Nathalie Kosciusko-Morizet, sa dernière interview : "Je suis libre et je ne m'interdirai rien"<!-- --> | Atlantico.fr
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Nathalie Kosciusko-Morizet à 48h du verdict parisien
Nathalie Kosciusko-Morizet à 48h du verdict parisien
©Reuters

Exclusif

Dans sa dernière interview avant le second tour des élections municipales, NKM rappelle en exclusivité pour Atlantico les priorités qui seront les siennes si elle remporte la mairie de Paris dimanche soir. Et adresse un ultime message aux indécis.

Atlantico : Si vous êtes élue dimanche soir maire de Paris, quelles mesures prendrez-vous dans les 100 premiers jours et quel en sera l'impact concret et visible pour les Parisiens ?

Nathalie Kosciusko-Morizet : Mardi dernier, j’ai présenté aux Parisiens 15 mesures que je prendrai dès mon entrée en fonction. Il s’agit d’engager sans tarder l’entrée de Paris dans le XXIe siècle. En 2014, il serait temps. Je veux une ville qui donne de l’énergie à ses habitants, au lieu de leur en prendre. Qui s’adapte à eux, au lieu de leur demander en permanence de s’adapter à la ville.

Pour cela, je lancerai la « révolution des horaires », pour faire de Paris une ville qui vit enfin au rythme de ses habitants. Cela concernera l'ouverture des commerces le dimanche dans des secteurs plus nombreux et plus étendus (c’est possible sur simple signature du maire de Paris), les horaires du métro, ceux des crèches, des bibliothèques.

Dans le même temps, je reprendrai en main la sécurité. Dans ce domaine, j’assumerai toutes mes responsabilités et j’appliquerai une politique de « tolérance zéro ». La sécurité est la première des libertés, celle qui permet de tout faire, de tout imaginer, de tout vivre. De la même façon, je créerai des brigades vertes pour garantir la propreté des rues : non seulement la situation actuelle n’est pas digne d’une grande capitale, mais elle est un facteur de stress quotidien pour tous les habitants.

Troisième priorité, qui retiendra mon attention dès avril 2014 : les rythmes scolaires. Je veux revenir sur la réforme absurde qui a été mise en place par la municipalité sortante dans l’unique but de faire plaisir à MM. Hollande et Peillon. La fatigue des enfants, la qualité souvent médiocre des activités qui leur sont proposées, sans oublier le coût exorbitant de l’opération sont autant de raisons de remettre tout à plat, en concertation avec les parents et les enseignants.

Contrairement à Mme Hidalgo, prisonnière de ses alliances et de ses protecteurs, je suis libre et je ne m’interdirai rien. Je me soucie moins d’obéir que de servir les intérêts des Parisiens.

Pour être élue, il vous faut gagner dans le XIIe arrondissement. Que voulez-vous dire aux électeurs du XIIe pour les convaincre de choisir votre projet ?

Ce n’est pas ainsi que je raisonne. Je ne segmente pas l’électorat en clientèles. Je ne range pas les électeurs dans des cases, selon les quartiers où ils habitent. Je m’adresse à tout le monde.

Vous noterez que depuis un an, je me suis déplacée partout, y compris dans des arrondissements qualifiés "d'imprenables" pour ma famille politique. Chaque Parisienne, chaque Parisien a la même importance pour moi, et il a le droit à la même considération.
C'est une profonde différence avec Mme Hidalgo qui n'a d’yeux que pour ceux qui votent "bien", c'est-à-dire pour elle. Je connais le mode de scrutin parisien, mais je refuse de me soumettre à ces diktats politiciens. Je ne veux pas parler à certains parce qu'ils "compteraient" plus que d'autres pour me faire élire.

Et donc je crois en une dynamique générale sur l’ensemble de Paris qui nous permettra de l'emporter dimanche soir dans la grande majorité des arrondissements, notamment dans le XIIe. Avec toute mon équipe, renouvelée et unie, avec Valérie Montandon dans le XIIe, nous incarnons une nouvelle énergie au service de tous les Parisiens. C’est pour cela que nous allons gagner.

Selon vous, quel est le profil de l'électeur UMP parisien qui ne s'est pas déplacé pour le 1er tour ? Comment les convaincre d'adhérer à votre appel à l'insurrection démocratique ?

Il faut rassembler très largement, bien au-delà de tel ou tel parti. Nous avons commencé à le faire. En faisant l’alliance avec l’UDI et le Modem dès le premier tour. En composant des listes ouvertes à de nouveaux profils, issus de la société civile. C’est ce qui nous a permis d’arriver en tête au premier tour. C’est ce qui rend aujourd’hui crédible la perspective d’une alternance pour Paris.

