Cecilia Attias ex-Sarkozy : les fausses confidences, Valls et les Roms : les vérités qui dérangent, finance spéculative/fraude fiscale : les élites criminelles<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Cecilia Attias ex-Sarkozy : les fausses confidences, Valls et les Roms : les vérités qui dérangent, finance spéculative/fraude fiscale : les élites criminelles
©

Revue de presse des hebdos

Mais aussi DSK banquier d’affaires et, et, et… Marine Le Pen et les grands patrons en mode reniflage. Etonnante — et passablement inquiétante, la revue de presse ce jeudi…

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

Voir la bio »

On a eu beau faire la danse du ventre, hier, à l’heure où on le récupère normalement : impossible d’avoir “ Le Point ”. Pour empêcher les fuites, l’hebdo a pris des mesures drastiques et décrété l’embargo jusqu’à sa sortie en kiosque, ce jeudi. C’est que c’est pas tous les jours qu’une ancienne, très éphémère et très atypique, première dame publie son autobiographie. Les confessions de Cecilia Attias ex-Sarkozy, ça vaut de l’or, baby… De l'or, vraiment ?

"On est dans l'Histoire, la grande"

"On n'est plus là dans le fait divers ni dans la vie privée, mais dans l'Histoire, la grande", écrit Franz-Olivier Giesbert. Ah oui ? "En faisant voler leur couple en éclats en 2007, l'épouse de Nicolas Sarkozy a prouvé que rien ne peut arrêter l'amour en marche". Tu m'en diras tant... Le directeur de la rédaction du "Point" le note aussi, ce faisant, "dans cet ouvrage, (Cécilia Attias) se livre avec une pudeur qui ne l'empêche pas de dire les choses, mais à sa façon, celle d'une femme qui, avant la rupture avec Nicolas Sarkozy, allait prier des heures à l'église Saint-Pierre-de-Chaillot. Elle écrit en gants blancs et en veillant à ne blesser personne". Tu parles de confessions...

Cécilia, la mule

En vérité, on vous le dit : on n'a pas retenu, ni surtout appris, grand chose en lisant les cinq pages (tout de même) d'extraits du bien-nommé (?) "Une envie de vérité" de Cécilia Attias (Flammarion). Histoire de faire concentré, on a retenu trois passages qui, vous le verrez, n'ont rien de très sensationnel. Quant à savoir s'ils ont une valeur historique, alors là... Premier extrait, à propos du Fouquet's, dont Cécilia précise qu'elle avait choisi ce lieu avec Nicolas pour sa valeur "symbolique" (sur les Champs Elysée) et parce qu'il était commode (son propriétaire, Dominique Desseigne étant un ami), voilà ce qu'elle écrit : "Pour que la mesure soit comble, il fallait que je porte le poids d'autres fautes. Mais, n'en déplaise à certains, je n'ai jamais établi de listes d'invités ni bloqué les entrées de quiconque. Mon état d'esprit était alors à cent lieues de ce genre de préoccupation. (...) C'est (le cabinet de Nicolas) qui s'est occupé de ces listes comme du reste. Qu'il ait commis des boulettes et mécontenté certains ne me concerne en rien. Plus tard, devant le remue-ménage médiatique, je suppose que certains membres de l'entourage ont dû me charger pour se dédouaner eux-mêmes. Une mule est parfois commode pour charger les bagages encombrants".

Infirmières bulgares : Cécilia "mène le jeu" devant Kadhafi

Sur le chapitre "Infirmières bulgares", voici comment Cécilia raconte sa rencontre avec Kadhafi : "(...) je ne lui laisse pas le temps de prendre la parole et commence par l'agonir de reproches. "Est-ce que vous avez conscience de la manière dont vous vous permettez de me traiter ? Et je vous prie de ne pas vous approcher de moi ! S'il devait m'arriver quoi que ce soit, sachez que vous auriez aussitôt à en répondre face à la communauté internationale. Mais je ne peux pas croire que ce soit ce que vous voulez". Créer un rapport de forces, mener le jeu, c'est la seule manière de venir à bout de cet homme. (...) Je le sens intéressé, parfois interloqué par mon aplomb, car je ne cesse de souffler le chaud et le froid. Brusquement, il s'énerve et, comme s'il voulait à tout prix en finir, me jette plus ne me dit : "Mais je veux bien vous les donner, les infirmières ! Voilà, je vous les donne ! Vous êtes contente ?""

