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Pollution sur Paris : la vache, les autos sont hors de cause !
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Zone franche

Ce sont les vaches et l'épandage agricole, plutôt que les autos, qui ont causé l'épisode de pollution de cette semaine. Ça n'est pas pour autant une bonne nouvelle (même si vous êtes fan de bagnole)

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Paris vient de connaître un magnifique "épisode de pollution". D'accord, il ne lui a pas vraiment permis de détrôner Shanghai, New-Delhi ou Mexico aux championnats du monde du smog, comme a pu le prétendre une startup écolo plus qualifiée en marketing qu'en calcul statistique, mais c'était tout de même un bel effort.

Ce qui est intriguant, pour autant, c'est à quel point les médias sont prompts, dans ces occasions, à convoquer les "usual suspects" au quai des Orfèvres sans se poser trop de questions, réclamant immédiatement le retour de la circulation alternée et autres dispositifs anti-autos comme remède à la diffusion des célèbres "particules fines".

D'après Airparif, l'organisme qui mesure les volumes de cochonneries qui se promènent dans l'atmosphère et cachent la tour Eiffel à la vue des touristes, les bagnoles n'ont toutefois joué qu'un rôle secondaire dans cette affaire, le coupable number one étant plutôt l'ammoniac généré par les épandages agricoles et les élevages bovins en région parisienne. Entre ça, une chaleur un peu hors norme en ce début de printemps et, tout de même, ne chipotons pas, un trafic routier dense, il ne faisait effectivement pas très bon jogger le long de la Seine.

Je ne sais pas s'il faut désormais demander aux vaches de ne se soulager qu'un jour sur deux et aux agriculteurs d'épandre avec plus de circonspection (bien que la bonne volonté des premières puisse logiquement avoir un impact positif sur les pratiques des seconds, si vous voyez ce que je veux dire), mais tout ça ne rend pas très optimiste pour l'avenir de la planète. Tant qu'il suffisait de demander aux Français d'arrêter d'utiliser leur auto pour voir refleurir le jardin d'Eden sous un ciel purifié, on restait dans le domaine de l'envisageable. Qu'ils arrêtent carrément de se nourrir sera plus difficile à obtenir.

Ptolémée, reviens, ils sont devenus cons !

L’Éducation nationale, qui est une institution pleine de sagesse, avait demandé aux équipes enseignantes de ne pas prendre de risques et de confiner les élèves dans leurs classes à l'heure de l'éclipse. Grâce soit rendue aux vaches et agriculteurs cités plus haut, ça n'a aura pas été nécessaire : le ciel était tellement chargé en ammoniac qu'on n'y voyait pas davantage pendant l'éclipse qu'avant et après.

On s'étonne pourtant qu'il n'y ait pas, parmi les nombreux collaborateurs de la rue de Grenelle, un type qui soit chargé, plutôt que d'interdire aux chères têtes blondes de lever la tête vers le ciel lorsqu'il s'y passe quelque chose, de prévenir les écoles du phénomène un peu à l'avance. Une éclipse, c'est rare et intéressant à regarder et des lunettes en carton, ça ne coûte pas grand chose. Et puisque celle là était prévue depuis, minimum, Ptolémée (90-168 ap. JC), on se dit qu'on aurait eu le temps de s'organiser.

La prochaine éclipse du même genre est d'ailleurs annoncée pour 2026, ce qui laisse certainement assez de marge pour commander des lunettes en carton à un fabricant chinois. Et si l'ammoniac ne s'est toujours pas dissipé d'ici là, on pourra ressortir les stocks en 2081 puisqu'ils ne se périment pas comme de bêtes vaccins contre la grippe H1N1. Ça ne sera plus les mêmes gosses, c'est vrai, surtout si l'on a enfin supprimé le redoublement, mais ils finiront pas la voir, cette fichue éclipse...

Honni soit qui palissandre

Matthieu Gallet, le boss de Radio France, est en mauvaise posture. Ses salariés lui reprochent sa grosse bagnole de fonction – et pas seulement parce qu'elle émet des gaz toxiques puisqu'on vient de voir que ça n'avait plus beaucoup d'importance. Ils lui reprochent aussi d'avoir fait retaper son bureau à grands frais, comme le premier secrétaire général de la CGT venu.

Du coup, musique en continu sur les ondes des stations nationales et mise en parallèle outragée des dépenses somptuaires de Gallet et de ses projets de réduction du train de vie de ses équipes. On hésite à le défendre parce que mettre 100 000 euros dans la rénovation de lambris en palissandre et s'offrir une berline avec sièges en cuir dans une maison que font tourner des armées de précaires à 900 euros par mois (OK, OK, c'est un grossier raccourci), ce n'est pas très judicieux.

Mais il serait dommage que ces, disons, maladresses, fassent passer les projets du bonhomme à la trappe, de la réduction des déficits (mais oui !) au retour de l'info sur France Info et de la musique sur France Musique. S'il est un peu malin, il emménagera dans un open space, échangera sa limousine contre un pass Navigo et ramènera le calme. Les jusqueboutistes continueront de vouloir lui couper la tête (et quelle tête nouvelle ne voudraient-ils pas couper de toute manière?) mais les moins remontés se souviendront peut-être que dans ces histoires de limogeage pour rénovation coûteuse, on ne gagne pas toujours au change.

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