Un gaz à effet de serre pire que le CO2… Faut-il s'inquiéter de la récente découverte du PFTBA ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un gaz artificiel appelé perfluorotributylamine, ou PFTBA, qui serait 7 000 fois plus puissant que le CO2.
Un gaz artificiel appelé perfluorotributylamine, ou PFTBA, qui serait 7 000 fois plus puissant que le CO2.
©REUTERS/China Daily

Apocalypse now

Un gaz artificiel réputé 7 000 fois plus puissant que le CO2 a été retrouvé dans l'atmosphère par une équipe d'universitaires canadiens. Heureusement en faible quantité pour l'instant, il suscite des interrogations sur la capacité des industries à retenir les produits dangereux qu'elles fabriquent et utilisent.

François Gervais

François Gervais

François Gervais est physicien, spécialiste de thermodynamique et professeur émérite à l'Université François-Rablais de Tours. Il est l'auteur de L'innocence du carbone aux éditions Albin Michel (2013).

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Atlantico : Un gaz artificiel appelé perfluorotributylamine, ou PFTBA, qui serait 7 000 fois plus puissant que le CO2, a pour la première fois été décelé dans l'atmosphère par une équipe d'universitaires canadiens, au-dessus de Toronto. Sa concentration n'est pas alarmante, néanmoins le fait que ce gaz artificiel se retrouve dans l'atmosphère doit-il nous inquiéter ?

François Gervais : Au niveau de la concentration mesurée de 0,18 partie par milliard, soit l'équivalent de 1,8 euro comparé à 10 milliards, elle aurait quelque mal à s'afficher autrement que ténue. Quelle est la différence de charge électrique entre le carbone et le fluor, origine de l'absorption du rayonnement thermique émis par la Terre, et donc de l'effet de serre atmosphérique par suite de la vibration de ces atomes, au sein de ce PFTBA ? Cette différence est double, mais seulement double, de celle de la liaison entre le carbone et l'oxygène dans CO2 (voir Tableau 1 du livre "L'innocence du carbone" édité par Albin Michel). Il est vrai que le temps de résidence dans l'atmosphère est annoncé 5 fois plus long. Toutefois, à une concentration quatre dixième de millionième de fois moindre que celle du CO2 dans l'air, on reste très loin du compte.

Si ses propriétés radiatives sont effectivement aussi puissantes qu'on le dit (7 000 fois supérieures au CO2), à partir de quelle quantité libérée dans l'atmosphère faudrait-il s'inquiéter ? Quelles seraient les conséquences ?

Si l'on en croit ces chiffres, il faudrait que la quantité de PFTBA émise soit multipliée par 300 pour risquer d'avoir un impact similaire à celui du CO2, hypothèse peu réaliste. Quant à l'impact du CO2 émis par la combustion des ressources fossiles, à l'instar des autres gaz à effet de serre, il reste lui-même discutable puisqu'aucune augmentation significative de la température moyenne de la Terre n'a été observée depuis 1997, comme le reconnait le Groupe d'expert intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son cinquième rapport, en dépit de l'envoi dans l'atmosphère durant cette période de pas moins d'un tiers de tout le CO2 émis depuis le début de l'ère industrielle.

Cette information constitue-t-elle un avertissement sérieux ? Les industries et les pouvoirs publics doivent-ils améliorer la sécurité autour du maniement de tels gaz ?

Rappelons la tentative avortée d'industriels asiatiques d'engranger des montants élevés de "crédits carbone" (découlant de l'application du protocole de Kyoto) en détruisant de l'hydrofluorocarbone, un gaz similaire comportant des liaisons chimiques Carbone-Fluor, déclaré "12 000 fois plus puissant" que celui du CO2. Résultat : l'Union européenne a coupé le robinet des crédits. Cette initiative ne témoigne-t-elle pas de son faible niveau d'inquiétude à ce propos ?

Quels autres gaz à effet de serre, artificiels ou non, existent aujourd'hui, et dans quelles proportions ? Les enjeux liés à ces derniers sont-ils de taille ?

Le principal gaz à effet de serre dans l'air reste la vapeur d'eau. Son effet de serre est très bénéfique puisqu'il réchauffe la Terre d'une trentaine de degrés, sans lesquels on conviendra que la vie serait difficile sous nos latitudes. Il est suivi du CO2 dont l'effet présumé reste prédit par des modèles informatiques. Ils présentent toutefois un écart grandissant avec les mesures au fil des années, écart reconnu dans le dernier rapport du GIEC.

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