Comment Nicolas "se mit à inquiéter une opinion rendue fragile et sensible"

Le moins lisse des extraits (du livre, on ne sait trop...) est sans doute celui où Cécilia Attias évoque le curieux basculement de son ex-époux dans "la colère" : "Il est étrange, écrit-elle, que cet homme qui, dans le privé, était d'une totale placidité et n'élevait jamais la voix ait pu alors — plus tard, notamment — donner de lui une image aussi impulsive. Son énergie avait été porteuse d'un vrai dynamisme ; son agitation ne fit qu'agacer. (...) Souvent, sur des points de détail, il se mit à inquiéter une opinion que la crise économique avait rendue fragile et sensible. Tout ce en quoi il était parvenu à rassurer les citoyens passa au second plan. Pourtant si attentif au sort des victimes et des laissés-pour-compte, il montra une inquiétante impulsivité et multiplia les propos choquants. Pour finir, en 2012, il alla chercher ses électeurs vers les extrêmes, où d'ailleurs il ne les trouva guère, alors que tout politologue sait qu'en France, comme dans la plupart des grandes démocraties, les élections se gagnent au centre". Ca, au moins, c'est dit.

Valls “ ignominieux ”

Mais revenons à des sujets plus sérieux — et autrement plus graves. Difficile, ce jeudi, de faire l’impasse sur le “ débat Roms ”… Dans “ Les Inrocks ”, Frédéric Bonnaud fulmine : “ Reprocher à une infime partie de la population de refuser de s’intégrer tout en envoyant les gendarmes désintégrer son habitat de fortune relève de l’ignominie, écrit-il. Valls patauge dans la honte ”. Carrément.

Qu’a dit Valls, exactement ?

Plus sage, “ Le Nouvel Observateur ” ? Pour tenter d’y voir plus clair, l’hebdomadaire juge utile de citer intégralement l’échange qui a mis le feu aux poudres, la semaine dernière, sur France Inter. “ Patrick Cohen : Diriez-vous à nouveau qu’il y a aujourd’hui, en France, une minorité seulement de familles roms qui ont un projet de vie, qui veulent s’intégrer à la France ? ” Manuel Valls : “ Oui, il faut dire la vérité aux Français. Parce que c’est respecter ces populations. Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation. (…) Il faut tenir compte de cela. Et donc, cela veut bien dire que les Roms ont vocation à revenir en Roumanie et, pour cela, il faut évidemment que l’Union européenne, avec les autorités bulgares et roumaines qui font des efforts, puissent faire en sorte que ces populations soient d’abord intégrées dans leurs pays ”. “ Au sens propre du terme, décrypte le journal, Valls n’a pas donc employé, le mardi 24 septembre, l’expression qu’on lui prête volontiers à propos de cette “ minorité des Roms ” capables d’intégration. Quand il dit, depuis, à longueur d’interviews, qu’il “ assume ” l’ensemble de ses propos, le ministre de l’Intérieur se garde d’ailleurs bien de reprendre l’expression controversée. Mais en même temps il ne la conteste pas ”. On résume : Manuel Valls n’a pas formellement dit ce qu’on lui reproche, il l’a seulement dit implicitement. Donc, il l’a dit, c’est ça ? On s’y perd un peu, là, “ L’Obs ”… tu pourrais pas, pour le coup, être un peu plus explicite ?

