Valls II : François Hollande a abattu sa dernière carte<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement Valls II est la dernière carte de François Hollande.
Le gouvernement Valls II est la dernière carte de François Hollande.
©Rémi Castaignon

Éditorial

Le virage opéré par le gouvernement a des airs de stratégie de la dernière chance pour François Hollande alors que les entreprises ont cessé d’investir et les ménages de dépenser, en manifestant un repli sur soi généralisé face à un pouvoir démonétisé.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Ce devait être le symbole de la clarté et de la cohérence : et pourtant il n’a pas fallu vingt-quatre heures pour que le lifting du gouvernement de Manuel Valls connaisse son premier couac. Le débat sur les trente-cinq heures pourtant assouplies est reparti de plus belle à la suite d’une interview d’Emmanuel Macron, nouvelle star de l’équipe ministérielle, accordée au Point alors qu’il n’était pas encore nommé ministre, conduisant Bercy à démentir énergiquement son intention de revenir sur l’un des tabous de la gauche vieux de douze ans et qui va être au centre des débats douloureux de l’université d’été du PS ce week-end à la Rochelle.

Mauvais présage, alors que Manuel Valls vient d’éliminer le trublion Montebourg et entend ramener la discipline au sein d’un parti habitué aux déchirements internes que François Hollande avait facilité depuis deux ans avec ses revirements successifs, ses palinodies, ses retournements pour finalement déboucher sur un statu quo mortel pour la croissance. Il montre que l’évolution idéologique de la gauche la plus conservatrice d’Europe sera bien difficile à réaliser et passera peut-être par son éclatement, tant elle est engluée dans des doctrines d’un autre âge que les autres pays du vieux continent ont abandonnées souvent depuis longtemps.

Cela dit, le virage opéré par le Premier ministre est spectaculaire, sans doute parce que le pays est aux abois, alors que le chômage frappe un demi-million de personnes supplémentaires depuis le début du quinquennat. Il représente pour François Hollande la dernière carte pour tenter de remettre la France en route, alors que les entreprises ont cessé d’investir et les ménages de dépenser, en manifestant un repli sur soi généralisé face à un pouvoir démonétisé. La montée en puissance du discours socialo-libéral de Manuel Valls qui s’oppose point par point à celui que tenait le chef de l’Etat au début de son mandat traduit la volonté de s’engager sans retour sur la voie empruntée par l’Allemagne depuis dix ans. Il entend tout mettre en œuvre pour réhabiliter les entrepreneurs, qui seront la clé du redressement, à condition qu’on restaure la compétitivité et qu’on s’attaque réellement aux rigidités du marché du travail dans un pays habitué à protéger les acquis dans tous les domaines, sans se préoccuper de ceux qui frappent à la porte pour trouver leur place dans la société active.

Le message est aussi destiné aux partenaires européens au moment où Bruxelles se penche sur la situation des Etats membres. Il sera bien perçu par nos partenaires, qui lui réserveront davantage qu’un accueil poli. Mais ce n’est pas la première fois que nos dirigeants auront tenté le choc des mots. En leur temps, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy s’y sont essayés, avec des résultats qui n’ont pas été à la hauteur de leurs ambitions. Pour l’heure, les dépenses publiques continuent d’augmenter en France, ainsi que les déficits qui se creusent, même si leur rythme s’est légèrement ralenti. Les propos de Manuel Valls seront donc accueillis avec une  attention non feinte, mais il n’est pas question, notamment pour l’Allemagne, d’accorder des délais supplémentaires, car la volonté affichée de changement doit être suivie de réalisations concrètes. Le ministre des finances d’Outre-Rhin, Wolfgang Schäuble, de passage à Paris, a clairement rappelé que "la France savait ce qu’elle avait à faire" et a écarté d’emblée l’idée de François Hollande de lancer un sommet sur la croissance en Europe, dont il ne perçoit pas l’utilité. Plus que jamais, la France sera placée sous surveillance par des partenaires dont la patience a atteint ses limites.

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