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François Hollande face à sa zizanie familiale, la fin de sa morphine électorale et la débâcle de l’industrie nationale
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Revue de presse des hebdos

"L’affaire du tweet" n'en finit pas de laisser des traces aussi bien du côté du fils du Président que chez les éditorialistes politiques. Et déjà le mur de la réalité fait face aux propositions de campagne...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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C’est l’été et même si l’actualité est sombre, (fermeture de l’usine PSA d’Aulnay, activité économique en berne et  hausse des impôts), il faut distraire tout en l’instruisant le lecteur en vacances sur la plage ou dans  sa chaise longue.Le Nouvel Observateurpropose une évasion vers « la Californie, l’Amérique du Futur », avec un arrêt à Hollywood.Le Pointnous apprend « D’où vient vraiment l’Homme », en fait il est, nous sommes, « un chimpanzé comme les autres ». Pas terribles, les photos de nos ancêtres ! Un complément à l’enquête deMariannesur la sexualité qui vous fera perdre vos illusions, (« l’Homme, un animal comme les autres »), titre l’hebdo à la une. Et l’on apprend que « nous sommes des bêtes amoureuses, aussi. Que cela nous plaise ou non. Les  pupilles qui se dilatent, le cœur qui bat, la voix qui tremble : on connait. Comme les joues qui rosissent  … « Ce sont des manifestations archaïques de notre sexualité animale : on ne peut pas s’en débarrasser ». En prime,  en pages intérieures  l’hebdo propose  un test intitulé « Et vous, quelle bête êtes vous au lit ?» Selon vos réponses, vous serez  « albatros hurleur, castor d’Europe, ou grenouille agile ».

Dans le registre cérébral, l’Express tente de distiller « le Poison de la Jalousie ». Avec les portraits (peu souriants), de Ségolène Royal et Valérie Trierweiler  en couverture du journal, impossible de ne pas revenir sur  les suites de « l’affaire du tweet » et, tant qu’à faire, « d’élargir » l’enquête comme on dit en jargon journalistique. Elise Karlin cite la sage Bernadette Chirac qui s’était confiée à Patrick de Carolis : « Jalouse de son succès, non. Jalouse tout court ! Il y avait de quoi. Mon mari n’était pas un homme ordinaire… Il avait un succès formidable… Heureusement qu’il y a la philosophie de l’âge. Mais oui, bien sûr, j’ai été jalouse. Il y avait de quoi, écoutez ! La chance de mon mari, c’est que j’ai été une fille très raisonnable, je crois. » Façon pour l’auteure de dire que Valérie n’a pas été raisonnable du tout et que « rongée par ce désir de possession exclusive tel que le Robert (ndlr : le dictionnaire), définit la jalousie, elle en aurait perdu tout discernement, au point de soutenir publiquement l’adversaire de son ancienne rivale Ségolène Royal aux élections législatives...

La jalousie exacerbée de la première dame, obnubilée par une histoire terminée, a corrodé en quelques mots tout le début du quinquennat. La zizanie familiale, entretenue par des propos rapportés du fils ainé Thomas Hollande, est devenue l’une des données politiques du récit que les socialistes ont cinq ans pour écrire. Pourtant, poursuit notre consœur, « des épouses de président ont dû composer avec des situations privées autrement plus douloureuses à vivre : Danielle Mitterrand découvre ainsi, très vite après ses noces, que son époux n’a pas exactement la même conception qu’elle des liens sacrés du mariage… » « Cécilia Sarkozy aussi, en a souffert, et « les tourments de l’âme sont devenus l’une des clefs de l’histoire officielle quand les Sarkozy ont commencé à la réinventer au sommet du pouvoir... » En tous cas, la voilà (presque) vengée, puisque Nicolas Sarkozy connaitrait à son tour le tourment… « d’après le dernier biographe de Mick Jagger, le mari de Carla Bruni a refusé d’acheter un appartement, le jugeant beaucoup trop proche du pied-à- terre parisien du leader des Rolling Stones -longtemps l’amant de la chanteuse. A la tête de l’Etat comme ailleurs, la jalousie n’est pas que l’apanage des épouses ».

