Espionnage et ingérence étrangère : un rapport parlementaire pointe du doigt la « naïveté » de la France face à la Chine, la Russie et la Turquie<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Vladimir Poutine lors d'une visite officielle.
Emmanuel Macron et Vladimir Poutine lors d'une visite officielle.
©Etienne LAURENT / POOL / AFP

Sécurité intérieure

Les parlementaires proposent l’instauration d’un « dispositif législatif ad hoc de prévention des ingérences étrangères sur le modèle de la loi américaine ». La délégation parlementaire au renseignement s’inquiète des ingérences étrangères en France, notamment de la part de la Russie, de la Chine et de la Turquie.

L’ingérence étrangère en France est devenue une menace « protéiforme, omniprésente et durable », de l’espionnage à l’utilisation de l’espace cyber ou les opérations de manipulation de l’information, avec la Russie et la Chine comme acteurs principaux, selon le rapport annuel dévoilé par la délégation parlementaire au renseignement.

« Le niveau de menaces d’ingérences étrangères se situe à un stade élevé dans un contexte international tendu et décomplexé », selon les auteurs du rapport.

Si les services de renseignement peuvent recourir « à divers moyens d’entrave pour contrecarrer les ingérences étrangères », ces outils ne « suffisent pas à eux seuls dans la durée », selon ce rapport.

Afin de renforcer leur arsenal, les parlementaires proposent l’instauration d’un « dispositif législatif ad hoc de prévention des ingérences étrangères sur le modèle de la loi américaine », le recours à la procédure des gels des avoirs « à toute personne ou structure se livrant à des actions préjudiciables au maintien de la cohésion nationale ou destinée à favoriser les intérêts d’une puissance étrangère ».

Les auteurs du rapport suggèrent « une réponse européenne ». Ils considèrent que ces différentes mesures pourraient être regroupées « dans un projet de loi dédié à la lutte contre les ingérences étrangères ».

D’après les conclusions du rapport, cette menace a pris « une nouvelle ampleur ces dernières années, en raison d’abord d’un changement « radical du contexte géopolitique ». « Nous sommes passés brutalement d’un monde de compétition à un monde de confrontation avec d’un côté les régimes autoritaires et de l’autre les démocraties occidentales », écrivent les auteurs du rapport. 

« Ce clivage entre l’Occident et le reste du monde s’impose comme le marqueur dominant de la période actuelle ».

La révolution numérique avec le cyberespace, « devenu un champ privilégié de confrontation et de compétition entre États », et les politiques d’influence et d’espionnage constituent des « menaces hybrides ».

L’infiltration, la nomination aux conseils d’administration de grands groupes russes d’anciens dirigeants européens, comme l’ex-Premier ministre François Fillon ou l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, et la manipulation de l’information sont aussi pointés du doigt.

La Chine a pour mode opérationnel « le front uni », une « stratégie politique et un réseau d’institutions publiques et privées et d’individus clés, placés sous le contrôle du Parti communiste chinois ». La diaspora chinoise (près de 600.000 personnes en France) y joue un rôle important.

La Turquie a aussi des velléités d’ingérence, selon la délégation, avec l’objectif « de contrôler la diaspora turque en tant que relais des idées du pouvoir d’Ankara, c’est-à-dire hostiles aux Kurdes et aux Arméniens ». Les auteurs évoquent le financement des lieux de culte en France et le détachement d’imams au sein de mosquées françaises, jusqu’alors autorisé, qui a « permis à la Turquie de peser sur l’islam de France ».

Autre mode opératoire de la Turquie, selon la délégation, « l’entrisme en politique via la participation aux élections locales et nationales », une présence active sur les réseaux sociaux pour diffuser des messages hostiles à un texte de loi, comme celui relatif au séparatisme.

La délégation déplore la « naïveté » des élus, hauts fonctionnaires, entreprises et milieux académiques face à l’ingérence étrangère.

Lors de son audition en février, le Directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, avait mis en garde les députés et les sénateurs contre des tentatives d’approche d’agents de renseignement étrangers, notamment russes sous couverture diplomatique, pour des opérations d’espionnage ou d’ingérence.

France Info

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