Xavier Bertrand : « Je porte une droite d’ordre et de justice »<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, pose lors d'une séance photo à Paris, le 1er juillet 2021.
Le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, pose lors d'une séance photo à Paris, le 1er juillet 2021.
©JOEL SAGET / AFP

Grand entretien

Entretien avec celui que les sondages identifient comme le mieux placé des potentiels candidats LR à la présidentielle et qui entend bien permettre aux Français de retrouver la France qu’ils aiment. 

Jean-Sébastien Ferjou

Jean-Sébastien Ferjou

Jean-Sébastien Ferjou est l'un des fondateurs d'Atlantico dont il est aussi le directeur de la publication. Il a notamment travaillé à LCI, pour TF1 et fait de la production télévisuelle.

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Xavier Bertrand

Xavier Bertrand

Xavier Bertrand est Président de la Région Hauts-de-France et Président de Nous France.

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Jean-Sébastien Ferjou : La campagne pour la désignation du candidat LR arrive à son terme, elle s’est beaucoup concentrée dans les médias sur la sécurité, l’immigration et l’identité et dans une moindre mesure sur le pouvoir d’achat. Dans vos rencontres avec les fédérations comme avec les Français, quelles autres préoccupations avez-vous entendues ? Et s’il fallait n’en retenir qu’une ou deux, lesquelles de ces attentes « silencieuses », reprendriez-vous comme priorités ?

Xavier Bertrand : Je reviendrai dans un instant sur ce que vous appelez les attentes silencieuses. Et elles sont nombreuses. Mais permettez-moi d’abord d’aborder votre premier point. Il y a une attente que partagent tous les Français, et elle n’est pas silencieuse, ils la crient même cette attente depuis des années, mais personne ne veut les entendre : c’est la sécurité. Pour les Français, la sécurité, le régalien, c’est la condition de tout, la priorité des priorités. Nicolas Sarkozy l’avait bien compris ! Sans sécurité, on ne peut pas laisser sortir ses enfants sans s’angoisser, sans règles communes on ne peut pas vivre ensemble, on ne peut pas faire confiance à l’autre. Restaurer l’ordre, c’est le socle préalable de mon projet. Dès le premier jour de mon mandat, j’y mettrai toutes mes forcesavec un programme prêt et détaillé : peines minimales, sanctions rapides prononcées par le procureur, majorité pénale à 15 ans, soutien sans faille envers tous ceux qui incarnent l’autorité, policiers, gendarmes, pompiers, professeurs. Mon projet est prêt et ma détermination sera totale.  

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Maintenant, revenons à ces attentes silencieuses : oui, il y a ces angoisses que ces femmes et ces hommes me confient, à la fin des réunions publiques. Il y en a une, qui revient sans cesse et dont je voudrais parler : le handicap. La prise en charge du handicap, c’est une question de justice, de solidarité. Un témoignage m’a bouleversé : celui d’une dame qui se demandait avec angoissece qui arriverait à son enfant après son décès. 

Alors que notre pays compte 12 millions de personnes touchées par le handicap, près d’un Français sur six, alors que des millions d’aidants se dévouent dans l’ombre, il est temps de renouer avec une solidarité réelle envers les plus fragiles. Chaque fois que notre famille politique a été en responsabilité, elle a été au rendez-vous, notamment bien sûr avec Jacques Chirac. 

Je ferai voter dès 2022 une nouvelle grande loi sur le handicap. Cette loi garantira par exemple que,lorsque les parents ne seront plus là, la solidarité répondra présente pour les personnes handicapées. Je souhaite que la pension de réversion du dernier des conjoints soit intégralement versée en plus de l’allocation adulte handicapé. Je mettrai par ailleurs en place un droit à la scolarité concret en simplifiant les procédures administratives qui sont actuellement insupportables pour de très nombreuses familles. Enfin, je ferai aussi des aidants notre grande cause collective, ils sont les véritables oubliés de cette politique.

