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Voilà toutes les statistiques dont vous avez besoin pour vous convaincre qu'il faut vraiment se faire vacciner contre le Covid-19
©Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Stratégie vaccinale

La vaccination contre le Covid-19 progresse en France, mais voici quelques chiffres rassurants pour tenter de convaincre les derniers récalcitrants.

Eric Billy

Eric Billy

Eric Billy est chercheur en immuno-oncologie à Strasbourg. Il est membre du collectif Du côté de la science.

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Atlantico : Quels sont les pourcentages d’efficacité des principaux vaccins Pfizer/BioNTech, Moderna, Johnson & Johnson et AstraZeneca contre la Covid-19 ? Que représentent ces données sur la réduction du risque relatif et absolu ? Comment ces chiffres ont été obtenus ?

Eric Billy : Le pourcentage d'efficacité pour la réduction des risques de développer des formes symptomatiques, même légères, est de 95% pour Pfizer, 94% pour Moderna, 70% pour Johnson & Johnson. Pour AstraZeneca, les études débattent encore mais il sera certainement similaire à celui de Johnson & Johnson, environ 70%.  Mais 100% des vaccins préviennent les formes graves et les décès. C'est cela qui est important. L'efficacité concerne le fait d'éviter de faire une forme symptomatique, mais par contre, ils préviennent très bien les formes graves et les décès. 

Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de personnes vaccinées qui vont décéder du Covid-19. La réponse immunitaire à un vaccin est aussi fonction de beaucoup de paramètres qui sont liés à la personne. Les gens qui sont immunodéprimés, par exemple, vont être suivis lors d'une étude en France, afin de voir si, même après la troisième dose, des traitements les empêchent d'avoir une réponse immunitaire de qualité. L'efficacité du vaccin est évaluée sur une population globale, mais il y a quand même des paramètres individuels qui qui affectent l'efficacité individuelle de chaque vaccin pris individuellement. On ne définit pas les résultats sur les cas individuels, parce que chacun peut avoir des paramètres qui influencent négativement sa qualité de réponse. Mais sur la globalité d'une population très large, et même au-delà de la phase 3, c'est à dire en vie réelle, l'efficacité est très bonne. En Israël, par exemple, la campagne de vaccination s'est traduite par une chute de la circulation virale. Mais il ne faut pas oublier que tous les pays qui ont fortement vacciné sont aussi des pays qui ont fortement confiné en parallèle : nous y voyons donc les effets  d'une double action, une action de suppression associée à une action de prévention. C'est important à rappeler, car rouvrir tout comme avant en pensant qu'on va s'en sortir juste avec la vaccination est une mauvaise idée. Il faut continuer le contrôle, la suppression, et vacciner en parallèle. 

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La vaccination empêchera un rebond, une résurgence, alors que la suppression évite d'avoir une circulation virale trop importante. Certains pays l'ont toujours, parce qu'ils ont simplement vacciné avec des vaccins de moindre qualité que ceux dont on parle aujourd'hui. A ce sujet, l'OMS a validé il y a deux jours de vaccin chinois Sinopharm et personne ne comprend pourquoi car l'OMS n'a pas, dans ses statuts, de directives de validation de traitements. Cette décision est donc clairement politique et montre que la Chine y a une influence un peu trop forte. Elle essaye de soutenir le vaccin Sinopharm qui est mis à mal parce que c'est celui qui a été utilisé au Pérou ou aux Seychelles, et qui a priori ne doit avoir que 50% d'efficacité - ce qui en clair veut dire qu'il ne marche pas.

Quel est l’état des données sur la question du bénéfice-risque liée à la vaccination contre la Covid-19 ?

On a cité Israël, mais on peut aussi parler de la France, où on voit une chute drastique du nombre de décès dans les Ehpad et dans la population de plus de 70 ans. D'une part parce que des mesures de protection sanitaire ont été mises en place mais aussi parce qu'on a vacciné massivement dans ces établissements. Vous avez donc mathématiquement moins de gens qui risquent de développer des formes graves et d'en décéder. Il n'y a pas de phénomène de « moisson » parce que même si des personnes âgées dans les Ehpad se retrouvent positives, elles ne font pas de formes graves grâce à la vaccination. Beaucoup ne sont même pas symptomatiques. Dans les Ehpad, nous sommes environ à une quarantaine de décès par semaine, là où nous étions à 400 auparavant. Les données françaises qui vont s'accumuler montrent un bénéfice lié à la vaccination dans les populations à risque. Pour la population globale, on va certainement le voir aussi, mais il va falloir qu'on vaccine de manière beaucoup plus profonde et en particulier les personnes à risques indépendamment de leur âge.

Les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson ont été suspendus pendant une courte période dans différents pays européens suite à des suspicions de cas de thromboses. Or, les données statistiques et les études se multiplient sur la question. Ces chiffres peuvent-ils rassurer les candidats au vaccin au regard du bénéfice-risque à se faire vacciner ?  

On va entrer dans une zone très houleuse et très tortueuse ! D'un point de vue purement scientifique, en-dessous de 40-50 ans, le rapport bénéfice-risque pour les vaccins d'AstraZeneca et Johnson & Johnson est moins bon. 

Il y a des risques très faibles que des symptômes apparaissent entre le quatrième et le dixième jour qui suivent l'injection. Il faut alors se rapprocher rapidement de son médecin ou d'un hôpital. Ça reste quand même des cas qui sont une fréquence très faible et, ce qui est très important, c'est que nous sommes en capacité de contrer ces rares cas de thromboses graves. L'utilisation du vaccin d'AstraZeneca continue d'avoir un très bon rapport bénéfices - risques pour les populations âgées, en particulier quand le virus circule de manière importante dans la population.

En fait, le rapport bénéfices-risques est toujours variable en fonction de la classe d'âge touchée et de la circulation du virus. Ce qu'il faut retenir, c'est que ces deux vaccins sont associés à la survenue, dans des cas très rares - 1 sur 100.000 à 1 sur 300.000 en fonction des pays - de problèmes de thrombose, mais qu'on sait désormais y faire face. 

L’utilisation des statistiques pour la sortie de crise et pour la campagne vaccination peuvent-elles être des atouts clés dans la gestion de la pandémie, pour éviter les Covid longs et pour tenter de convaincre les personnes à se faire vacciner ? 

Oui, c'est clairement le cas. Au départ, on ne connaissait pas bien le virus, on pensait que l'immunité collective serait atteinte à 60% de la population, car c'est ce qu'on connaissait pour d'autres virus. Aujourd'hui, il est clair que la contagiosité étant aérienne, et donc très forte en lieux clos,  pour avoir une immunité collective, il faudra certainement plutôt viser les 80% de la population. Par ailleurs, l'immunité collective prévient l'état épidémique. Elle ne signifie pas qu'il n'y aura plus de malades. En Israël, etc., le virus circule encore, mais de manière très faible. 

Le suivi de la vaccination permettra, comme le suivi des gestes barrières, permettra d'amener un déconfinement efficace et des conditions qui ne seront pas des conditions de risque de résurgence pour les semaines et les mois à venir.

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