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Du débat sur l'austérité à la réforme du régime de l'auto-entrepreneur, l'image d'une France qui déteste le progrès
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Le Nettoyeur

Un gouvernement socialiste n'a absolument rien à gagner à taper sur les auto-entrepreneurs. Seulement voilà : nous sommes en France. Et l'esprit français, c'est de réglementer tout ce qui bouge. Toute nouveauté, toute différence, est présumée coupable.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Il est facile d'avoir une vision purement sociologique de la politique : la politique n'est que l'affrontement de groupes d'intérêts pour se partager le gâteau social, et les idées ne sont que des cache-sexe de l'ambition égoïste de groupes sociaux. C'est vrai que la France se prête bien à ce schéma, avec son affrontement de groupes de rentiers, chacun correspondant à un “camp” politique : les rentiers de la fonction publique pour la gauche, et les rentiers de l'économie administrée (propriétaires fonciers, notaires, pharmaciens, petits commerçants et al.) pour la droite, les victimes de ces rentiers n'ayant plus qu'à se tourner vers les partis populistes ou l'abstention. La gauche parle de justice sociale mais n'a en réalité rien à faire des classes ouvrières et autres victimes de la mondialisation ; son seul intérêt est de taxer les rentiers d'en face pour aider ses rentiers. La droite parle d'ordre mais le seul ordre qui l'intéresse c'est celui qui ne remet pas en cause les acquis de ses rentiers ; pour récompenser ses rentiers, par exemple en baissant les droits de succession, on peut punir les rentiers d'en face, en baissant le recrutement des fonctionnaires.

C'est une histoire qui est très convaincante et est en grande partie vraie, mais elle reste un peu trop cynique. En réalité, les idées ont des conséquences. Les gens n'aiment pas se rendre compte qu'ils ne sont que les purs avatars de bas intérêts de classe. Les gens sont même parfois sincères, avec des vraies croyances.

C'est le plus évident avec la politique d'austérité du gouvernement, qui va à l'encontre de son intérêt (il n'y a qu'à regarder dans les sondages pour s'en rendre compte) mais est la politique par défaut par absence totale d'imagination ou de capacité de sortir de son logiciel idéologique.

On le voit aussi avec la volonté effrénée du gouvernement de matraquer les auto-entrepreneurs, alors que ce régime est un vrai succès, qui permet aux gens de créer leur emploi. Du point de vue de l'intérêt, ça n'a pas grande logique : les auto-entrepreneurs font principalement concurrence aux petits artisans et commerçants ; or ceux-ci sont la catégorie qui vote à droite avec le plus de constance et d'enthousiasme de toutes. Un gouvernement socialiste n'a absolument rien à gagner à taper sur les auto-entrepreneurs. Seulement voilà : nous sommes en France. Et l'esprit français, c'est de réglementer tout ce qui bouge. Toute nouveauté, toute différence, est présumée coupable. Si un truc marche, c'est forcément qu'il faut l'interdire.

Ce qui nous amène à l'autre actu de la journée, une idée qu'on croirait sortie du Gorafi : le gouvernement veut interdire la cigarette électronique dans les lieux publics. La cigarette électronique, un moyen de réduire la consommation de tabac (et donc de sauver des vies, hein), dont l'avantage principal est...que contrairement à la cigarette traditionnelle on peut l'utiliser partout.

Il n'y a évidemment aucun problème de santé avec la cigarette électronique qui n'émet que des quantités minuscules de nicotine. Et qui, encore une fois, sauve des vies.

Une telle mesure, le fait qu'elle soit envisagée et sur le point d'être passée, ne s'explique tout simplement que par une seule chose : la haine de tout progrès, de toute initiative. La peur farouche, chevillée au corps, de toute nouveauté, de toute différence.

Non, ce n'est pas l'intérêt qui nous fait agir comme ça. C'est la passion suicidaire.

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