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JSF : Vous avez toujours été extrêmement clair dans votre engagement contre le Rassemblement national au nom de la défense des valeurs républicaines. Si on regarde le sort indigne réservé aux résidents des Ehpad depuis les débuts de la pandémie, la violence qui a été déployée face aux Gilets jaunes -en matière de maintien de l’ordre comme de répression judiciaire- (au moins en relatif vis à vis d’autres catégories de population), les multiples restrictions de libertés publiques décorellées de l’efficacité sanitaire qu’on pouvait en attendre, etc… diriez-vous qu’Emmanuel Macron affaiblit lui aussi sérieusement la démocratie française ?

XB : Le Président Emmanuel Macron a indiscutablement abîmé notre démocratie. Le « en même temps » a dénaturé la parole publique. En disant à chacun ce qu’il voulait entendre, en allant toujours plus loin pour plaire aux Français, en faisant campagne avec le chéquier de la France, Emmanuel Macron a encore affaibli le mandat présidentiel. Le « en même temps », c’est le plus grand mensonge politique de ces trente dernières années ! 

On ne peut pas « en même temps » se dire pro-nucléaire et fermer Fessenheim et 14 réacteurs. On ne peut pas « en même temps » revendiquer l’autorité et trahir nos forces de l’ordre en disant qu’elles se livrent à des violences policières. On ne peut pas « en même temps » se prétendre réformateur et renoncer à toutes les grandes réformes :  la réforme des retraites, la réforme du grand âge. On ne peut pas « en même temps » prétendre contrôler l’immigration et renoncer à expulser les étrangers en situation irrégulière. A la fin, la facture du « en même temps », ce sont les Français qui la payent cash : pouvoir d’achat, sécurité, indépendance de la France. Combien de Français vous diront que leur vie s’est améliorée ces 5 dernières années ? Du début à la fin, le mandat d’Emmanuel Macron est un échec, car en brisant les fils de la confiance, ce Président a empêché toute réforme. 

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Enfin, j’ajouterai ce point : on ne peut pas non plus réformer contre les Français. Les « petites phrases » ont heurté nos compatriotes, car ils se sont sentis jugés, et même méprisés, par un Président qui, au fond, ne les comprenait pas. On ne comprend pas les Français quand on ne vit pas avec eux. Les Français, il faut les aimer, comme de Gaulle les aimait, comme Chirac les aimait, pour préparer ensemble le pays à un monde qui change. 

JSF : Une nouvelle enquête d’opinion soulignait ce matin que le pouvoir d’achat demeure la première préoccupation des Français. C’est une thématique qui est centrale dans votre candidature mais vous l’avez articulée d’une manière qui peut paraître assez peu libérale, comme l’ont souligné les autres candidats LR lors des débats télé. Comprenez-vous que vous puissiez inquiéter des adhérents LR et plus largement des sympathisants de droite qui se désespèrent de voir le degré d’étatisation de l’économie française ?

XB : Mon projet est clair : c’est par le travail que la France s’en sortira. Cette conviction, je l’ai chevillée au corps : oui, c’est par le travail que chez moi, dans ma famille, on s’est fait. Et cette valeur à laquelle je dois tant, je sais qu’elle est partagée par une large majorité de Français. 

Une société du travail, c’est un pays où l’on travaille plus longtemps pour assurer les retraites de tous : j’allongerai l’âge de départ à la retraite à 64 ans d’ici la fin de la décennie, puis 65 ans en fonction de l’évolution de l’espérance de vie. Je sais que ce n’est pas la mesure la plus populaire, mais je l’assume par esprit de responsabilité.

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Une société du travail, c’est un pays où l’on revient, sans drame, par la négociation, sur l’absurdité des 35h. Dès 2022, il sera possible de négocier des durées du travail plus longues dans l’entreprise, dans une logique gagnant-gagnant. Pour toutes les heures au-delà de la 35ème, les salariés toucheront des rémunérations sans impôt et sans charge, et les entreprises bénéficieront également d’un abattement de charges patronales.

Une société qui croît dans le travail, c’est aussi un pays où l’on parvient à vivre de son travail. Oui,j’assume : il faut revaloriser la paye de ceux qui travaillent, et que l’écart se creuse avec ceux qui vivent de l’assistance. Dès 2022, grâce à la prime au travail, un salarié à temps plein gagnera au minimum 1500 euros net par mois. Ce dispositif remplacera la prime d’activité, et sera sans coût supplémentaire pour les entreprises.  

