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Le running à outrance peut avoir des effets néfastes sur la santé.
Le running à outrance peut avoir des effets néfastes sur la santé.
©Reuters

Avis aux joggeurs fous

Le marathon international de Paris aura lieu dimanche 6 avril prochain. Une étude menée par des chercheurs américains auprès de 3 800 coureurs a récemment montré que le fait de courir plus de trois heures par semaine pouvait être mauvais pour l'organisme et avoir une influence sur l'espérance de vie.

Eric Favory

Eric Favory

Eric Favory est médecin du sport. Il est l'auteur de "Santé et Education" paru en 2011 aux Editions Chiron.

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Atlantico : Une étude menée par le Dr Martin Matsumara du Cardiovacular Research Institute du Lehigh Valley Health Network auprès de 3 800 coureurs a mis en avant le fait que la course, pratiquée plus de 3h par semaine, pouvait réduire l’espérance de vie. A quoi est-ce dû ?

Eric Favory : La pratique d’une activité physique régulière, et notamment la course à pied, deux à trois fois par semaine de 30 minutes à une heure, est plutôt un facteur de longévité de vie. Les études jusqu’à présent le démontrent bien. Le sport régulier est un facteur d’amélioration de la santé, de prévention des pathologies cardio-vasculaires et locomotrices, de prévention du cancer du sein, du colon, de la prostate et de beaucoup d’autres pathologies. Cependant, au-delà d’un certain seuil, on passe effectivement de la notion de sport santé à sport intensif, ce qui induit un risque supplémentaire contrebalançant les bénéfices du sport pratiqué. Mais quelle que soit l’intensité de la pratique sportive, des risques sont là, à condition de consulter quelqu’un qui puisse dépister d’éventuelles pathologies cardiaques et locomotrices déjà présentes.

Faut-il comprendre que le sport est bon pour la santé... mais seulement à certaines conditions ? Finalement, quelle est la bonne dose de sport par semaine ? Cela dépend-il du sport que l'on pratique ?

Le sport est bon pour la prévention cardio-vasculaire, à condition d’avoir fixé au préalable ses limites. La pratique parfaite est basée sur un entretien de l’endurance, c’est-à-dire un sport qui implique des masses musculaires importantes comme la course à pied, le vélo, l’aviron, etc., un entretien de la souplesse, du stretching par exemple, et un entretien de la force, comme du gainage, de la musculature para-vertébrale, etc. Dans l’idéal, chaque entretien se fera deux à trois fois par semaine sur une durée de 30 à 45 minutes, soit une durée qui respecte l’appareil locomoteur. Mais une fois de plus, il faut au préalable vérifier s’il n’y a pas de contre-indications, il faut vérifier si la personne ne présente aucun risque d’altération de son état de santé à travers ses activités.

Il est courant de voir des quadragénaires reprendre le sport, presque du jour au lendemain. Quels risques une pratique soudaine et intensive fait-elle courir ?

Le corps a une mémoire du mouvement très vive, ce qui va amener le coureur à la réalisation d’une gestuelle à laquelle son corps n’est pas forcément préparé. De plus, la perception de déclin personnel va donner l’envie de se surpasser. Les risques que l’on encourt si l’on se remet au sport du jour au lendemain sont avant tout d’ordre cardio-vasculaire, articulaire, musculaire et tendineux. Ceci étant dit, la reprise d’un sport est toujours bénéfique et vertueuse à condition qu’elle soit encadrée. Une fois de plus, il faut dépister l’absence de contre-indications, définir le profil de risque de la personne et réaliser des bilans de dépistage. S’il n’y aucune contre-indications, étant donné qu’on n’est jamais sûr, il va falloir amener progressivement une pratique qui favorise l’adaptation du corps à la demande énergétique et mécanique qu’on va solliciter.

Comment reprendre le sport sans prendre de risques ? Certains sports sont-ils davantage indiqués que d'autres ?

Comme dit précédemment, il faut commencer par voir quelqu’un qui puisse savoir si c’est une bonne idée ou non. Concernant le mode de reprise, il est préférable de privilégier d’abord des activités d’aérobie pure, des activités de relaxation et de relâchement. Ses activités doivent se pratiquer sur des durées modérées, soit un quart d’heure ou alors alterner sur une période d’une demi-heure, au début afin d’habituer l’appareil locomoteur. Bien entendu, il faut être bien chaussé, il faut faire attention à l’environnement, c’est-à-dire préférer la terre au bitume par exemple, et surtout, il faut se donner à chaque fois un intervalle de récupération de deux trois jours afin que le corps ait le temps de répondre à la sollicitation. Dès la demi-heure passée, au bout de quelques mois, les filières métaboliques vont se développer. Six à huit semaines, c’est le temps qu’il nous faut pour constituer un foncier, soit un capital d’endurance.

Quelle hygiène de vie adopter lors de la reprise ? Ou avant la reprise ?

L’hygiène de vie ne se décline pas uniquement en fonction de l’intensité de la pratique sportive. Elle se définit aussi bien chez les sédentaires que chez les sportifs. Il faut privilégier une alimentation équilibrée, une qualité de sommeil acceptable et une hydratation suffisante, mais cela concerne toutes les populations. Ceci étant dit, il est vrai que l’individu qui va reprendre une activité sportive régulière va avoir davantage besoin d’accentuer son hygiène de vie, notamment au niveau alimentaire.

Pour les sportifs, dans l’idéal, il faut s’alimenter trois heures avant l’effort et éventuellement prendre une légère collation digeste peu avant l’activité si celle-ci est trop éloignée temporellement du repas. Concernant l’hydratation, il est conseillé de boire par exemple 30cl d’eau une demi-heure avant l’effort, prendre des quantités régulières si l’effort dépasse les 45 minutes et dans tous les cas, se réhydrater après l’effort.

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