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Plus vite, plus haut, plus fort
Plus vite, plus haut, plus fort
©LUDOVIC MARIN / AFP

Citius, Altius, Fortius

Si les Jeux olympiques sont un succès, il y aura pas mal de déçus. Tant pis pour eux.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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La posture vraiment rebelle, dans notre pays de dépressifs atrabilaires, c’est d’être heureux et, même, risquons carrément le gros mot, fier d’accueillir les Jeux olympiques cet été. Cette grand-messe du sport mondialisé, à peu près le seul moment où les drapeaux sont agités et les hymnes entonnés sans qu’il ne soit question d’abreuver un sillon de sang impur, devrait pourtant être l’occasion d’une petite poussée de « bon » chauvinisme, de nationalisme pour de rire... Mais non, no way José ! C’est pas le genre de la maison...

Car j'ai suivi le « débat » avec attention et tout est nul – mais alors vraiment tout : d'abord Paris, qui ne serait plus qu'un immense bidonville aux chaussées défoncées, jonchées de papiers gras et de cadavres de rats en décomposition ; le village olympique, cité HLM aux appartements mal fichus et d’ores et déjà décrétés invendables ; la cérémonie d'ouverture sur la Seine, appeau ridicule à terroristes et à pickpockets ; la mascotte, saugrenu petit clitoris en peluche ; le logo officiel, grotesque imitation de celui de Tinder, l’appli des cœurs à prendre ; l'affiche, confuse, mal dessinée et sournoisement privée de symboles religieux ; la chanteuse, de la mauvaise couleur et notoirement analphabète ; les touristes, qui vont nous briser les gonades dans le métro, lequel sera d’ailleurs en grève et hors de prix ; les tarifs XXL des hôtels et des Airbnb, qui empêcheront les étudiants pauvres de passer leurs vacances dans la capitale… 

J’en oublie sans doute parce que la liste est longue mais vous voyez l’esprit.

Si les Allemands ont inventé le mot schadenfreude, qui signifie qu’on se réjouit de l’infortune du voisin, il nous faudrait nous en néologiser un bien à nous, tout aussi intraduisible, qui évoquerait notre goût pour le masochisme sarcastique. Il nous ferait de l’usage, on en aurait pour notre argent. Alors, oui, c’est vrai, pendant une quinzaine de jours entre juillet et août, lorsque les Parisiens cèdent généralement la place aux Américains en shorts à fleurs et aux Chinois en autocar de toute manière, il faudra sans doute s’emmerder un peu la vie comme lorsqu’on reçoit des amis, ouvrir le canapé-lit, faire la queue pour la douche, accepter d’avoir un peu de bordel dans la baraque, quoi…

On survivra.

Ma prédiction (qui restera visible ici même au lendemain de l’opération, vous pourrez toujours venir me schadenfreuder si c’est effectivement une catastrophe), c’est justement que tout se passera bien, que Paris sera au top, que les cégétistes de la RATP se tiendront à carreaux, que les éventuels djihadistes se feront choper façon Minority Report et, surtout, que la France engrangera un maximum de médailles.

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