Attaques par jackpotting : comment des pirates informatiques vident les distributeurs de billets

Des braquages nouvelle génération. Discrètes, sans violences et très rapides, les attaques par jackpotting – soit le piratage de distributeurs de billets des banques (DAB) – se sont développées en France ces dernières années. Trois personnes ont ainsi été arrêtées et mises en examen le 12 mai dernier pour des attaques sur des distributeurs de billets. Les individus, âgés de 26 à 31 ans, sont accusés d'avoir ciblé onze DAB dans le Sud-Ouest ces derniers mois, pour un préjudice financier évalué à 80.000 euros. Ils sont soupçonnés d'appartenir à «une organisation internationale», a indiqué le parquet de Paris au Figaro.

Car le jackpotting relève, en effet, du crime organisé. Cette infraction, commise dans de nombreux pays, est apparue en France en 2016, confie une source policière au Figaro. Une équipe est envoyée pour commettre les vols sur place quand le donneur d'ordre, lui, reste à l'étranger. Armés d'une disqueuse afin de découper la façade du distributeur, les voleurs accèdent ensuite aux branchements électriques de l'automate de manière à accrocher un câble raccordé à leur ordinateur. «Une fois qu'ils sont connectés au système, ils installent un logiciel malveillant qui permet au pirate, qui se trouve à l'étranger, de prendre le contrôle de la machine. Il peut alors faire sortir les billets contenus dans l'automate sans toucher aux comptes des clients de la banque», précise Nadia Antonin, économiste, membre de l'Académie des Sciences commerciales.

Ces attaques sont souvent conduites par vague. Les donneurs d'ordre envoient ainsi leurs équipes à l'étranger pour procéder à plusieurs larcins des mois durant. Eaunes et Labège en Haute-Garonne, Bort-les-Orgues en Corrèze, plusieurs communes d'Aquitaine ou de Poitou-Charentes … Les distributeurs ciblés par les pirates adeptes du jackpotting sont pour la plupart situés loin des grandes villes. «Ils choisissent bien souvent des petites communes en zones rurales, la nuit et le week-end quand la banque est fermée, pointe Éric Henry, délégué national du syndicat de police Alliance. Ce sont des zones très tranquilles, moins surveillées. Il n'y a pas de menace avec des armes, pas de violence, ce sont vraiment des infractions par ruse bien rodées.»