Et maintenant ?
Méga claque pour le PS : que peut faire François Hollande maintenant ?
Le premier tour des élections municipales s'est transformé en vote sanction pour la gauche, qui a obtenu de très mauvais résultats dans la plupart des villes.
Anita Hausser
Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015).
A l’Elysée on sentait venir la claque ; à tel point que l’entourage de François Hollande laissait entendre que le Chef de l’Etat avait déjà « enjambé » le scrutin des municipales et qu’il était entièrement concentré sur la mise en œuvre du pacte de responsabilité, cette « boite à outils » destinée à redonner de l’oxygène aux entreprises et relancer l’emploi , grâce à une conséquente baisse des charges pour les entreprises .Mais on n’avait certainement pas prévu le « 21 avril marseillais », comme on qualifie déjà la débâcle du PS dans la cité phocéenne , qui, avec la victoire de Steve Briois à Hénin-Beaumont , symbolise ce premier tour des Municipales 2014. A cela il faut ajouter les bons résultats obtenus par l’UMP, dont aucun « Grand » sortant n’est menacé, et qui est en passe de reprendre un certain nombre de villes perdues en 2008. On n’avait surement pas anticipé que le Front National, certes crédité d’un bon score dans les sondages , ferait une entrée aussi fracassante dans les conseils municipaux au point de bousculer la bipolarisation de la vie politique en France .
L’Elysée est aussi touché au cœur, puisque le conseiller politique de François Hollande, le modéré Bernard Poignant, maire PS de Quimper, est devancé d’un point par son adversaire UMP dans son fief . Maigre consolation pour François Hollande : son successeur à Tulle est confortablement réélu au premier tour. Petit réconfort également pour le Premier Ministre : Joanna Rolland qu’il a intronisée à Nantes, est bien placée pour lui succéder à la mairie dimanche prochain .Mais cela n’a pas suffi pour redonner du tonus au locataire de Matignon. Hier soir le Premier Ministre paraissait sonné par l’ampleur de l’échec de son camp ; dans un discours prononcé du bout des lèvres il a reconnu « un contexte économique et social difficile pour les Français », et en a appelé une nouvelle fois à la constitution d’un Front Républicain .Mais manifestement le cœur n’y était pas .D’ailleurs sa proposition a aussitôt été balayée par les dirigeants de l’UMP qui n’ont guère de raison de venir au secours d’un PS éreinté. Aujourd’hui le chiffon rouge agité contre le spectre du parti d’extrême droite, menace contre la démocratie, n’agit plus. Les électeurs qui ont voté pour le FN, veulent essayer « autre chose ». Ils voteront contre le Front National s’ils sont déçus par sa politique municipale la prochaine fois, comme cela a déjà été le cas , lors de précédents scrutins à Toulon et à Marignane.
Face à cette situation inédite, c’est maintenant la réaction de François Hollande qui est attendue. C’est le Chef de l’Etat qui a les cartes en mains pour réagir à ce que les dirigeants du PS veulent percevoir comme un « message de désarroi, de désamour vis-à-vis de l'ensemble de la vie politique», mais qui l’est surtout à l’encontre du PS et du gouvernement . Aujourd’hui personne ne connait précisément ses intentions.
Spontanément , la question, régulièrement évoquée, est à nouveau à l’ordre du jour : après cet échec , le remaniement ministériel annoncé depuis des semaines, ira-t-il jusqu’au changement de premier Ministre ? Tout va dépendre de l’ampleur de l’échec . Mais ce n’était pas l’hypothèse de travail jusqu’à ce jour. Et puis, est ce par un changement d’homme que l’on remédie à ce vaste ras le bol ressenti par les Français, et qu’ils expriment, soit en s’abstenant, soit en votant contre le parti au pouvoir. (Cela avait été le cas en 2001, sous la cohabitation Chirac-Jospin, et en 2008, lorsque Nicolas Sarkozy était à l’Elysée ). Pourquoi changer de premier Ministre aujourd’hui, alors que dans deux mois, en juin, aura lieu un autre scrutin, l’élection des députés européens, qui risque d’être aussi catastrophique pour le PS (-et aussi bénéfique pour le Front National), que les municipales ? Et puis surtout, pourquoi changer de Premier Ministre, si ce n’est pas pour changer de politique ? Le pouvoir de décision est à l’Elysée. Jean-Marc Ayrault est en charge de les appliquer .Il doit « faire passer » le pacte de responsabilité au Parlement avec l’obtention d’un vote de confiance à la fin du mois d’avril. D’ici là, l’équipe gouvernementale aura été remaniée, resserrée, et Jean-Marc Ayrault re-légitimé. Du grain à moudre pour les commentateurs .Quant à l’inversion de la courbe du chomage, ce n’est pas de cela qu’elle dépend !
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !