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La droite conservatrice cocufiée par Fillon ? ; Hollande : et déjà le retour ? ; Vladimir "Poutinise" le monde; Charité : le champagne fait donner
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Revue de presse des hebdos

Et aussi : la chrétienté qui irrigue la quotidienneté française et le tragique calvaire des chrétiens d'Orient.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Numéros doubles cette semaine de l'Obs, de Valeurs Actuelles, de l'Express qui feront la pause à l'occasion de Noël. Marianne, qui parait généralement le vendredi, a avancé son jour de parution avec un numéro consacré aux Femmes, "libres, combattantes, pionnières, libertines, intellectuelles, combattantes ...". En cette semaine de Noël, deux visions de la chrétienté dans vos mags: "La France Chrétienne et fière de l'être", dans Valeurs Actuelles et dans l'Obs, le sort cruel des chrétiens d'Orient persécutés avec "les derniers Chrétiens de Ninive". En fait il s'agit des dernières chrétiennes, deux femmes âgées  qui sont restées à Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak située à 15 kilomètres de Mossoul, que tous ses habitants ont fui vers le Kurdistan voisin lorsque "les hommes en noir de Daech ont fondu sur la ville le 6 août 2014. Trop esseulées, trop âgées pour risquer l'exil, Zarifa, 78 ans, et Badria, 85 ans, sourde et impotente, ont vécu sans eau ni électricité dans ce qui était devenu le centre de commandement de Daech pour la plaine de Ninive".

Elles font l'édifiant récit de  l'enfer qu'elles ont vécu avec" les djihadistes qui avaient deux obsessions : les convertir et les dépouiller. Il a fallu cracher sur le crucifix, piétiner puis brûler une image de la Vierge". Humiliations, coups... "Il y avait les salauds, les sadiques, et puis les cléments qui venaient leur rendre visite et leur apporter des restes de nourriture". Aujourd'hui "ce sont les hommes de la NPU (milice chrétienne des Unités de Protection de la Plaine de Ninive), qui veillent à la sécurité de Qaraqosh", en ruines. L'Obs rappelle que le calvaire des Chrétiens dans la région est séculaire. Toujours, ils font les frais des tueries quand ils n'en sont pas les cibles principales et la protection des Kurdes est incertaine". Peut-être seront-ils un jour rassemblés dans un "territoire autonome". Mais "cette nouvelle Jérusalem, dans une région où le pire est souvent certain, serait un bantoustan plus aisé à détruire qu'à défendre".

Les joyeuses sources de la chrétienté en France

C'est une forme de pied de nez que Valeurs Actuelles fait aux "laïcards" :"à les en croire, Père Noël, sapin, jour de l'An, galette des Rois, oeufs de Paques et autres choses festives seraient de tradition païenne et que la République, foi de traités d'ânologie, se serait construite contre le christianisme". Eh bien pas du tout ! "La source chrétienne irrigue la quotidienneté française. La viennoiserie en forme de croissant ? Le symbole du drapeau turc défait. "Le vin est l'acte d'une liturgie inconsciente. L'hôte se verse le vin, examine la couleur, le sent avant d'en boire une gorgée, puis le distribue, de verre en verre, à la façon des premières célébrations de l'eucharistie. Et lors des grandes fêtes, jusque dans ce champagne qui pétille, se lit le souvenir des noces de Cana, quand le Christ transformait joyeusement l'eau en vin à volonté". Avouez qu'il fallait y penser. Mais y a aussi "bon appétit" qui viendrait du bénédicité,  les cadeaux de Noël sur le modèle des présents apportés par les Rois mages".... d'où la fameuse galette. "Liberté, égalité, fraternité? Tout est œuvre de la puissance spirituelle chrétienne, qui dès 524 abolit l'esclavage en France", etc. Le mag passe au crible l'influence des saints qui "ont eu un rôle structurant dans l'organisation  de la société et de la vie professionnelle médiévale. Ils étaient d'abord des intercesseurs".

