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Une enquête interne évoque des violences sexuelles systémiques dans la communauté religieuse de Saint-Jean
Une enquête interne évoque des violences sexuelles systémiques dans la communauté religieuse de Saint-Jean
©Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Nouvelles révélations

Un rapport interne à la communauté religieuse des Frères de Saint-Jean souligne le rôle central exercé par son fondateur, le père Marie-Dominique Philippe, dans la "dimension systémique" des agressions sexuelles au sein du groupe.

Un rapport qui laisse peu de place au doute. Alors que la direction actuelle de la congrégation religieuse de Saint-Jean a toujours réfuté sa responsabilité dans les violences sexuelles révélées par plusieurs enquêtes au sein du mouvement, elle vient de publier les conclusions de trois ans de travail compilées dans un rapport sur les violences sexuelles au sein de la communauté. Celle-ci fut fondée en 1975 par le père Marie-Dominique Philippe, figure tutélaire restée longtemps centrale avant que de nombreux sévices ne soient découverts par la congrégation en 2019. Les très nombreuses agressions de ce guide spirituel mort à 93 ans et sur ses moyens d'emprise répétées pendant des années ont acouchées de près de 800 pages de témoignages et d'archives.

Fondateur respecté de la congrégation de Saint-Jean, le père Marie-Dominique Philippe s'avère avoir été en réalité un théologien à la spiritualité dévoyée, faisant l'apologie d'une sexualité vécue à travers lui comme avec le Christ lui même. Agresseur en puissance sévissant dans le confessionnal, les foyers de charité, dans des appartements, le guide spirituel imposaient depuis des caresses sur la joue jusqu'à des agressions sexuelles plus violentes, ciblant majoritairement des femmes, surtout des religieuses, mais aussi des hommes. Le rapport identifie ainsi 24 femmes victimes, et trois hommes mais ses auteurs avertissent sur la probabilité d'un chiffre plus important en réalité.

Conçu comme un lieu d'apprentissage, l'institut religieux aurait dérivé au fil des années au point de finir gangrené par la perversité, Marie-Dominique Philippe n'agissant pas seul : le rapport révèle toute une communauté religieuse parasitée, rongée de l'intérieur par d'autres agresseurs.

En plus de cette figure du catholicisme, les auteurs évoquent 72 frères ayant commis des violences sexuelles sur 167 victimes, ainsi que, plus surprenant, six femmes "prédatrices". La présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), Véronique Margron, s'écoeure qu'une communauté adulée par toute l’Église de France et par deux Papes ait pu sévir pendant des décennies sans contestation, dans le silence : "La lecture de ce rapport m'a donné la nausée. Comment a-t-on pu laisser une communauté dériver à ce point ? Qu'est-ce qui rend possible un tel aveuglement ?"

Les Frères de Saint-Jean, en dévoilant ces emprises et ces violences "systémiques", écrivent dans le rapport vouloir "rendre justice aux victimes et mettre fin à une dérive étalée sur tant d'années".

France Info

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