le monde occidental on n’a trouvé bon de s’inspirer de la galanterie en vigueur chez les Russes. Tous des goujats. Des personnages grossiers et mal élevés.

La passion de Marine Le Pen pour la situation ukrainienne est fondée sur un travail assidu. Elle sait où se trouve Lviv. Quelles sont les forces en présence à Lugansk. Ce qui se passe dans les âmes des habitants de Slaviansk, dont beaucoup veulent rejoindre le giron de la Mère Russie. Même qu’elle a envoyé un des pontes du FN en Crimée pour observer le bon déroulement du référendum pour le rattachement de cette région à la Russie. Il a diagnostiqué que tout s’était bien passé. Ouf !

Très occupée, Marine Le Pen n’a pas eu le temps de se rendre en Tchétchénie pour y rencontrer Depardieu, nouveau citoyen russe. Cette région est fortement islamisée et relativement instable. Et – qui sait ? – l’acteur lui aurait peut-être suggéré de prendre, comme lui, la nationalité russe. Ce qui aurait mis la présidente du Front national dans la situation délicate de répondre non à un si grand acteur. Elle est en effet farouchement hostile à la double nationalité.

Des analystes très compétents se demandent pourquoi Marine Le Pen boude le nouveau pouvoir ukrainien et regarde Poutine avec les yeux de Chimène pour le Cid. Voit-elle en lui un chef à poigne ? Un patriote comme elle les aime ? Que nenni ! L’explication est autre. Tous les jours les télévisions russes accusent les pro-Européens de Kiev d’être des fascistes et des antisémites. Avec persévérance, elles diffusent des images de synagogues profanées et de monuments à la mémoire des victimes de la Shoah souillés (curieusement, les Juifs, pourtant si prompts à se lamenter, ne mouftent pas !). Oui, bien sûr, c’est ça. C’est pour ça que Marine Le Pen n’aime pas les nouveaux dirigeants de Kiev.

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