La vérité sur la valorisation de Facebook<!-- --> | Atlantico.fr
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Beaucoup de gens s'émeuvent de la valorisation de Facebook, et crient à qui veut l'entendre que rien ne peut la justifier, qu'il s'agit d'une bulle.
Beaucoup de gens s'émeuvent de la valorisation de Facebook, et crient à qui veut l'entendre que rien ne peut la justifier, qu'il s'agit d'une bulle.
©Reuters

Le nettoyeur

Cette semaine, Pascal Emmanuel Gobry, le "nettoyeur", fait voler en éclat l'idée reçue selon laquelle la valorisation de Facebook serait une bulle spéculative.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Facebook prépare son introduction en bourse, qui devrait valoriser l'entreprise entre 85 et 100 milliards de dollars, ce qui en ferait une des plus entreprises les mieux valorisées au monde. En effet, Facebook n'a réalisé “que” un milliard de profits sur un chiffre d'affaires de 4 milliards en 2011. Beaucoup de gens s'émeuvent de cette valorisation, et crient à qui veut l'entendre que rien ne peut la justifier, qu'il s'agit d'une bulle.

Le Point de cette semaine, par exemple, parle de “casse du siècle” (!) en comparant la valorisation de Facebook à celle d'HP, premier fabriquant d'ordinateurs – une activité complètement différente, donc. Slate.fr, dans un article explicatif et mieux raisonné, parle néanmoins de bulle.

Comparer Facebook à des entreprises au chiffre d'affaires supérieur et à la valorisation inférieure fait peut-être vendre du papier mais n'a aucun sens. On ne peut comprendre la valorisation de Facebook (ou de tout autre actif) sans comprendre un des principes de base de la finance : la valeur d'un actif est la valeur actualisée nette de ses flux de trésorerie à venir. En clair, ça veut dire que la valorisation d'une entreprise est fondée sur ce que le marché anticipe de sa performance à venir. Les performances passées n'ont de sens, non en tant que telles, mais qu'en ce qu'elles permettent d'anticiper celles de demain.

Qu'est-ce que ça veut dire pour Facebook ? Ça veut dire que c'est une entreprise jeune, avec une position unique sur le marché, et un potentiel de croissance extrêmement élevé. Si les entreprises du net reçoivent souvent des valorisations élevées, ce n'est pas parce que nous sommes dans une bulle (premier signe que nous ne sommes pas dans une bulle : à chaque fois que quelque chose se produit, tout le monde crie que ça veut dire que nous sommes dans une bulle), mais tout simplement parce que le potentiel de croissance sur ce marché est énorme.

L'ancien analyste financier et investisseur renommé Bill Gurley parle de 10X revenue club, le club des entreprises qui méritent une valorisation de 10 fois leur chiffre d'affaires, ce qui est l'ordre de grandeur des meilleures entreprises du net. Pour justifier l'appartenance à ce club, selon Gurley, une entreprise doit respecter 10 critères rigoureux, par exemple : les barrières à l'entrée, la prévisibilité des revenus, les taux de marge brute et de profitabilité marginale, etc. Bref, des critères sérieux, pas la “hype” d'une bulle.

Gurley (pourtant investisseur dans Twitter, un concurrent de Facebook, et donc peu incité à lui décerner des lauriers) note Facebook extrêmement bien sur ces critères, lui donnant A ou A+ sur la majorité et B sur les autres. Il en conclut que, sur les chiffres qu'on peut attendre de Facebook pour cette année, la valorisation “juste” se situe entre 75 et 95 milliards.  C'est un peu en dessous de la valorisation prévue, mais pas beaucoup. Et toujours plus qu'HP.

Alors, quelle est la valorisation “juste” de Facebook ? Personne ne le sait, puisque pour le savoir il faudrait pouvoir lire l'avenir. Ça sera au marché de décider. Mais une chose par contre est sûre : au regard de sa performance (et non de la “hype”) Facebook mérite éminemment d'avoir une valorisation très “élevée”, et l'existence d'une telle valorisation n'est aucunement indicative de l'existence d'une bulle.

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