Une fenêtre de tir pour Hollande ?

Ah, s’il avait su !!François Hollande n’aurait pas renoncé à briguer un second mandat ! Si, si ! D’après le site du Point (-le mag ne parait pas cette semaine), le Président confie qu’il regrette d’avoir renoncé à briguer un second mandat. "Il pensait que son retrait permettrait à Manuel Valls de faire une percée. Or ce n’est pas le cas", confie l’un de ses visiteurs du soir. Le mag fait observer que l’ancien Premier ministre entame sa campagne toujours en cinquième position derrière Emmanuel  Macron et Jean Luc Mélenchon, d'après le sondage du CEVIPOF. " Vous aurez remarqué que je n’ai pas annoncé mon retrait de la vie politique" dit encore François Hollande. Selon le journal, " François Hollande qui connait son PS sur le bout des doigts, pense en effet que sa famille politique ne sera peut être pas en mesure de s’organiser, tiraillée entre son aile droite vallsiste et son aile gauche". Et dans ce cas… "Si le vainqueur de la primaire est incapable de réaliser la synthèse indispensable, une fenêtre de tir pourrait s’ouvrir pour lui-même".

Le mag douche les espoirs présidentiels en expliquant qu’il s’agit d’un scénario très hypothétique auquel il s’accroche sans doute pour éviter de voir la réalité en face : il est le principal décompositeur de la gauche". Cependant François Hollande espère toujours que le bilan de son quinquennat sera rehaussé dans "l'opinion", notamment après ses succès diplomatiques à l’ONU. Il pense que " François Fillon a tort" à propos de Poutine, tort aussi "de croire que la France est capable d’encaisser 500.000 fonctionnaires en moins…". Bref, François Hollande réfléchit et guette l’ouverture pour  revenir sur le ring "car il pense  encore" d' après certains qui l’ont vu récemment, que l’élection de 2017 est gagnable. Bel optimisme", commente le mag. L'Express, pour sa part, précise que François Rebsamen, le maire de Dijon et président de la Fédération Nationale des Elus socialistes, avait déjà commencé à récolter les promesses de signature  en vue de sa candidature : il en avait réuni 270 avant le retrait présidentiel.

Le mag a aussi noté que "deux des enfants de Jean-Pierre Jouyet ont assisté au meeting d'Emmanuel Macron le 10 décembre". Emmanuel  Macron qui serait, d'après l'OBS, le vrai responsable de la non candidature de François Hollande pour qui "c'était le coup de poignard de trop". Le mag explique que " le 16 novembre, alors qu'il rentrait de la COP 22, le sommet mondial sur le climat de Marrakech, auréolé d'un succès planétaire, François Hollande a pris l'annonce de son ex-protégé comme le signe d'un chemin impossible pour lui. A ses proches, il a avoué qu'il avait eu tort de jouer la montre avec Macron, en espérant un ultime sursaut de fidélité de son ancien ministre." Il pouvait le mettre dans une position impossible en se déclarant avant lui "résume un collaborateur,"qui ajoute "Hollande candidat, Macron serait apparu comme le traître absolu, un petit Brutus des beaux quartiers, car c’est, au fond, celui avec qui Hollande entretenait une relation quasi filiale". Hollande, trop tendre ?  questionne le mag....

Fillon, à droite ou au centre ?

