La France recule dans tous les classements sauf dans ceux du chômage, de la dépense publique et de l’insécurité<!-- --> | Atlantico.fr
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La croissance économique se limitera en France à 0,7% en 2014.
La croissance économique se limitera en France à 0,7% en 2014.
©Flickr

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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La croissance économique se limitera en France à 0,7% en 2014 selon les dernières prévisions de l’Insee. Ce niveau étant tout à fait insuffisant pour créer des emplois, le niveau de chômage se situera donc bien au dessus de 10% à la fin de l’année. Les raisons qui expliquent pourquoi la France fait moins bien que la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Italie, le Portugal sont développées depuis de nombreux mois dans cette rubrique….

Cette semaine, certains députés socialistes "frondeurs" ont demandé de "faire une pause" dans la diminution des dépenses publiques alors qu’elle n’a pas commencé. En revanche, aucune baisse de rythme n’a été envisagée pour l’adoption de mesures stupides qui contribuent à la destruction d’emplois !

Dans la panoplie des mesures anti investisseurs, l'assurance-vie va être alourdie sur les "gros contrats". Le bénéficiaire d’un contrat qui recevra 700 000€ ou plus sera lors d’une succession taxé, à partir du 1er juillet à 31,25% au lieu de 20% précédemment. La multiplication des impôts sur la détention, les plus values, les droits de succession découragent de plus en plus les investisseurs privés. D’ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir quitter leur pays pour échapper aux mesures spoliatrices qui pèsent sur eux.

Dans l’immobilier, les mesures de Cécile Duflot l’ancienne ministre du Logement et de l'égalité des territoires ont totalement coulé le secteur du bâtiment et coûté 0,4% de croissance selon l’Insee. Tout cela était prévisible, mais elle l’a fait tout de même. Cela n’empêche pas le gouvernement d’annoncer sans faire le moindre mea culpa que l’on va détricoter le dispositif et peut être débaptiser les programmes proposés avec l’étiquette "Loi Duflot" car ils sont très difficiles à vendre.

Dans l’arsenal des mesures anti-entrepreneurs le texte sur la pénibilité a été finalement voté… tout comme l’obligation de ne pas engager d’intérimaires en dessous de 24 heures par semaine. Il est intéressant de noter que pour une petite entreprise l’application des mesures de pénibilité coûtera plus cher que l’effet CICE !

Au moment ou Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique multiplie les coups de menton en faveur du patriotisme industriel, il ne se rend probablement pas compte que la France criblée de dettes n’a plus de capital public, plus de capital familial, plus de capital institutionnel ; que les entrepreneurs sont asphyxiés par un niveau de prélèvements obligatoires sans équivalent dans le monde pour alimenter un système de distribution totalement hors de contrôle.

Là encore, deux exemples illustrent bien que la machine à dépenser est devenue folle.

L’Allocation de Rentrée Scolaire (ARS) qui est versée sous conditions de ressources de 363€ pour les écoliers et de 396€ pour les lycéens, devrait logiquement servir à l’achat des fournitures nécessaires aux élèves. Comme elle est très souvent utilisée pour l’achat d’un écran plat, cette ARS a été rebaptisée par les vendeurs de télévision “Prime TV” ! Selon les derniers chiffres disponibles, il en a coûté à l’Etat 1,5Md€ en 2011 et les socialistes l’ont augmentée de 25% en 2012 !

L’Aide Médicale d’Etat (AME) qui offre un accès gratuit aux soins aux étrangers en situation irrégulière a coûté 850M€ en 2013, soit une progression de 25% par rapport à 2012. Elle a bénéficié à 278 262 personnes entre janvier et octobre 2013 soit une hausse de 10% par rapport à 2012 !

Les trappes à pauvreté et à dette tuent la croissance

Les aides de l’Etat Providence financées par de la dette sont à l’origine de ce que les économistes nomment la « trappe à pauvreté ». Les bénéficiaires des aides sont piégés dans un mode de vie de subsistance et manquent d’incitation à s’en sortir, se contentant du peu que leur verse l’Etat. Une augmentation de leurs revenus du travail se traduit par une dégressivité des prestations sociales. Résultat : en s’appuyant sur le système social, la personne reçoit le même revenu voire plus qu’en travaillant. Le système d’aide publique dévalorise le travail et crée une société à deux vitesses dans laquelle les uns se sentent spoliés et les autres exclus.

Lorsque les taux d’intérêts deviennent plus élevés que la croissance de l’économie, en particulier du secteur privé, il n’y a pour l’entrepreneur aucune incitation à investir. On assiste alors au développement d’une « trappe à dette ». C’est un cercle vicieux où les revenus sont plus faibles que les dépenses. C’est très exactement ce qui se passe en France…

Face à toutes ces perspectives assez peu réjouissantes, il y a deux stratégies. Soit on se dit que nous entrons dans une période triste de ralentissement du progrès après un siècle d’innovations qui ont nourris la croissance C’est un peu ce qu’était l’attitude de Malthus (1766-1834) qui était proche des propriétaires fonciers et de l’ancienne classe dirigeante. Il estimait que la crise était inéluctable dans les pays industrialisés.

