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Brexit : quel impact pour votre portefeuille ?
©Reuters

Atlantico Bourse

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Le Brexit, la « sortie de l’Europe »  de la Grande-Bretagne,  tous les investisseurs en parlent mais finalement très peu y croient. La probabilité est faible dans les scénarios de risque élaborés par les stratégistes... Le parallèle avec le référendum écossais est mis en avant pour conclure qu'au dernier moment un sursaut permettra d'éviter une rupture. La situation n'est pourtant manifestement pas la même et il est envisageable que le vote pour sortir de l’Europe s'impose le 23 juin.

Si on raisonne en termes de « risque », il vaut mieux se placer dans une hypothèse de Brexit. En effet la problématique est totalement dissymétrique. Dans le cas d'un vote "pour" rester dans l'Europe, il n'y aurait pas de mesure particulière à prendre pour les portefeuilles  si ce n'est éventuellement quelques mesures tactiques dans la période couvrant la période du vote.

Par contre, un Brexit aurait des conséquences fortes et durables... pour l'économie britannique, c'est certain, mais aussi pour l'économie et les actifs de la zone euro, même si bien sûr il n’est pas question ici d’une sortie d’un membre de la zone Euro.

Ce qui rend les choses particulièrement difficiles à envisager est qu'il n'y a pas de précédent. Les arrières pensées politique de tous ceux qui voient la fin du monde pour l'économie britannique en cas de Brexit ou au contraire un événement sans conséquence  sous prétexte que la Suisse ou la Norvège s'en sortent finalement bien hors de l’Europe nous paraissent évidemment biaisés. Il est aussi très étonnant de  constater que les conséquences du Brexit ne sont envisagées que pour les anglais...rien ou presque ne concernerait la zone Euro...difficile à croire !

Tout d'abord il faut avoir en tête que tout ne sera pas joué le 24 au matin, des négociations vont avoir lieu pour caler les modalités du divorce dans l’hypothèse d’un Brexit.

De la manière dont seront détricotés les multiples accords commerciaux avec les partenaires en zone Euro et hors zone Euro vont dépendre le délai de retour au rythme de croissance long-terme de l'économie anglaise. Il est probable que les négociations seront plus âpres avec la zone Euro qu'avec les  Etats-Unis  ou le Japon. Il est donc quasi certain que l'économie britannique soit affectée pendant la période de négociation avec ses partenaires européens...ces derniers seront probablement touchés aussi même si c'est sans une moindre mesure. Un impact négatif de 0,5% à 0.8% environ sur l'économie britannique est envisageable et 0,2% / 0.3% sur la zone Euro...rien d’insurmontable mais pénalisant compte tenu de la faible croissance actuelle.

Par contre il est hautement probable que la Livre serve pendant toute cette période de variable d'ajustement aux anglais pour doper leur commerce international et tenter ainsi de contrebalancer les effets négatifs du passage à vide post-référendum du 23 juin si le Brexit est acté. Dégager de toute contrainte liée à un minimum de solidarité européenne  la Livre pourrait baisser assez fortement...la baisse subie par la Livre depuis l'annonce du référendum ne serait qu'un avant-goût ce qui pourrait  se passer après le référendum.

Toute chose égale par ailleurs une guerre des changes européenne aurait des effets dommageables pour les actifs européens et induirait une volatilité toujours perturbante pour l'activité économique : assez classiquement les agents économiques retardent leurs investissements dans les périodes agitées.

La volatilité sur les changes s'accompagnerait d'une volatilité accrue sur les actions...la prudence voudrait donc d’alléger un peu les positions actions en ce moment...le timing n'est pas mauvais après un rebond de 12-15% depuis mi-février.

La séquence pourrait donc être de procéder à des ventes d'actions européennes vers 4400-4500 sur le CAC d'ici le référendum, ne pas acheter d'actif libellé en Livre d'ici là et privilégier les placements d'attente pendant quelques semaines. Si, dans la phase couvrant le référendum, la Livre venait à baisser de 10% par rapport à l'euro, il serait possible d'acheter des valeurs anglaises très exposées à l'international comme Rolls Royce, BAE, Burberry ou Aviva.

A plus long terme il faudra repondérer les actifs britanniques...en effet historiquement les anglais ont toujours sur faire preuve de pragmatisme pour s'adapter aux situations les plus complexes... Certains disant même qu' ils pourraient à terme profiter de la situation pour se positionner comme une sorte de sas d'entrée de l’Europe sur le plan financier et commercial et ainsi tirer tous les avantages possibles de la nouvelle donne résultant d'un Brexit !

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