Condition de travail
Télétravail : une vaste étude menée par Microsoft montre que la génération des salariés les plus jeunes est aussi la plus affectée
D'après une étude réalisée par Microsoft, les jeunes nés entre 1990 et 2010 sont désemparés et vivent mal la situation du télétravail par rapport aux générations précédentes. Ces difficultés peuvent même avoir un impact sur leur perspective de carrière.
Atlantico : Une étude menée par Microsoft sur le télétravail nous révèle que la génération Z, née entre 1990 et 2010, se retrouve bien plus désemparée et stressée dans une situation de télétravail que les générations précédentes. Comment se traduit concrètement cette différence de conditions de travail ?
Audrey Richard : Ces jeunes sont déjà dans des situations immobilières plus compliquées. Il y a une difficulté de concentration quand on est dans un petit studio où se mélangent vie personnelle et vie professionnelle. Le télétravail, c'est bien en temps normal mais 5 jours sur 5, ce n'est pas convenable car il devient intrusif. Il y a une distorsion entre un télétravail de choix et un télétravail subi.
Cette génération de professionnels est encore dans une phase où elle doit apprendre. Et apprendre quand on est isolés, c'est plus difficile. Les jeunes professionnels ont besoin de comprendre les codes de leur entreprise pour s'y intégrer et le travail à distance complique les différentes étapes d'intégration, pouvant engendrer du stress. Le réseautage est également plus difficile quand on est à distance.
Au-delà de ces jeunes qui débutent dans une entreprise, on pense aussi à tous les jeunes qui sont en recherche de leur premier emploi. Pour eux, c'est encore plus compliqué. Les DRH ont fait un effort pour intégrer les contrats d'apprentissage (on est en augmentation par rapport à 2019) mais trouver son premier job est particulièrement difficile. On se retrouve avec beaucoup de jeunes un peu désemparés.
Quelles peuvent être les conséquences de ces difficultés que rencontrent les jeunes actifs sur leur perspective de carrière ?
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L'isolement, la perte de confiance en soi, voire la détresse... Ces jeunes imaginent difficilement leur vie sans la force du collectif et cette cohésion est malmenée par la crise. Le risque, c'est aussi de perdre cette notion de savoir travailler en équipe.
Comment les entreprises peuvent-elles résoudre ce problème et viser, tout en intégrant le télétravail, le bien-être et la productivité de leurs plus jeunes employés ?
En tant que RH ou managers, il faut se focaliser sur ces jeunes professionnels en ayant un contact plus direct et régulier avec eux. Il faut sensibiliser les managers pour qu'ils s'occupent davantage de chez eux. Il me paraît indispensable de les faire venir un jour par semaine sur leur lieu de travail, le même jour que leur supérieur pour qu'ils apprennent à se connaître. Les jeunes sont en demande d'apprendre auprès de professionnels plus expérimentés. Il faut aussi savoir exploiter les outils numériques pour organiser du travail en équipe.
Quand on recrute des jeunes talents, c'est bien de mettre en place des politiques RH pro-actives en mettant en place une communauté spécifique pour les apprentis, les stagiaires, les alternants ou les nouveaux en organisant des évènements pour qu'ils se rencontrent et qu'on puisse répondre à leurs questions.
Dans une entreprise, ça pourrait être pertinent de faire de la com' interne pour faire connaître ces jeunes recrues, en faisant des portraits d'eux par exemple afin d'encourager leurs collègues à les solliciter ou simplement à discuter avec eux.
Il faut également faire attention à la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle. Car ces jeunes ne sont pas forcément habitués à poser cette limite. Il faut rappeler les bonnes pratiques : faire des pauses, une activité physique, le droit à la déconnexion, le respect du temps de travail, etc. Le rôle de l'entreprise est aussi d'être vigilante là-dessus.
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