Soit on croit que l’activité économique apporte le progrès en permanence, grâce à des adaptations permanentes voulues par le marché. C’était l’attitude de Adam Smith et de Turgot.

Pour tous ceux qui, comme nous, sont convaincus que les innovations de rupture vont permettre au monde de s’adapter dans la durée, il y a quatre grands domaines d’innovations et de croissance dans l’économie mondiale :

- L’économie de la connaissance ;

- L’économie de la démographie ;

- L’économie verte ;

- L’économie de la sécurité.

Dans le cadre de l’économie de la connaissance, regardons ce qui se passe dans  les objets connectés qui vont envahir notre vie assez rapidement.

Les objets connectés vont envahir chaque maison

Selon les nombreuses études réalisées notamment par le Gartner Group, le marché des objets connectés pourrait représenter 44Md$ en 2017.

Dans la maison connectée, à l’horizon 2020 chaque maison pourrait compter environ 150 objets connectés. Le Smartphone devenant la plateforme de commandement de chaque maison. L’univers investissable comprend :

Lumière et ampoules : Philips (ampoules Hue ), Belkin (contacteurs WeMo ), Legrand propose de nombreuses solutions dans les domaines de l’éclairage, du chauffage, de la surveillance et de l’accès aux batiments, Somfy (boites domotiques);

Securité et caméras: Dropcam ( fabriquant de caméras sans fil/startup), Canary (idem), iSmartAlarm (système de surveillance) ;

Thermostats: Nest (smart thermostat racheté par Google), IBM et Shaspa proposent une plateforme pour surveiller sa consommation d’énergie et  piloter les systèmes de sécurité, gérer la température et l’éclairage.Toutes les données transiteront par le cloud computing de IBM, SmartThings (première plateforme d’applications pour smartphone) ; Serrures : Lockitron (ouverture de portes avec un smartphone) ;

Cuisine : Seb va proposer le blue tooth cooking…

Avec la voiture connectée, la marque va entrer en relation directe avec son client alors que jusqu’à maintenant c'était le travail du concessionnaire.  Selon Patrice Pelata de Salesforce, il y a une trentaine de points de contact entre une marque et un client, gérés par  différents silos ayant chacun construit leur base de données au sein de l'entreprise. On a oublié la notion de client depuis longtemps. Il faut passer au profil client 360°dit-il. L’univers investissable comprend : Local Motion (boitier connecté dans le véhicule. permettant la gestion de parcs de véhicules autonomes), Automatic (The link est un petit module qui fait le lien entre l'ordinateur de bord et les fonctions GPS), Better Car (Carbox), AutoLib' (Bolloré).

Beaucoup d’objets connectés ont été présentés au dernier Consumer Electronic Show de Las Vegas qui s’est tenu en janvier dernier  Parmi les sociétés françaises qui étaient présentes, il y avait : Withings (Aura/ aide au sommeil), Netatmo (June/ mesure de l'indice UV en temps réel), Awox Strimlight (smart light/ampoule qui change de couleur et d'intensité à partir d'un smartphone), Parrot (jumping sumo qui saute et roule au sol), iMedipac (Medissimo/pilulier connecté), Smart Sensing (D-Shirt/ T-Shirt connecté).

Les lunettes connectées ont été présentées par Google Glass. La société compte devancer tous ses concurrents dans le domaine des technologies portables.

Pour la montre connectée, Google va lancer en juillet deux modèles utilisant le système Android qui lui est propre. Le lancement aura lieu en coopération avec Samsung and LG. Apple lancera son  modèle de montre à la fin de l’année.

Bien évidemment, il y a des secteurs nettement moins attractifs comme celui du raffinage.

Le raffinage en Europe est menacé

Le raffinage en Europe n’allait déjà pas bien, car entre 2008 et 2013, la capacité de raffinage avait baissé de 8% et 50 000 emplois directs et indirects avait été perdus.

Il faut se souvenir du combat d’Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif pour la société Petroplus. N’écoutant aucun des professionnels du secteur, il s'était voulu très rassurant au moment des problèmes rencontrés par la société avec la raffinerie de Petit-Couronne en Seine-Maritime. "Nous sommes parfaitement confiants" martelait-il. Il était pourtant allé chercher la société égyptienne Arabiyya Lel Istithmaraat qu’il avait soutenue pour la reprise du site.

L’Arabie Saoudite a beaucoup investi dans ses outils de raffinage afin de capter une part plus importante de la marge. La Russie a fait la même chose en devenant raffineur de diésel de qualité (Ultra Low Sulphur Diesel). Les exportations du Moyen-Orient, de la Russie qui s’ajoutent à celles qui proviennent des Etats-Unis vont entrainer la fermeture des raffineries européennes qui existent encore. C’est un sujet qui aurait mérité une mobilisation européenne. Cela n’a malheureusement pas été le cas tout comme avec le triste dossier BNP Paribas…

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