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Fraude à la rénovation énergétique : un salarié témoigne, anonyme
©Photo AFP

Fraude massive

Les fraudeurs aux aides à la rénovation énergétique se faufilent dans toutes les failles ouvertes par les dispositifs en vigueur. Témoignage d’un salarié d’une entreprise très active en la matière

En mai 2020, la France se déconfine. Le Gouvernement mise alors sur la rénovation énergétique pour relancer l’économie. David (le prénom a été modifié) livre quelques secrets sur le fonctionnement de ces rois de la fraude. 

« A mon arrivée, j’ai dû apprendre quasiment tout seul à monter des dossiers de CEE, se souvient-il. Je constate alors que l’équipe de P*** signait parfois les documents à la place des clients, ou les réécrivait intégralement », confie-t-il au Moniteur

Au printemps 2021, le Pôle national des certificats d'économies d'énergie (PNCEE) approfondit les contrôles sur ce délégataire et mandate un bureau de contrôle. Les dossiers de P*** sont massivement retoqués, un procès s’engage. P***, qui s’était déjà fait rémunérer par ce délégataire, trouve d’autres interlocuteurs pour valoriser une deuxième fois ces chantiers refusés par le PNCEE. Il suffit parfois de changer l’emballage pour vendre un produit défectueux, le même dossier présenté par quelqu’un d’autre n’attirant pas forcément l’attention.

A court de trésorerie, P*** fait une brève incursion dans l’univers des subventions aux travaux alors proposées par un important bailleur institutionnel. C’est comme ça qu’elle perçoit 30 % d’acomptes sur une petite cinquantaine de devis, sans jamais réaliser les travaux. 

Lorsque l’isolation à 1 € est arrêtée par le Gouvernement, conscient des fraudes massives, un changement de modèle s’impose. « L’entreprise s’est intéressée à la rénovation globale avec la fiche CEE Bar-TH 164, mais a finalement choisi de se repositionner sur les travaux financés par MaPrimeRénov’ », poursuit l’ancien collaborateur.

Chaudières, pompes à chaleur, poêles à granulés mais aussi ventilation double flux : l’entreprise change de spécialité, mais les compétences ne suivent pas. « Il m’est arrivé d’avoir des appels de la gendarmerie pour des départs d’incendie, du fait du non-respect des règles de l’art par les sous-traitants partenaires », rapporte David.

Mais les fraudes ne s’arrêtent pas là. « Il n’est pas rare qu’on déclare, sur le dossier MaPrimeRénov’, le nom d’une autre entreprise, si nous n’avons pas nous-mêmes la qualification requise, quand bien même cette entreprise n’est jamais intervenue sur le chantier », détaille David. Si cet emprunt de RGE peut se faire entre partenaires consentants, il arrive qu’il se fasse à l’insu du titulaire. Certains se sont retrouvés convoqués par les forces de l’ordre pour des chantiers dont ils n’avaient jamais entendu parler !

L’entreprise P*** ne va pas bien. Sur les réseaux sociaux comme sur les boucles WhatsApp, les menaces de clients, de fournisseurs, de partenaires installateurs et de régies commerciales fournissant des contacts qualifiés se multiplient suite aux malfaçons et aux impayés. Mais les gérants ne sont que des prête-noms, le véritable dirigeant étant apparu durant des années comme un simple salarié. Il avait imaginé des montages complexes dans lesquels il n’apparaissait pas, faisant l’objet d’une faillite personnelle et d’une interdiction de gérance.

Le Moniteur

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