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Tensions sur #L'EmissionPolitique : pari risqué de François Fillon mais semble-t-il gagné sur les sympathisants de la droite et du centre
©Capture d'écran France 2

Tournant ?

Dans cette campagne électorale qui demeurera dans les annales, à trente jours du premier tour de scrutin on croyait avoir (presque) tout vu

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Dans cette campagne électorale qui demeurera dans les annales, à trente jours du premier tour de scrutin  on croyait avoir (presque) tout vu .C'était sans compter sur ce qui devait n'être qu'un  bon "moment télé" et qui a pris une tournure paroxystique dont  l'issue est incertaine. Distancé  dans les sondages d'intentions de vote, François Fillon joue en ce moment son va-tout pour tenter  refaire  son handicap et  se hisser au niveau d'Emmanuel Macron, voire de le doubler afin d'être présent au deuxième tour. A cet égard le candidat a marqué des points puisque 66% des électeurs de droite et du centre disent avoir été  convaincus par le candidat d'après le sondage Harris Interactive post élection. (Ils sont 28%pour l'ensemble de l'électorat ).

Hier soir, après avoir fait repentance pour les cadeaux sous forme de costumes de luxe (" je les ai rendus", a-t-il annoncé), François Fillon s'est posé en victime d'une machination politique et s'en est donc pris nommément à François Hollande, l'accusant de provoquer un "scandale d'Etat" en organisant des fuites dans la presse avec l'aide d'un cabinet noir installé à l'Elysée. Il s'appuie sur l'ouvrage "Bienvenue Place Beauvau", co-écrit par trois journalistes (dont deux sont membres de la rédaction du Canard Enchainé), livre dont les bonnes feuilles sont publiées dans Valeurs Actuelles et l'Express... Dans cet ouvrage les auteurs expliquent que le Chef de l'Etat se tient constamment informé, en faisant remonter les écoutes et en étant "branché" sur Bercy, se tenant informé des activités de Tracfin (l'organisme qui traite les flux financiers suspects). Soit dit en passant, il ne semble anormal pour un Président de la République de se tenir informé de ce qui se passe dans le pays. François Fillon accuse aussi le chef de l'Etat de faire fuiter les "affaires sensibles", et notamment celles qui le concerne, dans la presse... Se posant en victime, il dit  avoir souvent pensé à Pierre Bérégovoy, et qu'il pouvait comprendre pourquoi on pouvait en arriver à cette extrémité (ndlr: l'ancien premier ministre s'est suicidé en 1993).

Le ressenti de millions de personnes

La deuxième séquence de cette émission a été la plus spectaculaire avec la venue sur le plateau de "l'Invitée surprise ", en la personne de la romancière Christine Angot, dans  le rôle du procureur implacable, qui affirme exprimer "le ressenti de millions de personnes". Reprochant à François Fillon de ne pas avoir retiré sa candidature (ce dernier lui répliquant qu'il avait laissé la porte ouverte à une solution Juppé dans son discours du Trocadéro, mais que cela n'a pas été "possible" ), la romancière l'a accusé de favoriser l'élection de Marine Le Pen car les électeurs de gauche ne voudraient pas lui donner leur voix au deuxième et  lui assénant que "le coup de Bérégovoy, ça ne passe pas". On a rarement entendu de telles huées sur le plateau d'une émission. 

Le troisième acte s'est déroulé après l'émission, avec la réaction de François Hollande par communiqué, condamnant "avec la plus grande fermeté les allégations mensongères de François Fillon"; le Président de la République ajoute que "depuis 2012, et c'est un fait établi, l'exécutif n'est jamais intervenu dans aucune procédure judiciaire et a toujours respecté strictement l'indépendance de la magistrature... le seul scandale ne concerne pas l'Etat, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice". La polémique n'est pas prêt de s'éteindre. Elle a rebondi dans la soirée  sur les chaines d'information. Sur BFMTV l'un des auteurs, Didier Hassoux  s'est défendu d'avoir écrit que l'Elysée dispose d'un cabinet noir :" Il n'est pas possible d'en apporter la preuve ni d'en affirmer le contraire", a-t-il déclaré, laissant ainsi le choix d'interpréter les écrits de "Bienvenue Place Beauvau". Fidèle de François Hollande, Julien Dray est lui aussi intervenu pour démentir les accusations de François Filllon. Dans son communiqué Francois Hollande écrit encore que les allégations de François Fillon "provoquent un trouble insupportable à la campagne présidentielle qui appelle dignité, sérénité et responsabilité". On a beau chercher, que ce soit à droite ou à gauche, ces valeurs sont très absentes du débat. En attendant de nouveau rebondissements, François Fillon obtient une petite satisfaction. D'après le sondage post émission réalisé par l'institut Harris Interactive, 29% des Français souhaitent qu'il soit présent au deuxième tour ; ils ne sont que  27% à penser qu'il y sera ... 

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