Mort d’Yvan Colonna : retour sur le passé violent de Franck Elong Abé, le meurtrier présumé<!-- --> | Atlantico.fr
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Des personnes manifestent en Corse en soutien à Yvan Colonna.
Des personnes manifestent en Corse en soutien à Yvan Colonna.
©Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Système carcéral

Franck Elong Abé, l'homme ayant agressé Yvan Colonna au coeur de la prison d'Arles, avait été plusieurs fois sanctionné après des agressions ou des comportements violents en détention, contrairement aux éléments communiqués par l'ancienne directrice de la maison centrale d’Arles devant les députés. Franck Elong Abé a été mis en examen pour l’assassinat d’Yvan Colonna le 2 mars.

Franck Elong Abé a été mis en examen pour l’assassinat d’Yvan Colonna. Selon des informations du Monde, plusieurs documents internes de la maison centrale d’Arles permettent de découvrir que le parcours d’exécution de peine de ce détenu a été marqué de plusieurs incidents, de violences et de menaces, loin des affirmations de Corinne Puglierini, ancienne directrice de la centrale d’Arles. 

Auditionnée par la commission des lois de l’Assemblée nationale, le mercredi 30 mars, avec son successeur Marc Ollier, Corinne Puglierini avait décrit un profil "sans aspérité notable". Elle avait cité notamment des entorses au règlement et repris à son compte les remarques formulées par les intervenants spécialisés de l’établissement quant à un repli sur soi religieux.

L’ex-directrice a quitté ses fonctions à Arles le 17 février, moins de trois semaines avant l’assassinat d’Yvan Colonna. 

Les différents incidents ont pourtant été consigné dans des comptes rendus, des rapports de commissions de discipline et des observations du personnel.

En juillet 2020, il a donné un coup de tête à un codétenu pour une "mauvaise compréhension de l’utilisation d’un tuyau d’arrosage" lors d’une session de formation à l’entretien des espaces verts. 

En décembre 2020, il bloque la cour de promenade et détruit des néons, des projecteurs et une cabine téléphonique.

Quelques jours après son arrivée à Arles, le 30 octobre 2019, le service de probation et d’insertion pénitentiaire avait rappelé le parcours carcéral de Franck Elong Abé "jonché de passages à l’acte disciplinaires de toute nature".

29 faits ont ainsi été répertoriés depuis sa prise d’otages au coeur de l’unité hospitalière aménagée à Seclin en 2015. Il avait séquestré une infirmière qui avait été menacée d’un poinçon artisanal. 

Selon l'administration pénitentiaire, il "n’a effectué aucun versement au profit des parties civiles, alors même que cela lui a été expressément demandé". 

Durant l'année 2021, Franck Elong Abé a aussi refusé tout suivi psychologique, selon des informations du Monde.

Les signes du prosélytisme de Franck Elong Abé ont été constatés au sein de la centrale d’Arles. En mars 2020, alors qu’il se trouve toujours au quartier d’isolement, une altercation l’oppose à deux autres détenus musulmans pour des questions de pratique religieuse. Il refuse aussi d’adresser la parole aux surveillantes.

En avril 2021, il a proféré des menaces à l’encontre d’un surveillant et en août 2021, il s’en est physiquement pris à un membre du personnel de la prison pour une question d’accès aux douches.

En janvier dernier, il aurait asséné un coup de poing à un détenu dont il se plaint de la mauvaise qualité du ménage.

"Depuis son arrivée à la maison centrale et sa sortie du QI [quartier d’isolement], il n’a pas fait preuve de violences physiques à l’encontre de quiconque", selon les précisions de Marc Ollier, le nouveau directeur de la centrale d’Arles, au directeur interrégional de l’administration pénitentiaire, le 3 mars, soit le lendemain de l’agression d’Yvan Colonna. 

Marc Ollier avait été nommé quarante-huit heures plus tôt.

Interrogée après les faits par les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste, chargés des investigations, la directrice adjointe de la maison centrale a pourtant soutenu le même argumentaire : "Depuis un an, a-t-elle expliqué, il y a eu quelques incidents mais rien qui interpelle sur un éventuel passage à l’acte violent" ou un "comportement déviant".

La consultation  des observations formulées par les surveillants sur l’attitude de Franck Elong Abé permettait pourtant de se convaincre du contraire. Certains femmes au sein du personnel ont évoqué son caractère, "constamment dans la provocation, impulsif et violent", "qui n’en fait qu’à sa tête", "fourbe". "A surveiller, trop sage", selon l’une d’entre elles en octobre 2021.

Si Yvan Colonna et Franck Elong Abé ne se fréquentent pas assidûment, les surveillants ont précisé qu’ils avaient déjà échangé. Les 22 mai et 6 juin 2021, notamment, pendant environ une heure. Quelques mois plus tôt, en février, Colonna et Elong Abé, avaient également pratiqué du sport en compagnie d’autres détenus. 

Selon un rapport, Franck Elong Abé "attendait souvent le même horaire de promenade ou de pratique sportive que Colonna".

Reste donc à savoir s'il a sciemment essayé de se rapprocher du militant corse incarcéré pour déjouer sa méfiance et l’agresser plus facilement.

Cette hypothèse a été évoquée lors de l’audition de Marc Ollier et Corinne Puglierini par François Pupponi, député MoDem du Val-d’Oise. Cette éventualité est envisagée par Marc Ollier, qui a évoqué un possible "coup de pub" mûri par Franck Elong Abé, qui aurait voulu "se payer quelqu’un de connu".

Le 2 mars, Franck Elong Abé s’introduit dans la salle de sport du bâtiment A, au rez-de-chaussée de la maison centrale d’Arles, vérifie qu’aucun surveillant ne risque de le surprendre puis se dirige droit sur Yvan Colonna, en train de faire des pompes.

Franck Elong Abé lui saute sur le dos à pieds joints et lui assène une série de coups pendant plus de dix minutes. 

Après avoir tenté de lui écraser la trachée avec son pied et l’étouffer à l’aide d’un sac en plastique, Franck Elong Abé finit par appeler un surveillant.

Lors de son audition, Corinne Puglierini assurait qu’aucun élément n’avait "permis de détecter une éventuelle dissimulation" de la part de Franck Elong Abé.

Le Monde

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