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70 civils tués en deux jours : cette Grèce qui cache la Syrie
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Zone franche

Les Syriens massacrés par leur dictateur ne recevront aucune aide de qui que ce soit. Leur détresse est cachée par une actualité plus brûlante : la crise politique et économique grecque. "Hellas" pour eux.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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La Syrie s’apprête à battre son record de production d’huile d’olive, claironne sur sa Une DP, le site d’information officiel de Damas.

200 000 tonnes d’ici à la fin de l’année, pour être précis…

C’est toujours un exercice intéressant, la lecture de la presse aux ordres d’une dictature en bout de course. Chaque info est une bonne nouvelle, même si l’actu (la vraie) parvient toujours à se glisser entre deux délires de propagandistes en mal de copie enthousiaste.

Aujourd'hui, c’est aussi cette histoire de mesures gouvernementales visant à booster les entreprises accueillant des touristes qui retient l’attention. Il y a donc des touristes en Syrie en ce moment ? Et des touristes que des réductions de tarifs hôteliers "pouvant aller jusqu’à 60%" conduiraient à braver les bombes ?

Mais suis-je bête : le tourisme n’a pas besoin d’être boosté parce qu’il pleut des obus, mais plutôt à cause d’une "situation économique affectant négativement la Syrie et le monde". D’ici à ce que la Grèce soit accusée de pourrir la saison des plagistes syriens, il n’y a qu’un pas.

De fait, la débâcle budgétaire européenne et le marasme américain tombent à point nommé pour Bachar al-Assad, qui ne risque plus d’être embêté par qui ce soit. Entre la valse des AAA et le retour de bâton islamiste en Tunisie ou en Libye, le reste du monde préfère plutôt regarder ailleurs.

Feuille de route, nouvelle répression

C’est dommage parce que même la Ligue arabe semblait s’être rendue compte qu’il se passait quelque chose du côté de Damas. Enfin quelque chose en plus de la baisse de commandes de mojitos à Tartous, le Saint-Tropez local, ou de la hausse du pressage d’olives.

La semaine dernière, cette organisation regroupant quelque vingt-deux États au Moyen-Orient s’est en effet fendue d’une proposition de "feuille de route pour la paix", permettant de tout remettre en ordre entre gens bien élevés. Inutile de préciser que la réponse ne se s’est pas faite attendre : dès ce weekend, des soldats sont entrés dans la ville d’Homs et ont fait au moins 70 morts parmi les civils. La Ligue a immédiatement décidé d’une nouvelle réunion et, qu’on n’en doute pas, Assad en est certainement tout retourné !

Hélas (Hellas ?*) pour les Syriens, ils se sont réveillés trop tard. Ou peut-être le printemps arabe s’est-il terminé trop tôt, ce qui revient au même.

Si l’Occident est occupé ailleurs et qu’une Ligue arabe pour une fois mobilisée se montre aussi incroyablement impuissante, on voit mal d’où les secours pourraient venir. Et tiens, si même une Grèce exsangue se débrouille pour reprendre la main sur la fabrication d’huile d’olive et que les propagandistes n’ont plus rien à raconter, personne ne s’en rendra compte...

* : Hellas signifie "Grèce" dans la langue de Georges Papandréou

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