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Le groupe israélien NSO est à l'origine du développement du logiciel espion "Pegasus".
Le groupe israélien NSO est à l'origine du développement du logiciel espion "Pegasus".
©JOEL SAGET / AFP

Inquiétant

Les Etats utilisent des logiciels espions, ce qui pose un réel problème en matière de libertés et droits fondamentaux.

Anthony Poncier

Anthony Poncier

Anthony Poncier est Docteur en Histoire, membre du collectif Réenchanter Internet et expert en transformation digitale et en stratégies collaboratives. En cette qualité, il accompagne les entreprises dans la conception de leurs stratégies médias sociaux, ainsi que dans la création de leurs réseaux internes.

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Rédaction Atlantico : On le sait depuis de nombreuses années maintenant, certains pays utilisent des logiciels espions, quelle est l’ampleur de ce phénomène actuellement et quels sont les pays concernés ?

Anthony Poncier : Tous les États utilisent des logiciels espions. Autrefois, on mettait les téléphones fixes sur écoute, et dorénavant, ce sont les portables qui le sont. Avec les nouvelles technologies, il a fallu commencer à hacker les téléphones mobiles donc les États ont commencé à mettre des processus en place. Ce qui fait qu'on en parle beaucoup maintenant, c'est parce que beaucoup d’États se trouvent hackés de manière assez importante. On a pu observer ce phénomène dernièrement avec la polémique en France où le président de la République s’est fait hacker son téléphone à l’aide d'un logiciel israélien qui s'appelle Pegasus. C’est là que tout le monde commence à se dire que cela pose un problème, alors que ça avait déjà été le cas pour des journalistes ou des associations et personne ne s’était posé la question.

À quoi sert concrètement cette surveillance de masse de la population pour des pays vus comme démocratiques ?

Il n’y a pas vraiment de surveillance de masse car pour espionner réellement un téléphone, il faut faire au cas par cas. Mais si vous demandez aux États, ils pourront vous dire que c'est dans un cadre d'antiterrorisme ou encore pour lutter contre le trafic de drogue. Dernièrement, Apple a annoncé dans un communiqué que dans leurs prochaines versions, l'intégralité des données allait être cryptée et le FBI s’est plaint du fait qu’ils n’allaient plus pouvoir surveiller les gens. En théorie, cette surveillance est mise en place pour notre propre bien. On peut discuter du droit à la vie privée et d’un certain nombre d’autres droits mais on en revient toujours au même point, à savoir trouver un point d'équilibre entre protection et vie privée.

Faut-il s’inquiéter de ces logiciels, notamment de leur utilisation par des régimes autoritaires ?

La France, qui se veut le pays des droits de l'homme, a déjà eu tout un tas d’affaires qui démontrait que nous fournissions des moyens de surveillance à des régimes moins démocratiques tels que l’Égypte. De toute manière, n'est autoritaire et problématique que le régime qui pose problème à un État. Mais c'est un problème à géométrie variable selon les relations, cela peut ou non être inquiétant.

Y a-t-il un moyen de se prémunir contre ces logiciels ?

Premièrement, la majorité de la population n’est pas concernée. Pegasus ne sert pas à surveiller toute la population. Seuls les journalistes, quelques ministres, et des personnes avec des secrets particuliers peuvent se sentir concernés. Deuxièmement, les logiciels deviennent ce qu'on appelle 0 clic.  Avant, pour pouvoir pirater un téléphone, il fallait a minima appuyer sur un lien, ou faire une action particulière. Désormais, recevoir un coup de téléphone, un SMS ou n'importe quoi peut infecter notre téléphone. C’est à cause des failles « zero-day », des failles qui sont présentes depuis le premier jour qui n’ont pas été retirées par le fabricant du système du téléphone.

C'est d'ailleurs ce qui inquiète les États. Les technologies sont telles qu’il est impossible de savoir si on a été infecté même en faisant attention. À moins d'utiliser un téléphone ultra-sécurisé comme celui de Thales à l’époque, appelé Teorem, on ne peut rien faire contre cela. Mais l’utilisation de ces téléphones est bien moins facile d’utilisation donc comme les gens préfèrent le confort, ils ne changeront pas cela.

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