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Le vrai (et invraisemblable) coût
du sauvetage des banques américaines
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Top secret

Elles ont réalisé plus de 13 milliards de dollars de profit grâce à des "prêts d’urgence" accordés par la Réserve fédérale américaine, et jusque là tenus secrets.

C'est un énorme pavé lâché dans la mare. Dimanche 27 novembre, le site d'actualité Bloomberg a révélé que les banques américaines sauvées par la Réserve fédérale (Fed) ont réalisé plus de 13 milliards de dollars de profit grâce à la politique d’abaissement des taux directeurs pratiquée par la banque centrale américaine à partir d’août 2007. C'est ce que révèle un document de plus de 29 000 pages de données, jusqu'alors restées confidentielles, publié par la Fed.

On y apprend que le "plan de sauvetage", mis en place par la Fed, avait notamment pour objectif de distribuer une grande quantité de "prêts d’urgence" afin d'aider les banques à reconstituer leurs stocks de capitaux. Jusqu'à présent, la Fed n'a indiqué à personne quelles étaient les banques en difficulté qui ont eu besoin, en tout, de 1,2 trillion de dollars au 5 décembre 2008. De leur côté, les banquiers se sont bien gardés d'évoquer qu'ils avaient englouti des dizaines de milliards de dollars en prêts d'urgence, alors qu'ils tentaient de rassurer les investisseurs, en les assurant de la bonne santé de leurs entreprises.

A titre d'exemple, le 26 novembre 2008, le directeur exécutif de la Bank of America, Kenneth D.Lewis, a écrit un courrier à ses actionnaires, leur assurant qu'il dirigeait "l'une des banques les plus solides du monde." Il oubliait juste de préciser que sa banque venait de recevoir 86 milliards de dollars de la banque centrale.

Toute l'histoire aurait dû rester secrète. L'importance des prêts accordés aux banques a été mise à jour à l'issue d’un procès gagné par le groupe financier Bloomberg LP contre la Fed et l’association Clearing House (LLC). L'enjeu de ce procès était justement de forcer la Fed à faire éclater au grand jour les détails de ce plan.

En mars 2009, la banque centrale a confié 7,77 trillions de dollars aux banques pour sauver le système financier. C'est plus de la moitié de la valeur de ce les États-Unis ont produit cette année. Les six plus grosses banques américaines (JP Morgan, Bank of America, Citigroup, WFC, Goldman Sachs et Morgan Stanley) ont donc reçu pas moins de 460 milliards de dollars de la Réserve fédérale, en plus des 160 milliards prévus par le plan Paulson. 

Pour William B. English, directeur du département des affaires monétaires de la Fed, ces prêts n'ont pas bénéficié aux seules banques : ils ont surtout permis d'éviter un effet dominos qui aurait conduit à l'explosion économique du pays. "Soutenir la stabilité des marchés financiers pendant les périodes de tensions extrêmes est une fonction essentielle des banques centrales. Ces prêts ont permis d’empêcher un effondrement du système financier et de maintenir l’afflux du crédit pour les familles et les entreprises américaines", justifie-t-il.

Une raison qui peut être entendue. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas avoir rendu rapidement publiques ces opérations ? C'est ce que font valoir de nombreux hommes politiques américains. "La Fed doit pouvoir être indépendante quand elle mène une politique monétaire hautement technique, mais quand elle met en jeu les ressources des contribuables, nous avons besoin de transparence et de responsabilité", déclare Richard Shelby, sénateur de l’État d’Alabama.

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