JSF : Les débats ou les programmes des différents candidats LR se concentrent sur les réformes nécessaires (fiscalité, pression réglementaire etc…) en France afin « de libérer les énergies » et ces réformes nécessaires sont incontestablement nombreuses. Si on raisonne d’un point de vue macroéconomique, le destin de la France se joue pourtant aussi largement sur d’autres enjeux, à commencer par la poursuite par la BCE d’une politique monétaire accommodante. Un euro trop cher étrangle en outre toute perspective réaliste de retrouver un Made in France industriel. Êtes-vous d’accord avec ce diagnostic et quel rapport de force seriez-vous prêt à soutenir le cas échéant pour que l’économie française ne soit pas asphyxiée par une politique monétaire un peu trop calée sur les intérêts d’autres États européens ?

XB : Je ne raisonne pas ainsi. La Banque centrale européenne mène une politique monétaire adaptée à la situation de la zone euro dans son ensemble : en particulier, s’il y a une reprise de l’inflation, elle pourrait être conduite à relever les taux d’intérêt – je ne le souhaite pas mais il est impossible de l’exclure, c’est le principal outil à sa disposition. Dans cette hypothèse, la France, avec son niveau d’endettement catastrophique après dix années sous François Hollande puis Emmanuel Macron, se trouverait dans une situation extrêmement difficile. La premièreréponse c’est le redressement des finances publiques pour préserver notre souveraineté.

JSF : Guillaume Peltier -qui vous soutenait avant ce processus du congrès LR- a choisi finalement de soutenir Éric Ciotti. Vous avez préféré décliner le soutien de Renaud Muselier car il était trop violent vis à vis d’Eric Ciotti et de David Lisnard. Pour ceux qui s’y perdraient un peu, de quelle droite êtes-vous le champion ?

XB : Je défends d’abord l’unité de ma famille politique. 

Je suis d’une droite qui assume le retour de l’ordre, une droite qui n’a pas peur de dire que l’autorité est le préalable au redressement du pays, une droite populaire qui sait tout ce qu’elle doit aux classes moyennes et populaires. Les milieux de cordée tiennent le pays à bout de bras. C’est la France qui travaille dur, qui élève ses enfants dans le souci des valeurs, qui rend possible le modèle social français. Et si la République n’est pas capable de replacer la France du milieu au cœur de sa promesse républicaine, alors nous allons droit dans le mur. Ni Emmanuel Macron, qui a fait des premiers de cordée sa seule priorité, ni l’extrême droite, qui se nourrit des problèmes des Français, ne portent l’espoir de mieux vivre pour ses enfants. Fidèle à mes valeurs, à mon parcours de méritocratie, je porte ce projet d’une droite d’ordre et de justice.

JSF : Emmanuel Macron incarne en quelque sorte la mondialisation et l’Europe heureuses, Éric Zemmour, l’identité malheureuse et l’urgence du sursaut national face au déclin et l’immigration. Au-delà de vos propositions et de la capacité à comprendre les Français que vous avez souvent soulignée, quel est le grand récit d’un Xavier Bertrand président ?

XB : J’ai une conviction chevillée au corps : nous allons retrouver la France que nous aimons. 

Chaque fois, que nous avons cru la France en perdition, les Français se sont élevés contre la fatalité. L’espoir est là. Il passe par une révolution du bon sens, une révolution que les Français ressentent et désirent au plus profond d’eux : leretour de l’ordre et de la sécurité, la société du travail, la confiance dans les territoires. Avec laRépublique des territoires, je vais restaurer la confiance à partir de l’échelon local, je vaisredonner un visage humain aux pouvoirs publics, en permettant aux élus locaux (et non à Paris) de décider de l’avenir de nos écoles, de nos centres hospitaliers, de nos services publics.

C’est enfin une promesse de réconciliation que je porte : nous allons refermer le quinquennat du désordre et du délitement. J’y mettrai toute mon énergie et toute ma force. La France a tout pour se retrouver. Si les adhérents me font confiance lors du congrès des Républicains, la victoire de nos idées, la victoire de la droite, la victoire de la France sont à portée de main.

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