Valeur Actuelles pose crûment la question : "La droite conservatrice qui a porté François Fillon au sommet des Républicains le 27 novembre, serait-elle déjà cocue?" Dans la ligne de mire du mag  préoccupé, cette petite phrase de Jean-Pierre Raffarin qui ne lui plait pas du tout :"on gagne la primaire à droite et, après, il faut gagner la présidentielle au centre". Et puis ces "alertes" émanant de sarkozystes, tel Roger Karoutchi qui déclarait: " il va nous falloir des voix de fonctionnaires, de classes moyennes..., ou d'un juppéiste qui s'affole :" il faut absolument pondérer. La force de la droite, c'est sa culture de gouvernement. Or sur la fin il y a eu une" valeurs-actualisation" du discours de François Fillon", et encore de Bruno Le Maire qui "évoque la priorité à donner à la protection des démunis "et qui "s'inquiète de ces ouvriers, ces employés, ces enseignants du primaire qui ne sont pas venus voter". Le mag se désole de voir "une pelletée de soutiens d'Alain Juppé dans l'organigramme de campagne, alors que quelques fillonistes de la première heure, comme la députées Valérie Boyer, ont, eux, été mis sur une voie de garage". Et ce n'est pas tout :" la droite hors les murs, malgré les espérances de certains, ne récupère aucun poste" alors que "l'entrepreneur Charles Beigbeder aurait aimé intégrer l'équipe de Fillon: il adhère totalement à son positionnement politique". Et là où le mag se dit franchement "surpris",(- une litote), c'est à propos de la "sous représentation" ( -d'après V.A.), de Sens Commun, le mouvement anti mariage pour tous , devenu composante des Républicains, alors que, appuie-t-il,  "leur ralliement a marqué un tournant dans la campagne " et qu'ils ont, selon le juppéiste Mael de Calan, "bossé comme des Turcs".

Bon! Pas d'affolement pour l'instant, puisque "Madeleine de Jessey (de Sens Commun) "ne s'offusque pas: pour elle, ces organigrammes ne veulent rien dire. Derrière certains titres impressionnants sur le papier, il y a une réalité qui l'est moins". Mais cet organigramme  émeut aussi l'hebdomadaire Marianne  pour qui les "sarkozystes ont droit aux mines de sel". Et de raconter que "l'un des intellos du parti , venu proposer ses services " pour aider à compléter le programme du candidat Fillon, s'est vu proposer du boulot "au courrier". "Rancunier, François Fillon ?" questionne Marianne . "Il serait pire selon un ancien ministre. Sarkozy avait la victoire généreuse : quand il gagnait, il distribuait. Avec Fillon c'est différent. Le mec n'a jamais rien gagné, et le jour où il gagne, il garde tout pour lui". Charmant !

Et tous ces déçus vont se plaindre auprès de ...Nicolas Sarkozy. " Et voilà l'ancien chef de l'Etat obligé de gérer leurs états d'âme". Un comble ! Et pour clore (provisoirement) le chapitre Fillon, notons encore ce papier de l'Obs qui raconte que le candidat de la droite républicaine, est " accusé de faiblesse à l'égard de l'islam radical "sur les réseaux sociaux. Après  "Ali"Juppé, voici "Farid" Fillon. Les auteurs de ces accusations : d'après l'OBS "des complotistes d'extrême droite", qui n'ont manifestement pas lu "Vaincre le totalitarisme islamiste" de ... François Fillon.

Poutine, maitre du monde ?

Vladimir Poutine est-il en train de transformer l'ordre mondial ?"Oui", affirme l'expert en géopolitique François Heisbourg qui explique "la poutinisation du monde "dans une longue interview à l'Obs. Il évoque sans détour "l'intervention du Kremlin dans l'élection américaine et la poussée des leaders prorusses en Europe". Selon lui " la poutinisation est d'abord l'affirmation éloquente que, dans un monde, tel qu'il est, la guerre peut être la poursuite de la politique par d'autres moyens, selon la formule du grand théoricien militaire, le Prussien Clausewitz". A la différence de ses prédécesseurs soviétiques qui étaient des adeptes de la force brute maximale en toutes circonstances, le maître du Kremlin utilise l'instrument militaire avec parcimonie. Il aurait pu déployer 50.000 hommes en Syrie, il s'est contenté de 5000.