Valls avait explicitement évoqué “ la minorité des Roms ” souhaitant s’intégrer le 15 mars dernier sans que cela ne déclenche le moindre tollé

L’hebdo fait mieux que cela : si Valls “ ne conteste pas l’expression controversée ”, c’est qu’il ne le peut pas, explique en effet le journal. Pourquoi ? Parce qu’il l’avait déjà prononcée ! “ Le 15 mars dernier, ne déclarait-il pas, dans les colonnes de “ Libération ” que “ les familles roms qui souhaitent s’intégrer sont peu nombreuses. En matière de scolarisation, cela se fait un peu. En matière de logement, c’est déjà plus compliqué et sur le travail, c’est aussi très difficile. Je demande donc aux préfets qu’on aide d’abord les personnes les plus désireuses de s’intégrer et employables. Mais, je le répète, elles sont très peu nombreuses ” ? A l’époque, souligne malignement “ L’Obs ”, ce diagnostic implacable était passé inaperçu ”. Etrange, non ?

“ Roms : ces vérités qui dérangent ”

Tout à son désir de faire avancer le débat, “ L’Obs ” ose le tout pour le tout et s’attaque — tadam ! — aux “ vérités qui dérangent ”… Comme on est un peu obligé de faire court, on va essayer d’aller au plus frappant, mais on vous engage fortement à lire le papier (de deux petites pages seulement) dans son intégralité. Parmi ses “ 6 questions sur les Roms ”, l’hebdo ne biaise pas avec les chiffres de la délinquance. “ Y a-t-il un lien avec la délinquance ? Pas la peine de masquer la réalité : oui, dit-on au ministère de l’Intérieur, chiffres à l’appui… même s’ils concernent les Roumains, et non les Roms, précise le journal : en 2008, 1323 Roumains étaient mis en cause dans des faits de délinquance à Paris ; 4612 en 2010 ; 8245 en 2011 ; 7576 en 2012. (…) Autre donnée : 44 % des mineurs mis en cause dans des faits de délinquance dans la région parisienne l’an passé étaient des Roumains, et même 54 % dans la capitale ! ” Pas fameux, tout ça…

A quoi ont droit les Roms aujourd’hui

“ Quels sont leurs droits aujourd’hui ? ” demande encore l’hebdo. “ S’ils sont autorisés à venir en France pour y vivre au maximum pendant trois mois — sans avoir à justifier d’une activité —, au-delà de cette durée leur droit de séjour est soumis à certaines conditions restrictives. Ils doivent justifier d’un travail alors que seuls 291 métiers, dans des secteurs en difficulté de recrutement, leur sont ouverts. (…) Faute de travail, ils sont expulsables. Jusqu’en 2012, la France proposait aux Roms une aide au retour dans leur pays d’origine (…). La jugeant inefficace et contre-productive, Manuel Valls l’a quasiment supprimée. L’été dernier, le gouvernement a précisé les règles applicables aux campements illicites dans une circulaire signée le 26 août par sept ministres. (…) Cette circulaire n’a pas été un frein aux expulsions de campements, au contraire même, selon Amnesty International, qui note (…) un chiffre en forte augmentation ”.

Ce qui va changer pour les Roms le 1er janvier

“ Qu’est-ce qui va changer le 1er janvier 2014 ? interroge le mag. (…) Ils auront accès à la totalité du marché du travail. Un droit qui n’a rien à voir avec l’éventuelle entrée de ces pays dans l’espace Schengen, contrairement à la menace qu’agitent l’UMP ou le FN. Aujourd’hui, la France comme l’Allemagne sont opposées à cet élargissement de Schengen, arguant que la Roumanie et la Bulgarie ne peuvent assurer la maîtrise des frontières extérieures de l’UE ”. Comme ça, c’est dit. 

