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Terrorisme islamiste : vous avez aimé Molenbeek ? Vous adorerez Barcelone
©AFP

Le retour

Le bilan des attentats de Barcelone et de Cambrils est lourd, très lourd. Et ni les autorités nationales espagnoles, ni la police régionale catalane, ni les instances antiterroristes de l'Union européenne, n'ont voulu voir les signes avant-coureurs.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Interro de contrôle au cours d'antiterrorisme : qu'évoquent pour vous les faits suivants ?

- Un pays déchiré par une querelle linguistico-tribalo-nationale, dans lequel diverses polices se regardent de travers et coopèrent d'aussi mauvaise grâce que possible,

- Une agglomération où l'arrivée massive de Maghrébins (Marocains pour la plupart) suscite peu à peu une omerta subtile et un pesant communautarisme,

- Ce, dans le silence apeuré ou vaguement complice d'autorités municipales, entre anesthésique béatitude du "vivre ensemble" et syndrome de Stockholm,

- Arrivée d'un évanescent prêcheur salafiste (lui-même ancien voyou); qui séduit ou convainc, des mois durant sans que nul ne s'en avise, des fratries dont certains éléments ont "des antécédents judiciaires pour faits de droit commun",

- Commission d'attentats sanglants (préparés depuis des mois) lors desquels les terroristes délaissent leurs passeports dans descamionnettes louées avec leurs cartes de paiement personnelles,

- Puis une enquête au long de laquelle le nombre de terroristes impliqués enfle sans arrêt, dix-douze au début - le triple au bout du compte,

- Dans le fief salafiste, des habitants en larmes... L'inexplicable cauchemar ! Nul n'imaginait les sanglants projets des copains, frères ou cousins.

- Des autorités locales sous le choc. Des jeunes élevés sur place, si bien intégrés... parlant si bien la langue du cru. Comment est-ce possible dans une ville si ouverte...

Là, le dernier de la classe d'antiterrorisme, depuis sa place près du radiateur, lève la main et s'écrie "Molenbeek ! Les Abdeslam,les attentats de Paris et Bruxelles en 2015-2016".

Eh bien non. Tout faux. Car il s'agit bien du contexte et des circonstances entourant les récents attentats de Barcelone, qui forment un parfait copier-coller des épisodes terroristes franco-belges de la fin 2015, début 2016.

Or cela, une fois de plus, ni les autorités nationales espagnoles, ni la police régionale catalane, ni les instances antiterroristes de l'Union européenne ne l'ont décelé ni vu venir.

On aurait espéré qu'après le Bataclan et Zaventem, un "retour d'expérience" européen isolerait les facteurs de grand risque, analogies terroristesà la mortelle poche de grisou des mines de charbon. Car si cette exigence antiterroriste minimale avait été satisfaite, si la zone catalane de risque majeur Ripoll-Alcanar-Barcelone avait été décelée, voilà ce que le renseignement et la police antiterroriste, dûment avertis, auraient vu s'opérer sous leurs yeux, sans grande discrétion d'ailleurs :

- Des maghrébins occupant une villa-laboratoire d'explosifs. Ni femmes ni enfants. Villa aux volets toujours clos, sans musique, d'où entrent et sortent constamment des barbus "parlant tous français" chargés de lourds sacs à dos,saluant les voisins "sans jamais regarder les femmes de face". Certains vont et viennent ; d'autres, de la terrasse, "scrutent la route en contrebas". Comment dit-on caricature en Catalan ? Au point qu'un voisin ancien policier, dit à sa fille "C'est des terroristes, note les plaques d'immatriculation".

- Les mêmes achètent sans encombre cent vingt bonbonnes de gaz et les composants chimiques du péroxyde d'azote, explosif utilisé à Paris en novembre 2015.

Pendant ce temps-là, les meilleurs experts espagnols du terrorisme, dont notre collègue Fernando Reinares, du Elcano Royal Institute, alertent en vain médias et autorités sur le fief salafiste catalan et les risques toujours plus graves qui en émanent.

Rien n'y fait. L'aveuglement prévaut. Résultat : 14 morts, plus de cent blessés- et bien sûr, toutes les cérémonies, messes, autels improvisés et touchantes offrandes que nécessaire. Même pas peur. L'effusion sans la prévision : combien de temps encore ? //

NB - Bien entendu, mes critiques de l'irénisme antiterroriste de l'Union européenne sont tout, sauf une lubie personnelle. Le lecteur consultera avec profit le rapport d'information N°397 du Sénat, sur "Le financement européen de la lutte contre le terrorisme" (février 2016), écrit par une sénatrice européenne fervente. On y lit que "Les réponses apportées au défi du terrorisme ne sont pas passées, au niveau européen, par un engagement financier substantiel". Et que les projets antiterroristes de l'U. E. verront le jour "si se développe une véritable culture de la coopération". Sans commentaires.

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