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Hollande "faux président détruit par l'euro" : le pavé dans la mare d'Emmanuel Todd, Rapport sur l'intégration : la "gauche gnangnan", le gouvernement "amateur" et "la 2 CV qui va droit dans le mur en sifflotant"
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi Alain Finkielkraut et "l’ascendant de la culture nationale sur les cultures venues d’ailleurs" et, et, et… Bruno Le Maire jugeant irréaliste et trompeuse la promesse de la droite d’abroger la loi sur le mariage homo. Pas calme, la semaine d’avant papa Noël !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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En cette veille de fêtes, vos hebdos n’ont pas attendu la trêve des confiseurs pour dégainer leurs dossiers spéciaux et leurs numéros doubles, voire triples. “ L’Express ” nous gratifie ainsi de 90 pages — pas moins — sur “ Les derniers secrets de l’Histoire de France ”. Ca vous dit quelque chose ? Vous avez déjà lu ça quelque part ? Nous aussi. Et on peut en dire tout autant de “ l’enquête ” que le mag consacre à l’Elysée, “ le château faible ”, où “ collaborateurs et conseillers ne cachent plus leur perplexité devant un président plus insaisissable que jamais ”… Comme leur confrère, “ Le Point ”, avec un spécial “ Favorites, maîtresses et concubines ” (vu et revu), et “ Le Nouvel Observateur ”, avec un spécial “ 1914 ” (plutôt bien fait), ont opté pour des dossiers Historia revisités... Mais les deux news n’ont pas oublié, eux, de traiter l’actualité. Comme “ Challenges ”, ils reviennent notamment sur la dernière “ affaire ” en date, on veut parler bien sûr, du rapport sur l’intégration commandé par Jean-Marc Ayrault et publié sur le site de Matignon…

Le rapport sur l’intégration, "révélateur d’une certaine gauche post-tiers-mondiste et marxisante"

“ Certains passages du rapport sur la refondation de la politique d’intégration sont révélateurs d’une certaine gauche post-tiers-mondiste et marxisante, écrit Ghislaine Ottenheimer dans “ Challenges ”. Ils révèlent une vision flagellatrice de la France. Cette ultragauche intello utilise des mots abstraits pour masquer une démarche totalisante (il est question de rééduquer la société). Exemples : “ faire société ”, “ brouillage de référentiels ”, “ capacité à faire lien ”, “ revisiter les registres lexicaux ”. D’ailleurs, la plupart des dirigeants socialistes sont contaminés et usent aussi de cette novlangue pédante. Ainsi, on ne dit pas qu’on est au pouvoir mais “ en responsabilité ”. Cela fait plus collectif ! ” Hou, l’est remontée, Ghislaine, on dirait…

Quand Giesbert demande au Père Noël d’en finir avec "la gauche gnangnan"

Franz-Olivier Giesbert l’est tout autant. Comme en écho à sa consoeur, le directeur de la publication du “ Point ”, dans sa lettre à un “ Père Noël disparu ”, demande “ qu’on en finisse avec la gauche gnangnan, dont la dernière blague involontaire est un rapport sur l’intégration, commandé par le Premier ministre et à lui remis avant d’être sottement publié. Célébrant les “ dynamiques plurielles de la société ”, ce texte comique a réussi à faire l’unanimité contre lui, de Hollande à Copé. Ce qu’il propose, notamment à travers le retour du voile à l’école, c’est le sabordage de la République laïque, ainsi qu’un désaveu des enseignants qui travaillent sur le terrain contre les dérives intégristes. Les auteurs de ce gribouillage infantile n’ont simplement pas compris que l’intégration passe par l’éducation, pas par la geignardise ou la compassion. Si ces élites “ anti-Valls ” ne croient plus au modèle républicain français, pourquoi les enfants d’immigrés y adhèreraient-ils ? On ne veut plus les entendre. Elles ont déjà fait trop de mal au pays ”.

