Une vaste étude montre que le narcissisme, la violence et les agressions seraient étroitement liés<!-- --> | Atlantico.fr
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La propension à être violent pourrait être liée au narcissisme, selon une étude.
La propension à être violent pourrait être liée au narcissisme, selon une étude.
©Thomas COEX / AFP

Une des explications

Selon une étude publiée dans la revue Psychologie Bulletin, le narcissisme, pourrait se manifester par des phases d’agression. Mais cette hypothèse se base sur le fait que le narcissisme serait une pathologie.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : Selon une étude publiée dans la revue Psychologie Bulletin, le narcissisme, trouble de la personnalité, pourrait se manifester par des phases d’agression. Comment les chercheurs sont-ils arrivés à une telle conclusion ? Dans quels types de situations l’agressivité se développe-t-elle ?

Pascal Neveu : Cette analyse qui a été menée sur plus de 123 000 personnes, confrontant 437 études, est totalement contestable.

Elle s’inscrit dans la ligne droite du DSM5 (la dernière publication du manuel de diagnostic psychiatrique reconnu par l’Organisation Mondiale de la Santé) que la France et d’autre pays ont totalement décrié car « créant » des nouvelles « maladies ».

Le narcissisme n’est aucunement un trouble de la personnalité. Même s’il existe des formes de narcissisme plus prononcées.

Mais il faut vivre avec notre narcissisme. Ce n’est pas une pathologie en soi. Il est indispensable pour notre existence.

Il existe 2 types de narcissisme.
Le premier consiste à s’aimer ou pas face à son miroir.
Le second porte sur le retour dans la relation avec autrui (par exemple un retour positif ou négatif sur le plan professionnel).
Ces 2 types permettent d’équilibrer les choses et éviter tout excès.

En le décrivant simplement, je peux m’aimer énormément physiquement mais recevoir un regard par autrui plus dévalorisant, et a contrario ne pas m’aimer mais être valorisé dans mes investissements extérieurs à ma « propre personne ».

Pour autant, même si le narcissisme est indispensable au développement de la personnalité, à l’estime de soi, un extrémisme narcissique peut mener à des comportements « tendus » avec autrui.

Certes Narcisse est mort tellement il s’aimait dans son reflet.
Mais pensons à la souffrance intrinsèque du narcissique.

Les personnes narcissiques ont souvent un besoin de contrôle important, une tendance à la critique et à l'égocentrisme. Ils acceptent difficilement les avis différents, n'ont pas conscience des besoins des autres, ni des effets de leur propre comportement sur leur entourage. Ils se montrent intransigeants et attendent des autres qu'ils les voient tels qu'ils désirent être vus. Les personnes souffrant du trouble de la personnalité narcissique se sentent communément rejetées, humiliées, et menacées. Pour s'en protéger ces personnes utilisent souvent le dédain, la résistance à toute forme de critique, réelle ou imaginaire.
De nombreuses théories font état de liens entre le trouble de la personnalité narcissique et le sentiment de honte

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 Alors que le narcissisme est souvent utilisé pour seulement décrire un trait de personnalité, serait-il un facteur de risque important pour des comportements agressifs et violents ?

Aucunement. Par ailleurs le narcissique excessif est rapidement fuit car insupportable face sa propre personne.

C’est une invention purement anglo-saxonnne.

Voici ce que dit le DSM5 et sa dérive qui place le trouble de la personnalité narcissique dans le groupe B des troubles de la personnalité, troubles caractérisés par un sentiment excessif d'importance personnelle. Ce groupe inclut également le trouble de la personnalité borderline, le trouble de la personnalité histrionique et le trouble de la personnalité antisociale.

Pour le DSM-5, le patient présente au moins cinq des symptômes suivants :

·       le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (par exemple, surestime ses réalisations et ses capacités, s'attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport) ;
·       idéalise un alter-ego conçu comme objet principal de ses discussions ;
·       est absorbé par des fantasmes de succès illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté, de perfection, ou d'amour idéal ;
·       s'énerve facilement quand on ne répond pas à ses désirs ou à ses besoins ;
·       pense être « spécial » et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau ;
·       montre un besoin excessif d'être admiré ;
·       pense que tout lui est dû : s'attend sans raison à bénéficier d'un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisfaits ;
·       exploite l'autre dans les relations interpersonnelles : utilise autrui pour parvenir à ses propres fins (mensonges, chantages, violence verbale, etc.) ;
·       manque d'empathie : n'est pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d'autrui ;
·       envie souvent les autres, ou croit que les autres l'envient ;
·       cache des informations aux autres pour arriver à ses fins ;
·       fait preuve d'attitudes et de comportements arrogants et hautains.


Finalement sommes-nous tous des narcissiques à « enfermer » ?

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Un meilleur diagnostic et un meilleur accompagnement des patients atteints de narcissisme aigu permettrait-il de réduire ces phases agressives ?

Le narcissisme est également un mode de protection. Même si le narcissique est invivable.

J’ai en souvenir un patient très démonstratif, qui au fil des séances a changé (présentation physique, intonation de la voix…). Jamais agressif envers autrui, mais en revanche rejeté et parfois humilié.

 C’est en ce sens où notre regard face à un narcissique nous renvoie également à notre propre narcissisme.

 De fait le narcissique « aigu » (pathologique ?) sera tellement insupportable qu’il sera rejeté par la société qui cherche un équilibre.

Et surtout jamais il ne viendra en consultation.

 Mais rappelons nous Narcisse… amoureux de sa propre image, qui se mira de trop près dans l'eau de la rivière et s'y noya.

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