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Le tabou des hommes battus
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Violences conjugales

Personne n'en parle et pourtant, les violences conjugales concernent aussi les hommes...

Arthur Vivien

Arthur Vivien

Arthur Vivien est le fondateur et animateur du blog Homme Culture & Identité consacré à l'identité masculine et aux situations des garçons, des pères et des hommes dans la société. Arthur Vivien s'oppose par ailleurs à tous ceux, et toutes celles, qui veulent opposer la femme à l'homme par des actions militantes idéologisées.
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Le 22 octobre dernier a eu lieu en région parisienne le premier colloque sur les hommes victimes de violences conjugales. Tabou parmi les tabous, cette question n'avait jusqu'à présent en France jamais été abordée. Aussi l'association SOS Hommes battus, qui existe depuis 3 ans, a mis en place ce colloque pour donner la parole à des hommes victimes, à des psychologues et des professionnels du droit qui avaient sur cette question des analyses et des chiffres à partager.

Les hommes battus, oubliés du système judiciaire français...

Les violences conjugales subies par des hommes en France sont comme le nuage de Tchernobyl, officiellement elles n'existent pas et sont restées hors des frontières de l'hexagone. En Suisse par exemple, des campagnes de sensibilisation aux violences conjugales ont pris en compte les violences pratiquées par les deux sexes. En France, aucune politique publique ne prend en compte le fait que les hommes peuvent aussi être victimes de violences conjugales. S'il y a sans doute des raisons culturelles profondes à ce tabou, il ne faut pas négliger aussi le rôle des féministes victimaires (Elisabeth Badinter a brillamment analysé dans son ouvrage "Fausse Route" les errements et les abus de ce féminisme-là).

Je n'aime point ceux et celles qui cherchent à opposer les hommes aux femmes. La souffrance et les difficultés de certains hommes dans leur vie conjugale ne doivent pas être mis en balance avec les difficultés et les souffrances que subissent certaines femmes dans leur vie conjugale. Cela a quelque chose d'incongru, voir d'insupportable, d'opposer les violences subies par certaines pour refuser de prendre en compte les violences subies par d'autres. Dans tous les cas, le problème se doit d'être posé, car il y a en France une injustice manifeste dans la façon de traiter deux situations exactement semblables.

... et persécutés par certaines associations féministes

L'office national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a publié le chiffre suivant pour les années 2008 à 2010 : 0,7% des hommes ont été victimes de violences au sein de leur couple. Ce qui donne en valeur absolue environ 220 000 hommes victimes.

Ces hommes doivent-ils encore être négligés dans notre pays ? Pour quelles raisons devrait-on faire perdurer le tabou des hommes battus ? Ces statistiques ne révèlent que la partie visible du problème. Autrement dit, seuls les hommes ayant pu prouver qu'ils ont été victimes de violences physiques : traces de coups, blessures, attestation médicale. Pour le reste, la partie invisible, c'est-à-dire les violences psychologiques, les chiffres ne parlent pas.

Depuis 2010, une loi sanctionne le harcèlement psychologique dans le couple. Des femmes ont été pénalement sanctionnées par des décisions de justice, mais notre société a beaucoup de mal à entendre raison. Il faut dire que certains mouvements féministes radicaux maintiennent la pression, en opérant une guérilla médiatique qui stigmatise tous les hommes, sans distinction ni discernement. Et ce, à chaque fois qu'une affaire est révélée. Un exemple plus que navrant : au printemps 2011, un homme a été assassiné par sa compagne avec un couteau. Réaction immédiate des associations féministes patentées : "cette homme était violent". Autrement dit il l'a bien cherché, et s'il est mort, c'est bien de sa faute !

A ce niveau d'ignominie, il est question d'un manque de justesse et de justice, d'un aveuglement idéologique sidérant et révoltant. Comment, face à la mort d'un homme, peut-on se permettre de tenir pareils propos ? Cela révèle une injustice flagrante quant au traitement accordé aux hommes battus, et les 30 qui meurent chaque année en France sous les coups de leur compagne méritent davantage de compassion et d'attention de notre part à tous. Quand aux associations féministes qui osent tenir de tels propos, elles se mettent d'elles-mêmes hors-jeu. Cela dit, elles ont aujourd'hui le champ libre, ce qui fait leur relatif succès, mais n'est-il pas temps que souffle le vent du changement.

Des cas à l'étranger

En Inde,  l'association "Combat pour la justice" se mobilise sur les questions relatives à la place des hommes dans la société. Elle met notamment en avant les chiffres impressionnant du suicide chez les hommes mariés. En 2010 en Inde, 61 500 hommes mariés ont mis fin à leur jour. En 15 ans, plus de 770 000 hommes mariés se sont suicidés dans ce pays. Et les chiffres sont en constante augmentation. Aucune réaction des pouvoirs publics à ce jour, aucune campagne de sensibilisation de la société indienne sur ce sujet pourtant dramatique. Aussi, cette association est en train d'ouvrir des centres de soutien à destination des hommes. Elle fait un lien entre ces chiffres et la violence conjugale au sein des couples. Il convient de noter au passage que l'Inde fournit ces statistiques par le biais de son "National Crime Records Bureau" (NCRB). En Inde, il s'avère que 45% des suicides sont commis par des hommes mariés. En France, rien de tout cela... Il y a 8 000 hommes et jeunes hommes qui mettent fin à leur vie chaque année, mais aucune statistique ne permet d'aller plus loin dans l'analyse des faits. Un constat regrettable, car il n'est pas possible d'apporter une quelconque forme de réponse à ce type de problème sans en connaître les causes.

Dans les années 80, un chercheur américain, Murray A. Strauss, a publié un livre "Behind closed doors", après avoir étudié plusieurs milliers de familles américaines. Ses résultats étaient les suivants : 3,8% de femmes victimes, 4,6% d'hommes victimes, dans 50% des cas la violence était mutuelle, dans 25% des cas en provenance de l'homme seul, et 25% des cas de la femme seule. Ceux qui connaissent les États-Unis ne seront pas étonnés, et il nous faut espérer que la France échappera à ce triste constat qui met les femmes a égalité des hommes en matière de violence conjugale, voire même un peu au-dessus, si l'on se réfère aux chiffres de cette étude. Reste qu'il faut noter que la violence est mutuelle dans 50% des cas. Ce chiffre nous permet d'envisager qu'une violence peut être le résultat du cumul de deux comportements fautifs.

Pour aller plus loin : SOS Hommes en détresse

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