Finkielkraut contre la supériorité mais pour "l’ascendant de la culture nationale sur les cultures venues d’ailleurs"

Franz-Olivier Giesbert est-il de l’avis d’Alain Finkielkraut ? Dans l’interview qu’il donne, dans “ Le Point ”, toujours, à Elisabeth Lévy, le philosophe déclare en effet : “ Je lis avec frayeur des rapports qui nous disent que le français n’est rien de plus que la langue dominante d’un pays plurilingue et qui nous répètent sur tous les tons qu’il n’y a pas d’asymétrie entre la culture française et les cultures d’origine des nouveaux arrivants. Si cette idée entre définitivement dans les consciences, il n’y aura plus de fondement à la transmission ”. —“ L’asymétrie que vous évoquez n’est-elle pas tout bonnement une justification des inégalités ? ”, lui demande Lévy. —“ L’asymétrie n’est pas la supériorité, répond-il, mais l’ascendant en France de la culture nationale sur les cultures venues d’ailleurs. Le système scolaire s’effondre. Nous sommes entrés dans une période de sauve-qui-peut. Et, effectivement, tout le monde ne peut pas. Les misérables sont les grands perdants du tournant misérabiliste pris depuis quelques décennies par l’Education nationale ”.

Quand Le Figaro déterre un rapport qui dormait sur le site de Matignon depuis un mois

Mais revenons à “ l’affaire ” du rapport sur l’intégration, et plus précisément à ce qui l’a déclenchée… “ L’opération est d’un classicisme achevé, entonne “ Le Nouvel Obs ”. Vendredi 13 décembre, “ Le Figaro ” barre sa une d’un nouveau titre tapageur : “ Le rapport qui veut autoriser le voile à l’école ”. Cinq rapports, même, sont déterrés des limbes du site Internet du Premier ministre, où ils dormaient depuis un mois déjà. (…) Jean-Marc Ayrault veut “ refonder la politique d’intégration ”. Il est servi ! Les laïcards de tout poil aussi. Certains appellent les rédactions pour faire connaître leur irritation. “ Le Figaro ” les met en avant au moment opportun. En cette veille de week-end, c’est la reprise assurée. Sur toutes les radios et les télés. Puis en première page du “ JDD ”. Surtout, la concomitance est troublante : cette même semaine, le jeudi, l’UMP tenait une convention sur… l’immigration ! ” De là à conclure que l’UMP a piégé la majorité via “ Le Figaro ”, il n’y a pas à chercher bien loin… Mais, mais, mais, mais, comme dirait Jacques Dutronc (in "Le dragueur des supermarchés")… “ L’Obs ” ne s’arrête heureusement pas là. Après tout, que faisait ce rapport sur le site de Matignon, qui plus est, “ depuis un mois ” ?

"On est gouverné par des amateurs ! On est dans une 2 CV qui roule à 30 km/h et va dans le mur en sifflotant !"

Si “ L’Obs ” ne se prive pas de souligner la “ manip ” politicienne qui sous-tend à l'évidence l'affaire — c'est après tout, et malheureusement, le jeu... —, il ne se prive pas non plus de souligner "l’amateurisme" pour le moins inquiétant dont a fait preuve le gouvernement. “ A l’UMP, poursuit-il, on se frotte les mains : “ L’article a été publié jeudi soir à 22 heures sur le site Internet du “ Figaro ” et le Premier ministre n’a réagi qu’à 14 heures le lendemain, jubile un proche de Copé. On a eu le temps de faire une réunion à 9 heures, de parler à la presse à 11 heures, c’est fou… ” Un haut fonctionnaire, de gauche, ne dit pas autre chose : “ On est gouverné par des amateurs, des a-ma-teurs ! Il n’y a pas d’autre mot, c’en est presque fascinant. On est dans une 2 CV qui roule à 30 km/h et va dans le mur en sifflotant ! ” ” Wow ! Et tout cela dit par un “ haut fonctionnaire de gauche ”… qui n’est d’ailleurs pas le seul, à gauche, à fustiger "l’amateurisme" du gouvernement.

“ Lesdits rapports semblaient attendre l’étincelle qui créerait l’explosion ”

Car Ségolène Royal n’y a pas résisté : “ “ C’est la méthode surtout qui a surpris. Des rapports qui ne sont pas officiels ne doivent pas être sur le site de Matignon ”, s’étonne(-t-elle), toujours prompte à relever les errements d’un pouvoir qui ne saurait fonctionner sans son talent, commente l’hebdo. Un autre cacique socialiste, installé lui à un poste clé, durcit le ton en privé : “ On ne peut pas laisser des rapports comme ça, en suspension. Force est de reconnaître qu’on a donné le bâton pour se faire battre ”. Toujours ce satané déficit de communication… Publiés sans publicité ni précautions, enfonce "L'Obs", lesdits rapports semblaient attendre l’étincelle qui créerait l’explosion. D’autant que le gouvernement n’avait rien fait en amont pour déminer le terrain ”. CQFD.