Les Parisiens savent maintenant que le changement est possible à Paris. Qu’il ne faut pas écouter les sondeurs, les commentateurs de tous bords, qui avaient prédit notre défaite. La possibilité de notre victoire  est un puissant motif de mobilisation pour tous ceux qui s’étaient abstenus au premier tour, parce qu’ils se croyaient condamnés quoi qu’il arrive à 6 nouvelles années de gestion socialiste. Ce n’est pas le cas.

Dimanche, chaque voix va compter, chacun peut faire la différence. Ensemble, nous pouvons écrire une nouvelle page de l’histoire de la capitale.

Vous aviez prévenu les Tiberi : "Il n'y a pas de droit de suite, ce n'est pas monarchique". Comment expliquer aujourd'hui la main tendue à Dominique Tiberi et la liste commune dans le Ve arrondissement ? Comment le justifier alors même que vous avez tenté d'évincer Franck Margain des listes du XIIe, arrondissement pourtant clé pour vous, et que les candidats signataires de la charte de la Manif pour Tous, ce qui est son cas, ont en grande majorité été élus ?

Je dis aujourd'hui la même chose exactement qu'il y a un an. Nous voulions des équipes d'arrondissements avec des têtes de liste renouvelées. A l'époque comme aujourd'hui, nous avons proposé à Dominique Tibéri d'être sur la liste conduite par Florence Berthout. Il refusait et préférait partir de son côté. Aujourd'hui, après ce premier tour, nous lui avons proposé la deuxième place – exactement comme l’an passé – et il l’a acceptée. J'en suis ravie. S'il n'y a effectivement pas de droit de suite pour une tête de liste grâce au legs d'un père, il ne doit pas non plus y avoir d'interdiction de s'engager et de figurer sur une liste à cause d'un père !

Je refuse de politiser l'élection en fonction de la Manif pour tous. Ma position sur ce sujet est connue depuis longtemps et elle n'a pas changé. Je regrette profondément que le gouvernement ait choisi de dresser les Français les uns contre les autres sur des sujets de société, qui touchent à ce que chacun a de plus intime. Je regrette que sur ce sujet, la sagesse et le calme n'aient pas prévalu et qu'il n'y ait pas eu les mêmes débats non-partisans que pour la Loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie.

Je n’ai pas signé la charte, mais j’ai du respect pour ceux qui l’ont fait, qui sont représentés sur nos listes. Je veux être le maire d’un Paris réconcilié, y compris sur ces questions qui ont déchainé les passions.

Le parti socialiste compte sur Paris pour masquer une défaite électorale et en fait ainsi un enjeu national. Inversement, Anne Hidalgo préfère s'éloigner du gouvernement dans la dernière ligne droite avant le vote dimanche. Quelle est votre stratégie pour ces derniers jours ? National ou local ?

Votre analyse sur le parti socialiste et la nationalisation de l'élection me semble tout à fait juste. La situation ne manque pas de sel : ce n’est plus Mme Hidalgo qui recherche le soutien du gouvernement – elle tente plutôt de s’en démarquer par tous les moyens –, c'est le gouvernement qui se raccroche à Mme Hidalgo comme à une bouée de sauvetage, pour tenter de ne pas perdre la face. Cette course-poursuite absurde me fait penser à un générique de Benny Hill !

Opposer le local et le national n’a pas grand sens. La vérité, c’est que la politique de Mme Hidalgo n’est que l’application locale de la politique nationale de M. Hollande : matraquage fiscal, culture de la défausse sur tous les sujets essentiels, absence d’ambition. La logique est donc que les socialistes parisiens subissent le même désaveu les socialistes du gouvernement, dont ils se veulent les meilleurs élèves.

Lors du débat télévisé, les masques sont tombés. Mme Hidalgo a fait la démonstration qu’elle ne supporte pas la contradiction. L’idée même de laisser son interlocuteur s’exprimer, revendiquer une vision des choses différente de la sienne, lui est insupportable. Heureusement, dimanche, ce sont les électeurs parisiens, et eux seuls, qui auront la parole.

Ma conviction est que la crise profonde qui traverse notre pays est aussi celle de Paris. Comment en serait-il autrement ? Paris est la capitale de la France, la ville qui depuis toujours concentre toutes les espérances, toutes les promesses dont notre pays est porteur.

Pour continuer à faire incarner ces promesses, pour continuer à donner le meilleur d’elle-même au service de tous les habitants, Paris a besoin d’une nouvelle énergie.

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