La "poutinisation, c'est aussi l'abandon du monde "fondé sur des règles communes qui permettent le fonctionnement de la communauté internationale, au profit de "la défense de l'Etat, source de tout le droit et qui justifie tout changement et toute interprétation de ce droit ". Pour François Heisbourg, cette conception est " celle du juriste Carl Schmitt, qui, dans les années 1930, a formalisé les fondements juridiques du national-socialisme.

La Russie rejette totalement l'internationalisme. C'est pourquoi elle vient de se retirer de la Cour Pénale Internationale, à l'instar d'autres pays autoritaires, la sinistre Gambie, par exemple. La Chine partage ce point de vue. Tandis que nous autres Européens, tels les derniers des Mohicans, continuons de croire à la force du droit international et du multilatéralisme...Sous la poussée de la poutinisation, nous devrons sans doute adapter"...

Charity business et mondialisation

 Le" charity business gagne du terrain et se professionnalise en France. L'Obs a enquêté sur le mécénat nouvelle formule : " un mélange étonnant de jeunes entrepreneurs, de financiers, de sponsors fortunés et de travailleurs sociaux. Version décontractée ou plus chic et feutrée, le diner de gala a la cote à Paris. Et c'est nouveau. A tel point qu'il est devenu quasi impossible de caser une soirée caritative entre le 10 novembre et le 31 décembre quand se termine l'année fiscale (déduction oblige).Et l'Obs de portraiturer Alexandre Mars, 41 ans "multimillionnaire, cet ancien étudiant de HEC a réussi dans la netéconomie avant de mettre en 2014 une partie de sa fortune au service de la jeunesse déshéritée .Sa fondation soutient 30 organisations en France et à l'international. Un" portefeuille" varié dans lequel les donateurs n'ont plus qu'à piocher : de la formation professionnelle pour jeunes issus de familles défavorisées (Simplon.co), de  l'insertion par le sport ( sport dans la ville ), du soutien aux femmes vivant dans les bidonvilles en Inde ( Sneha)....Ce28 novembre , la soirée, sponsorisée entre autres par Chanel, Havas, et les champagnes Piper-Heidsick, débute par des enchères inversés ..."qui donnera le plus gros chèques pour changer la trajectoire d'une enfant? 60.000 euros, c'est 15.000 euros sur la feuille ISF".

Pendant des décennies", explique  le mag ", en France, la philanthropie et la générosité étaient restées discrètes. Mais comme dans les affaires, les mentalités évoluent: la mondialisation gagne les esprits. Comment rester de marbre face aux sommes faramineuses récoltées par Sharon Stone lors du diner annuel de l'Amfar: 900 convives réunis à l'Eden Roc d'Antibes en 2015 et 30 millions de dollars à la clef pour lutter contre le sida !...En France, " c'est un fait majeur, deux lois ont révolutionné le secteur :la loi Aillagon en 2003 et la loi Tepa en 2007"....On est encore loin des  galas de " fund raising" américains  :" on rassemble chaque année environ 1000 personnes à Washington et on récolte à peu près 1, 2 millions  de dollars de dons. En France notre dîner réunit 300 à 400 personnes et recueille 500.000 euros , détaille Claudine Pincemin, directrice générale de Stop Hunger, fonds de dotation créé par Sodexo qui lutte contre la faim dans le monde. Le diner de Care a permis à l'association d'engranger 210.000 euros...grâce au soutien d'Arielle de Rotschild. "Six grands chefs ont offert le raps organisé par Stéphane de Bourgies. Ce photographe a organisé le premier diner de gala le 13 novembre 2016, pile un an après les attentats dans lesquels son épouse, Véronique, fondatrice de l'association Zazakely Sambatra (enfance heureuse en malgache) avait trouvé la mort". L'Obs s'interroge "réussira-t-il aussi bien l'an prochain?". Car, " fidéliser un réseau, faire connaitre son action, nécessite une expérience qui ne s'apprend pas sur le terrain". Vous l'avez compris, la charité, c'est une affaire de pros. Joyeux Noël!

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