2013, "une année bien space"

A l’heure où “ Le Point ” nous offre, comme l’an dernier, une rétro de l’année sous forme de listes (plutôt drôles et assez efficaces), “ Les Inrocks ”, eux, publient un “ Best of 2013 ” malin et sacrément titillant… Premier point fort : malgré les événements qui ont plombé cette “ année bien space ”, le magazine rock a pris le parti de garder le sourire. En témoignent les photos, à la fois tordantes et belles, de Sandrine Kiberlain et d’Eric Judor rejouant des scènes de “ Gravity ”. A l’ère de la “ gravité ”, quand il serait si facile de nous mettre la tête dans le seau, “ Les Inrocks ” ont choisi de revisiter 2013 de manière à nous éclairer, quitte, même, à nous provoquer… A côté de la rétro “ Hollande, saison 2 ”, pas follement brillante, comme on s'en doute, le journal propose ainsi “ Six mots clés pour comprendre l’année des idées ”. Parmi eux, “ le drone ”, “ l’identité ”, “ la société ”, ou encore “ le burn-out ”. On peut penser ce que l’on veut des définitions que l’hebdo en donne (jetez-y un œil), il n’en demeure pas moins que les points d’achoppement, les questions qui font débat, sont clairement identifiés. Or un journal doit servir à cela : à faire discuter, et réfléchir. Dans ce domaine, le bilan de l’année 2013 que l’historien et démographe Emmanuel Todd livre à Jean-Marie Durand, des “ Inrocks ”, risque de beaucoup alimenter les conversations, peut-être même d’échauffer les esprits…


Quand Hollande "prend les Français pour des cons" : le pavé dans la mare d’Emmanuel Todd

“ Le rejet de François Hollande est complètement naturel et démontre que les Français sont des gens intelligents, commence Todd (qui, petite note entre nous, a soutenu le candidat Hollande lors des dernières élections). La société est paralysée, l’économie en déroute, le système monétaire européen ne fonctionne pas et le Président ne fait rien. Sarkozy, après la grande crise monétaire, n’a certes pas fait grand-chose mais il entretenait un climat d’agitation ; il désignait des boucs-émissaires, il empêchait les gens de se poser ; il lançait en permanence des leurres, dans toutes les directions. Sarkozy m’a rendu fou mais il était en phase avec la société : il avait l’air visiblement malade et souffrant. Comme la France. La grandeur du hollandisme, par contraste, c’est qu’il ne fait rien et que cela se voit. Sa posture morale est moins répréhensible que celle de Sarkozy ; il ne dit pas que les immigrés sont des salauds, que les fonctionnaires sont un problème, il n’accuse personne ; il ne fait juste rien. Il a l’air bien, il est content. Or, dans un pays fébrile et anxieux, c’est encore plus intolérable. Avant de convaincre les autres, il faut se convaincre soi-même. Cette posture de calme et de flegme, personne n’en est dupe. Traduire “ on ne fait rien ” par “ on est calme ”, c’est prendre les Français pour des cons ”. Ouch !

"Hollande détruit par l’euro"

Mais l’historien va encore plus loin… “ Avec le pouvoir de création monétaire à Francfort, poursuit-il, l’Etat a perdu le seul pouvoir qui compte. Hollande ne peut rien faire, c’est un faux président. On devrait dire “ le vice-chancelier Hollande ”. Le problème de Hollande, c’est de faire le saut dans l’existence, de prendre le pouvoir. Pour exister, retrouver des moyens d’action, il n’y a qu’une chose à faire : sortir de l’euro ”. Houlà ! On touche à un vrai tabou, là… parce que quand on parle de “ sortir de l’euro ”, forcément, on voit pointer les crocs de la Bleu Marine. On pense nationalisme, ostracisme, et ça, irréductiblement — ça n’est même pas une question —, on n’en veut pas. Reste qu’Emmanuel Todd, il ne s’en cache pas, est de centre gauche, pas de l’extrême droite. Comment, du coup, justifie-t-il sa proposition ?

"Partout, aux Etats-Unis, au Japon, tout le monde le voit bien. L’euro ne marchera jamais, c’est une certitude anthropologique"

“ Ce n’est pas difficile d’expliquer pourquoi il est très difficile de sortir de l’euro, commence l’historien-démographe ; les gens ne comprennent pas les phénomènes monétaires. Les élites dirigeantes sont, elles, à fond dans la croyance de l’euro vertueux. Autour de Hollande, il n’y a que des technocrates, comme lui ou pires que lui. C’est là que commence le mystère Hollande. Face à Merkel, il avait promis un élan. Je ne comprends pas ses reniements. A sa place, je ne pourrais pas résister à l’idée d’être grand, à l’envie de devenir un personnage historique, de sauver mon pays. Ce qui me fascine, c’est qu’un type normalement intelligent comme Hollande n’ait pas envie d’être grand, il n’essaie rien, c’est effrayant.Cela est pourtant simple de voir que l’euro ne marche pas ; l’Europe se suicide sous leadership allemand ; partout, aux Etats-Unis, au Japon, tout le monde le voit bien. L’euro ne marchera jamais, c’est une certitude anthropologique ”.

Le drame à l’œuvre derrière l’abandon de l’euro

“ Si on sort du champ politique, la pensée économique est majoritairement critique de l’euro aujourd’hui, enchaîne Todd. La monnaie est censée servir la vie économique — transactions, réserves de valeurs ; or, l’euro est une monnaie que l’économie doit servir. C’est une monnaie sacrificielle portée par une charge religieuse, une croyance collective : le rêve européen. Or, il est difficile de cesser de croire, le drame est là ”. Oui, le drame est bel et bien là. C’est cornélien, cette histoire : renoncer, ne pas renoncer au rêve européen, aaargh !, perso, on n’en sort pas. Qu’en pense Todd ? “ Selon moi, le projet politique européen est mort, dit-il. Le monde de paix promis par la construction européenne, la convergence des nations et la société de consommation, est fragilisé depuis les années 2000, par la mondialisation et par la résurgence des divergences. Le premier pays qui s’est adapté à l’idée de renationalisation et de réaffirmation de soi, c’est l’Allemagne, à cause de son unité, dès 1990 ; elle n’a pas eu le choix ”. Faut-il souhaiter que nous aussi, nous n’ayons plus le choix ? Ca nous emmène loin, cette affaire… au péril Bleu Marine, en premier lieu. Ah, si seulement, François…

"2013 vue par Bruno Le Maire : le FN est un adversaire"

Et puisqu’on parle du péril Bleu Marine, Bruno Le Maire le dit haut et fort dans le “ Best of ” des “ Inrocks ” — décidément intéressant : “ Le FN est un adversaire. On le combat. Il n’y a pas d’alliance possible. Nous vivons l’effondrement du système français, de notre système économique, de notre système éducatif qui ne permet pas aux enfants des catégories modestes de s’élever, et surtout de notre système démocratique. Les Français attendent qu’on construise un nouveau modèle. Il faut commencer par le système démocratique : réduire le nombre des députés de 577 à 400, diviser par deux le nombre d’élus locaux, s’opposer au cumul des mandats et obliger les hauts fonctionnaires à démissionner de la fonction publique quand ils font de la politique. Ce que j’ai fait ”. Bruno Le Maire serait-il en campagne ? Sur le fond, difficile de lui donner tort, en même temps… Mais le député de l’UMP ne se contente pas de prendre position sur le FN et sur la nécessaire refonte de notre système démocratique… Il évoque aussi “ le mariage homo ”, d’une manière pour le moins tranchée, et pour le moins inattendue…

Bruno Le Maire : "La droite n’abrogera pas la loi sur le mariage homo et on ne gagne pas en crédibilité lorsque l’on dit l’inverse"

“ Les couples homosexuels ont droit à des protections supplémentaires. J’ai plaidé en ce sens depuis 2007, rappelle-t-il. L’UMP avait fait des promesses sur le contrat d’union civile et le statut du beau-parent qui n’ont malheureusement pas été tenues. En conviction, je me suis abstenu sur ce texte. Cette abstention est une manière de rappeler ma famille à ses promesses. Ce geste n’a pas été compris chez certains de mes proches, notamment à cause de mon éducation catholique. Je ne souhaite pas imposer mon modèle de vie aux autres et je ne me sens pas menacé parce que des couples homosexuels veulent renforcer leur protection. Cela ne menace pas la cohésion de la société, ni la famille. La droite n’abrogera pas cette loi et on ne gagne pas en crédibilité lorsque l’on dit l’inverse ”. Ah, ben, en voilà une nouvelle ! On saura s’en souvenir, Bruno, hmmm… Sur ce, bonne semaine, les lapins, et Joyeux Noël ! Paix dans les âmes, paix dans les cœurs, oubliez un peu tout ce marasme, ces petites phrases, ces petits calculs, ces défaites sans gloire… concentrez-vous sur l’espoir. On en a vu d’autres, on y arrivera bien, va !

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