Un souverainiste et un communiste “ dégoûtés ” par l’ampleur — et la nature… — de la fraude fiscale en France

“ Fraude fiscale : les vrais tricheurs ”, titre “ L’Express ”. Comme souvent, pour ne pas dire systématiquement, ce dossier de une s’appuie sur la sortie d’un livre, en l’occurrence celui de Nicolas Dupont-Aignan (“ Les voleurs de la République. Enquête sur les parasites fiscaux ”, Fayard) dont le journal publie les bonnes feuilles. “ Le député souverainiste (non inscrit), rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur le sujet, précise le journal, dit son “ dégoût ” devant l’ampleur de la fraude ”. Mais il n’est pas le seul. D’après Dupont-Aignan, lui-même, “ Alain Bocquet, député depuis trente-cinq ans, maire de Saint-Amand-les-Eaux depuis près de vingt ans, ancien président du groupe communiste à l’Assemblée nationale ” partage son (res)sentiment : “ nous ressentons le même malaise, écrit-il, au spectacle de l’écroulement final de toutes les valeurs, de toute la morale, qui, pour nous, régissaient encore notre société ”. Ben vrai, ça a l’air sérieux, cette affaire… Quand vous aurez lu ce qui suit, vous ne vous poserez plus la question : ça n’est pas seulement “ sérieux ”, c’est aussi parfaitement débectant. Parce qu’il n’y a pas que “ l’ampleur ”, il y a aussi “ la nature ” de la fraude — l’identité des fraudeurs.

600 milliards d’euros d’avoirs cachés, soit le tiers de notre dette publique

Zêtes prêts ? “ La réalité est crue, violente, écrit Nicolas Dupont-Aignan. Le mardi, en commission, nous manions des chiffres délirants, de l’ordre de dizaines de milliards, qui révèlent l’ampleur des détournements effectués au détriment de la République française. Le mercredi en séance, le gouvernement culpabilise les Français et détricote les droits sociaux, retraites, remboursements de soins, allocations chômage, pour grappiller quelques dizaines de millions ici ou là. (…) Les sommes en jeu sont abyssales ! Les avoirs détenus, cachés à l’étranger par les contribuables tricolores sont estimés à 600 milliards d’euros, soit le tiers de notre dette publique. Le manque à gagner s’élève chaque année à 60 milliards d’euros — un minimum —, soit l’équivalent du premier budget de la France, celui de l’Education nationale. (…) C’est là le cœur du scandale. Il s’agit en définitive des deux faces d’un même phénomène : la charge des prélèvements obligatoires sur les classes moyennes est d’autant plus importante qu’elle ne pèse que sur elles. Et les élites politico-économiques, spécialistes de ce qu’on appelle poliment “ l’optimisation fiscale ” créent d’autant plus d’impôts nouveaux qu’ils sont les premiers à s’en exonérer ! ” Bon, ça sent un peu le discours démago-populiste, tout ça, mais y’a ptêt un truc à en tirer, quand même…

Les nouveaux criminels

“ Nous avons exploré, poursuit Dupont-Aignan, un monde où se croisent tour à tour de riches particuliers capables d’inventer les circuits parallèles les plus sinueux, des sociétés familiales les plus opaques, dans le seul but de profiter du système, de ses failles, en laissant de côté les devoirs. Imperceptiblement, nous sommes entrés au cœur de notre économie mondialisée, avec les multinationales damant le pion aux Etats incapables de réagir à leur stratégie avide d’optimisation fiscale. Ces mêmes entreprises ne reculent pas devant le racket des deniers publics, et ce en totale impunité fiscale. Puis nous avons levé le voile sur ce monde du crime qui se rachète une virginité en mettant une cravate, ce monde des mafias troquant le rôle du voleur contre celui du banquier d’affaires. (…) La disproportion des moyens d’action entre les Etats démocratiques de droit et les trafiquants multimilliardaires est impressionnante. Tant que l’on n’aura pas compris cela, on n’aura rien compris, ni aux parasites fiscaux, ni à la fraude fiscale, ni à la nouvelle criminalité ”. Celle des costards-cravate, des élites, donc.

