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Vers un affrontement Juppé-Valls à la place du match retour annoncé Sarkozy-Hollande ?
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Les paris sont ouverts

Alors que le score de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017 pourrait ne pas être aussi élevé que prévu, ni Nicolas Sarkozy ni François Hollande ne semblent assurés de pouvoir se présenter à cette élection. Un constat qui pose la question des contours de la majorité issue des prochaines législatives.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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A 14 mois de l’échéance, les lignes commencent à bouger et des questions vont se poser.

La France compte plus de 51 millions de citoyens en âge de voter. 46,6 millions d’entre eux sont inscrits sur les listes électorales, seulement 18 millions de voix ont élu François Hollande en 2012 et l’abstention ne cesse de progresser depuis… Un enjeu majeur de la présidentielle de 2017 sera la capacité à ramener un maximum d'électeurs aux urnes, nul doute que le "match retour" de 2012 n’y contribuerait pas. Et se poserait la question de la légitimité réelle de la présidence.

Dans chaque camp, des évolutions se dessinent

Au FN : La ligne peu claire ou peu réaliste du parti d’extrême-droite, le doute consécutif aux élections régionales quant à sa capacité à gagner un deuxième tour et un parti qui ressemble de plus en plus aux autres avec ces fractures du père à la fille, de la tante à la nièce ; avec ses perquisitions et épisodes judiciaires, conduisent à envisager un score de sa candidate déclarée qui pourrait ne pas être aussi élevé que les sondages récents l’ont mesuré.

Dans l’opposition républicaine : Nicolas Sarkozy semble de moins en moins être en capacité de pouvoir gagner l’élection présidentielle, quand prendra-t-il sa décision concernant sa participation aux primaires ? Attendra-t-il les sondages post-trêve estivale pour se décider ? Dans l’hypothèse d’une cote qui ne se redresserait pas, renoncerait-il et soutiendrait-il une candidature autre, en encourageant par exemple celle de François Baroin contre Alain Juppé ?

Alain Juppé fait aujourd’hui la course en tête, mais deux séquences sont devant lui : 10 longs mois de primaire et s’il l'emportait, 5 mois de campagne présidentielle pour convaincre les Français de son projet et de ses qualités, qui ne seraient plus appréciées autant qu’aujourd’hui en miroir des défauts de son principal concurrent.

François Fillon nage toujours la tête hors de l’eau mais n’est pas remonté dans le bateau pour autant.

Bruno le Maire, depuis les régionales, a usé la carte de la modernité avec de vieilles recettes, ne créant pas de désir autour de sa candidature aussi évidente que non encore déclarée.

Quant au centre, on en cherche toujours le numéro de téléphone unique…

Dans la majorité : François Hollande est aussi rejeté quant à l’idée de sa candidature que... son prédécesseur à l’Elysée. Il dispose des armes de la Vème République, notamment le référendum et la dissolution.

Grand serait l’embarras de ses opposants s'il tentait et réussissait un referendum sur un sujet bloqué par le Parlement ; la dissolution reste une menace plus qu’une probabilité, mais imaginons juste pour en sourire les conséquences qu’elle aurait en donnant probablement une majorité à la droite et au centre mais qui lui permettrait de choisir un Premier ministre capable de rebattre et de brouiller les cartes de la droite et qui de surcroît éliminerait un nombre non négligeable de ceux des députés de gauche qui s’opposent à sa politique…

Saura-t-il jouer comme François Mitterrand jadis ? Favoriser Nicolas Sarkozy qu’il préfère toujours affronter, contre Alain Juppé qu’il redoute bien davantage… Dans le même esprit que celui de son lointain prédécesseur, qui en 1995 fit des gestes en direction de Jacques Chirac afin de le remettre en selle alors qu’il était loin derrière Edouard Balladur dans les sondages ?

Se sauvera-t-il ? ou tentera-t-il de sauver son camp ? Qu’en sera-t-il en décembre, après la primaire de la droite et du centre, si les sondages le disqualifient lui aussi ? Combien de candidatures à la gauche de la gauche ? Quelles seraient les conséquences de son renoncement, à gauche sur son unité et à droite sur son renouvellement, si Manuel Valls le remplaçait au pied levé ?

Contraint chacun par leur propre camp, aucun des candidats à la candidature ne dit clairement ce que seraient les contours de sa majorité s'il l’emportait, alors que tous savent que l’offre partisane est aujourd’hui aussi fracturée que dépassée. La campagne électorale pourra-t-elle faire l’économie de cette question de la recomposition du paysage politique ?

Les lignes sont en train de bouger dans la perspective des élections présidentielles, les mois qui viennent pourraient être ceux de la grande bascule et modifier radicalement la donne politique et les candidatures dans ce que l’on nommait pourtant il y a peu encore le "match annoncé".

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