Un "entraînement respiratoire" quotidien peut être aussi efficace que les médicaments pour réduire l'hypertension artérielle<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme prenant sa tension dans une pharmacie.
Un homme prenant sa tension dans une pharmacie.
©MYCHELE DANIAU / AFP

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Une étude de l'Université de Boulder Colorado montre qu'il est possible de faire baisser sa pression artérielle en respirant à travers un petit dispositif pendant cinq minutes tous les jours.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Selon une étude de l'Université de Boulder Colorado, il serait possible de faire baisser sa pression artérielle en respirant à travers un petit dispositif pendant cinq minutes tous les jours. Est-ce un phénomène nouveau ? 

Christophe de Jaeger : Le procédé évoqué dans cette étude est assez ancien. Il s’agit d’un petit inhalateur qui freine la respiration, la rend plus difficile. De nombreux appareils fonctionnent sur ce principe, avec des systèmes plus ou moins sophistiqués. Ils sont utilisés depuis plusieurs décennies, en milieu hospitalier notamment, dans le cadre des maladies respiratoires et de la rééducation respiratoire. Il est possible de l’utiliser chez soi, ce qui peut être utile pour les personnes qui ne peuvent pas faire de sport du fait de limitations physiques. 

Ce qui est intéressant, c’est qu’on ne pense pas spontanément à faire des exercices de respiration. C’est pourtant quelque chose d’essentiel dans notre société très sédentaire, ou notre capacité respiratoire est utilisée au minimum. Le thorax, qui contient les poumons et le cœur, constitue en fait une unité fonctionnelle : cœur et poumons fonctionnent de façon très synergique. Le principal muscle qui permet la respiration est le diaphragme, mais celui-ci s’atrophie avec l’âge. Ainsi, en vieillissant, on respire de moins en moins bien. Naturellement, une activité physique régulière peut remédier à ce problème, puisqu’elle va obliger les poumons à respirer plus profondément afin de permettre d’amener l’oxygène nécessaire au bon fonctionnement des muscles.

Les mécanismes en causes sont doubles. Les auteurs de l’étude décrivent une augmentation de la sécrétion du NO (oxyde nitrique) qui est un vasodilatateur naturel sécrété par l’endothélium des artères. Cette vasodilatation des artères entraînera la baisse des pressions artérielles décrite dans l’étude. Mais il peut exister un autre phénomène qui du fait de l’augmentation des pressions négatives dans la cage thoracique (mouvement d’inspiration contrarié) va favoriser le travail cardiaque, le débit cardiaque et donc réduira intrinsèquement les pressions artérielles.

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Les exercices respiratoires décrits dans l’étude sont-ils aussi efficaces pour faire baisser la tension que des activités comme le vélo, la course ou la marche à pied ?

Les résultats de cette étude indiquent que les patients qui ont utilisé ce dispositif cinq minutes par jour, cinq jours pour semaines pendant un mois et demi ont constaté une baisse de leur pression artérielle systolique de 9 mm de mercure, ce qui n’est pas négligeable et peut faire la différence entre une tension artérielle satisfaisante et une hypertension débutante qui va progressivement altérer l’ensemble des vaisseaux artériels et en particulier au niveau cérébral, rétinien et rénal.

De la même façon, quand vous faites un exercice comme du vélo ou de la course, votre corps se rend compte qu’il a besoin de plus d’oxygène pour le bon fonctionnement de ses muscles. Le cerveau qui perçoit les besoins du corps donne donc l’ordre à votre respiration d’être plus intense et profonde. Exactement comme dans le système décrit dans l’étude qui fait appel aux mêmes mécanismes. On crée artificiellement une situation d’hypoxie, c’est à dire un manque d’oxygène en luttant contre l’appareil. Ce type d’appareil peut également être un complément intéressant aux sports de « cardio-training » en augmentant les capacités respiratoires.

Pour les patients atteints d’hypertension, ces exercices respiratoires peuvent-ils se substituer à la prise de médicaments ?

Ce dispositif peut être utilisé en complément d’un traitement, mais aussi comme un moyen de prévention. Comme je l’expliquais précédemment, il permet une baisse de la pression artérielle systolique de 9 mm de mercure. Cela ne peut donc s’adresser qu’à des hypertendus modérés. 

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