Finance : quand des repentis balancent

Dénoncer les élites, on le sait, est le jeu favori de la Bleu Marine… Reste que tous ces chiffres, toutes ces données, rassemblés dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire, sont passablement accablants. Hasard ? Drôle de coïncidence, en tout cas : au même moment, nous informe “ Le Nouvel Obs ”, “ une poignée d’anciens banquiers devenus lanceurs d’alerte osent enfin dire la vérité ”. Des anciens membres de “ l’élite ”, c’est ça ? Tiens, c’est intéressant, ça… Parmi eux, indique le journal, Jean-Michel Naulot “ a démissionné de ses fonctions de président de la commission des marchés de l’Autorité des Marchés financiers (AMF) pour reprendre sa liberté de parole et publier un livre intitulé “ Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien ” (Le Seuil) ”. Mais que feraient les journaux sans les livres ? Passons. “ Qu’incriminent (ces repentis de la finance) ? ” demande l’hebdo. Oui, qu’incriminent-ils, hmm ?

Finance : rien n’a changé depuis 2008, c’est même pire

“ “ La finance mondiale demeure une énorme centrale nucléaire, bâtie en dehors de toute norme de sécurité ”, résume Jean-Michel Naulot, interviewé dans “ L’Obs ”.A entendre (ces anciens banquiers), poursuit le mag, la finance spéculative n’aurait en rien régressé après la crise de 2008. Explication : pour soutenir la croissance — ou plutôt ce qu’il en reste —, les banques centrales alimentent l’économie en liquidités, qui filent plus vite dans les “ souterrains de la spéculation ” que dans les crédits aux PME. Et la finance ne fait qu’enfler ”. Ben vrai…

“ On a fait semblant de réguler ”

“ La loi de séparation des activités bancaires, promise par François Hollande dans son grand meeting du Bourget, aurait pu contribuer à freiner la croissance de ces hedge funds, note le journal. “ En janvier, à la demande de l’AMF, j’ai déjeuné avec Richard Yung, le rapporteur de la loi au Sénat, explique Naulot. Je lui ai dit ce que je pensais du texte : une coquille vide qui ne changera rien. Il m’a répondu : “ Proposez-moi des amendements ”. Le soir-même, le gendarme de la Bourse a suggéré que tous les crédits accordés aux fonds spéculatifs soient placés dans la filiale “ à risque ” des banques, celle qui ne peut pas puiser dans les économies des déposants pour se financer ou réclamer de l’argent aux contribuables en cas de pépin. “ Finalement, on n’y a mis que les prêts sans garantie, or les banques n’en font pas… Pour moi, c’est la preuve qu’on a fait semblant de réguler ”, s’agace Naulot. Du coup, les hedge funds prospèrent comme jamais : ils gèrent 2000 milliards de dollars officiellement, soit plus qu’avant la crise. Et encore, ce montant ne prend pas en compte ceux qui sont situés dans les paradis fiscaux… ” Les paradis fiscaux, encore ! Décidément, on n’en sort pas.

“ Le lobby bancaire français est le plus puissant des pays développés parce qu’en France les élites sont plus consanguines qu’ailleurs ”

On n’en sort pas, non. Vous allez rire, mais le papier de “ L’Obs ” pointe du doigt les mêmes coupables que ceux dénoncés par Dupont-Aignan. “ La prolifération des produits dérivés, ces contrats ou options qui permettent de se couvrir et de spéculer sur une action, une obligation, un taux de change ou d’intérêt inquiète encore plus les repentis de la finance, indique le journal. (…) Chez BNP Paribas, ces contrats pèsent déjà 47 000 milliards d’euros, soit 23 à 24 fois la richesse nationale. (…) A la Société générale, c’est 10 fois le PIB français, 8 fois au Crédit agricole, 3 fois chez Natixis. Le Crédit mutuel-CIC est plus raisonnable (0,3 fois le PIB). (…) A Bercy, les responsables de la politique économique sont parfaitement au courant du phénomène. Mais préfèrent regarder ailleurs. Pourquoi ? “ Le lobby bancaire français est le plus puissant des pays développés. Pas par l’argent qu’il dépense, contrairement aux Etats-Unis, mais parce qu’en France les élites sont plus consanguines qu’ailleurs. On y trouve des alignements d’intérêt qui n’existent pas dans d’autres pays. Les fonctionnaires du Trésor savent que leur prochain job sera vraisemblablement dans une banque ”, accuse Jérôme Cazes, ancien banquier (…) ”. La boucle est bouclée, on dirait… 