En tous cas la compagne du président de la République est dans le collimateur de l’Express  puisqu’au détour d’un article expliquant « Comment le chef de l’Etat met en scène ses débuts pour se poser en président proche des Français », intitulé « Storytelling à la hollandaise », le journal relève que « Pendant qu’il expliquait  en direct à la télévision que Valérie Trierweiler serait désormais présente quand le protocole l’exigera, sa compagne accueillait à l’Elysée, en compagnie du ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian, les familles de victimes de la guerre d’Afghanistan pour un déjeuner. Il n’existe de protocole que celui voulu par le Président…

Déjà, alors que les services du Chef de l’état ont fait des repérages au fort de Brégançon (Var) en vue d’une possible halte estivale du couple dans la résidence officielle, un conseiller s’interroge : « Pendant les vacances, va-t-on  assister à un déferlement de paparazzis ? Ou à un feuilleton people pour savoir si les enfants viendront, si compagne de François Hollande va se baigner ou pas ? » Conclusion de l’auteur : « Le storytelling s’arrête là ou commence la telenovela ». Pas seulement ! Car il est aussi rattrapé par les dures réalités, et le Nouvel Observateur,  qui n’a pas ménagé son soutien  à sa candidature, toussote , et pose la question « Hollande tient-il ses promesses ? »

Morphine électorale et retour au réel

Devinez la réponse : « Une chose est sûre : le 14 juillet n’a pas été un jour de gloire du pour le hollandisme de gouvernement. Pour la première fois, le chef de l’Etat, élu le 6 mai dernier, a dû se livrer à un exercice d’édulcoration en direct. Il a promis des efforts aux Français, mais il n’a pas voulu dire lesquels… Il s’est contenté de confirmer qu’une hausse de la CSG était à l’étude. Il s’agirait de mieux financer la sécurité sociale tout en allégeant les charges patronales. Si cette hypothèse se confirme, François Hollande aura effectué son premier retournement de veste  (ndlr : oui, vous avez bien lu, retournement de veste !) : pendant toute la campagne, il a nié l’existence d’un problème de coût du travail…. Quand les effets de la morphine électorale se dissipent le retour au réel est douloureux. Il en va ainsi de quelques unes de ses mesures les plus emblématiques. Nonobstant sa volonté de ne pas dévier du cap qu’il s’est fixé, le président se heurte à des résistances. La création d’une tranche d’imposition à 75% pour les revenus excédant un million d’euros est en butte au lobbying des plus fortunés de France.

Même difficulté au sujet de la séparation des activités bancaires : en coulisses, la profession, très puissante, s’efforce de limiter à tout prix l’impact des règles prudentielles envisagées par le gouvernement sur leurs profits... » Pour le droit de vote des étrangers aux élections municipales, «le gouvernement ne dispose pas de la majorité des trois cinquièmes indispensables pour faire adopter une telle réforme par le Congrès… La loi sur le non-cumul des mandats devait, elle aussi, être adoptée avant la fin de l’année. Mais face à l’hostilité de certains parlementaires, François Hollande a préféré passer la patate chaude à Lionel Jospin, bombardé à la tête d’une commission pour la moralisation de la vie politique. Ainsi va Hollande, réunissant des tables rondes pour aplanir les difficultés, négociant d’improbables synthèses entre acteurs sociaux. Mais il s’agit là de la méthode douce  qu’il a toujours voulu privilégier. Le président veut donner du temps au temps. Pour mieux parvenir à ses fins ? ». L’avenir le dira !

En tous cas l’édito de Christophe Barbier sur François Hollande est dans la même veine : « Président au PH neutre, il montre chaque jour que règne sous son crâne un climat tempéré-ce qui plait-ainsi qu’une tiédeur émolliente, ce qui effraie. Avec lui, rien ne stresse, mais rien ne presse. La réforme des retraites est reportée à 2013,  il est urgent d’attendre de couper dans les dépenses publiques, la compétitivité est une priorité mais le financement de la protection sociale ne bouge pas, etc…Sous le régime nouveau on commissionne, on délégationne, on discussionne… Trop de débat ne tue pas le débat, mais c’est fatal à la décision. Or gouverner, c’est choisir, donc décider, donc agir, donc accélérer. Substituer la procrastination à la précipitation, c’est remplacer un champ de mines par des sables mouvants : il n’est pas certain que le pays gagne au change. » 

Attachez vos ceintures !

Attachez vos ceintures ! Le titre de l’Express est explicite ; ça va secouer dans le secteur automobile. Tous vos hebdos reviennent sur l’annonce de la fermeture du site d’Aulnay, mais les analyses divergent : « erreurs stratégiques de la famille Peugeot et des dirigeants du groupe automobile » écrit l’Express quiplaide « pour un changement sans tarder du Droit social ». La fermeture d’Aulnay résulte-t-elle seulement d’un problème de stratégie ? Indéfendable, ou plutôt pas seulement, tranche le Point qui pointe le caractère « trop Français » du groupe, et qui met aussi en cause le coût du  travail en France.

L’Obs raconte pour sa part , la saga familiale des Peugeot et décrit PSA comme « un lion à deux têtes : à coté de la direction, l’actionnaire surveille toutes les décisions stratégiques…les Peugeot sont tout, sauf des actionnaires dormants. Rien ne se fait sans leur aval… » et à propos de la famille Peugeot, le Point cite Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif : « Ils sont soudés, c’est très difficile de faire éclater leur unité ». Tous les hebdos rappellent aussi que 41% des voitures PSA sont toujours fabriquées sur le territoire national, contre 22% seulement pour Renault.

Dans le PointNicolas Baverez est sombre : « Aulnay illustre la débâcle de l’industrie nationale. Une industrie dont la production est inférieure de 10% à son niveau de 2007 et qui a perdu 2 millions d’emplois en vingt ans. Une industrie frappée par l’emballement des faillites, notamment des PME qui créent 80% de l’emploi. Une industrie dont les positions se sont effondrées dans le monde… avec à la clef un déficit commercial de 70 milliards d’euros en 2011… L’euthanasie de l’industrie française... est indissociable de la  dégradation de la compétitivité du site France en raison de l’envolée des coûts du travail et des prélèvements fiscaux et sociaux… ». Et d’en appeler, comme Louis Gallois, l’ex patron d’EADS à un choc de compétitivité ». Le terme est repris dans tous les hebdos ; mais souligne l’Express Louis Gallois se prononce pour une baisse des charges patronales) de 30 à 50 milliards. Or le gouvernement prépare  un choc du même montant, mais en sens inverse : pour redresser les comptes publics (29 milliards en 2013) et financer ses dépenses nouvelles (-20 milliards sur le quinquennat), il  va alourdir la fiscalité d’environ 49 milliards d’euros ». Allez comprendre !!

Vous en voulez encore ?

... Dans la série détestation, les propos de François Lamy le ministre délégué à la Ville contre son ancien camarade, Jean-Luc Mélenchon :  « c’est le plus mauvais combattant contre le FN ! Il n’a pas gratté une voix ) Marine Le Pen à la présidentielle , pas une ! ... C’est une très bonne chose qu’il ne soit pas à l’Assemblée Nationale, il en aurait fait une tribune antigouvernementale ! »

... Du patriotisme à l’américaine ! Toujours dans le Nouvel Obs, les Etats-Unis s’enflamment pour le made in America. Or les « uniformes des équipes olympiques dessinées par Ralph Lauren sont fabriqués en Chine, ce qui provoque la fureur des élus démocrates et certains veulent tout simplement les brûler. L’hebdo précise que « cette préoccupation n’atteint pas du tout l’Hexagone. L’équipementier Adidas, fournisseur des équipes françaises aux Jeux n’a jamais caché ses productions hors de France. » Ca viendra  sans doute !

... Vieille Lune toujours promise, jamais mise œuvre par la droite, la suppression des 35H revient à l’ordre du jour. Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, directeur de campagne de François Fillon, remet le sujet sur le tapis dans une interview au Point «  L’urgence pour l’UMP est de s’appuyer sur une approche programmatique offensive et réaliste autour d’idées claires et fortes… Par exemple, il nous faudra dire clairement que nous voulons supprimer les 35 heures ». Ah oui, mais quand ?

A lire encore dans vos hebdos, quelques portraits, notamment  celui de Christiane Taubira dans le Nouvel Obs.Dans le Pointon découvre Ksenia Sobchak, un nom qui vous rappelle peut être quelque chose : c’est la fille de l’ancien maire de Saint-Pétersbourg (aujourd'hui décédé) ; elle est une célébrité du show biz en Russie… et est devenue une figure de l’opposition à Poutine. Toujours dans le Point, le récit de la petite victime de l’OAS, Delphine Renard , aujourd’hui agée de 55 ans, qui fut grièvement blessée et perdit la vue à la suite d’un attentat visant André Malraux , lequel ne prit jamais de nouvelles de l’enfant après le drame.

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