DSK banquier

“ Les fonctionnaires du Trésor savent que leur prochain job sera vraisemblablement dans une banque ”, disait à l’instant Jérôme Cazes. La coïncidence est assez ironique : l’ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn a lui aussi décidé de devenir banquier. “ La nouvelle en a surpris plus d’un, mercredi 25 septembre, rapporte “ Le Nouvel Obs ” : en s’associant à l’entrepreneur en finances (Thierry Leyne), dirigeant de la holding Anatevka, basée à Luxembourg, DSK signe son retrait de la vie publique et confirme son intention de faire des affaires ”. Tu parles d’une surprise…

La banque LSK à l’assaut “ de nouveaux terrains de jeu ”

“ Officiellement, indique le journal, le recrutement de l’ancien directeur exécutif du FMI permettra à la nouvelle entité — comptant une centaine de professionnels et rebaptisée pour l’occasion Leyne, Strauss-Kahn & Partners (LSK) — d’ajouter “ un pôle banque d’affaires ” à sa panoplie existante de services (…). De fait, DSK apporte dans la corbeille les nombreux mandats de conseil qu’il avait engrangés : un consortium de banques marocaines, un fonds souverain et une compagnie d’assurances russes, le gouvernement serbe… Leyne, lui, fournira les équipes : “ On a déjà une dizaine de professionnels sur ces métiers entre Luxembourg et Genève ; on devrait rapidement passer à vingt. Le monde est ouvert et l’on peut découvrir ensemble de nouveaux terrains de jeu… ” ” “ De nouveaux terrains de jeu ”, voyez-vous ça…

“ Marine Le Pen se prépare à rencontrer les grands patrons ”

La Bleu Marine serait-elle, elle aussi, tentée par la conquête “ de nouveaux terrains de jeu ” ? “ Marine Le Pen se prépare à rencontrer les grands patrons ” annoncent Pierre-Henri de Menthon et Airy Routier dans “ Challenges ”. Les grands patrons… vous voulez dire l’élite, qu'elle décrie à longueur de discours ? Hou, mais c’est hénaurme, ça ! Voyons voir ce que nous disent les chroniqueurs. “ Près de l’Etoile, racontent-ils, on croise un proche, ancien du cabinet d’Alain Juppé, en grande conversation avec Marine Le Pen à la terrasse d’un restaurant. Alors que tous les deux rejoignent notre table, il nous explique qu’il va aider la présidente du Front national à “ crédibiliser son programme économique ”. (…) “ Avant, j’avais un pied pour dix chaussures, maintenant c’est dix pieds pour une seule chaussure ”, plaisante-t-elle. Plusieurs grands patrons auraient demandé à la rencontrer discrètement, voire à organiser une rencontre fortuite. Mais Marine Le Pen juge qu’il est trop tôt. Elle attend d’avoir “ approfondi son programme ” pour se risquer à de telles confrontations. La polémique interne au PS sur le sort des Roms la met, bien sûr, en joie : elle est convaincue que le temps — et ses adversaires — travaillent pour elle : “ Les plaques tectoniques se déplacent sourdement dans l’opinion française jusqu’au jour où tout basculera ”. A l’écouter, un verre à la main, son garde du corps derrière elle, son heure est bientôt venue ”. D’où ce rapprochement nécessaire avec les grands patrons — l’élite, quoi ? Bonne semaine, les lapins… en espérant que tout cela ne vous porte pas trop sur l’estomac.

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !