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Syrie : une alliance Assad-Israël, seule solution pour éviter l'embrasement de tout le Moyen-orient ?
©Reuters

Meilleurs ennemis

Si Bachar al-Assad tombe, la Syrie pourrait bien se transformer pour Israël en un Gaza géant à hauts risques, alors que le Golan était jusqu'à aujourd'hui sa seule frontière relativement sûre.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Alors qu’il ne fait plus de doute pour personne que les rebelles Syriens, dans leur immense majorité, sont des islamistes radicaux souvent affiliés à Al-Qaïda, arborant le drapeau noir de ce mouvement terroriste, la ligue arabe à Doha vient de céder le siège de la Syrie à l’opposition "civile" dirigée par l’Imam sunnite démissionnaire Allkhatib. Même ce dernier qui n’est plus dupe vient de quitter ses fonctions au sein du conseil national pour cause de mainmise des Frères musulmans qui lui ont imposé un "Premier ministre" en exil.

Lors de ce même sommet au Qatar, les pays membres ont décidés d’armer massivement les rebelles islamistes. Des restes d’armes du conflit de l’ex-Yougoslavie pour une valeur approchant le milliard de dollars ont été achetés à la Croatie par l’Arabie Saoudite et le Qatar et sont en train d’être livrés via la Jordanie aux rebelles Syriens. L’ouverture de ce couloir jordanien de transfert d’armes est une relative nouveauté ne datant que de mi-décembre dernier. Il est estimé que presque 4500 tonnes d’armes ont été transférés aux rebelles par l’intermédiaire de 160 vols via la Turquie et maintenant la Jordanie depuis mi-2012.

Ces transferts d’armes sont de plus en plus inquiétants car personne ne sait l’usage qui en sera fait in fine par les bénéficiaires. Certaines de ces armes se sont même retrouvées au Mali entre les mains des islamistes que la France combat en ce moment. Les Nations unies ont par ailleurs diligenté une enquête dirigée par le scientifique suédois Ake Sellstrom sur l’usage d’armes chimiques par les rebelles dans la banlieue d’Alep. De surcroît, des tirs de roquettes par les rebelles ont été effectué cette semaine au départ du territoire syrien sur Israël. Ils prenaient pour cible la garde-frontière du Tsahal et ont entraîné une riposte ferme de la part d’Israël.

A Jérusalem, les responsables israéliens s’interrogent de plus en plus sur l’insécurité ambiante qui commence à prévaloir sur sa frontière syrienne depuis le commencement de la guerre civile. Ils se rappellent que pendant les quatre décennies du règne des Assad, père et fils, pas une balle n’a été tiré en leur direction et que le Golan représentait pour ainsi dire, la frontière la plus sure d’Israël. Les choses changent et Israël se souvenant des 400 millions de dollars versés par l’Emir du Qatar lors de sa dernière visite au mouvement terroriste Hamas se rappelle la guerre éclair qui s’en suivit. Si Assad tombe, la Syrie ne manquera pas de se transformer en un Gaza géant, avec les risques sécuritaires que cela engendrera pour la population civile israélienne.

Alors que les américains, qui ne souhaitent pas voir se répéter l’incident de Benghazi où leur ambassadeur est tombé sous les balles des rebelles anti-Kadhafi soutenu par l’Occident, refusent obstinément d’armer les rebelles, leurs "alliés" que sont les différentes gazo- ou petro- monarchies du Golfe persique persistent dans leur dessein de renverser Assad et de le voir se substituer par des Wahhabites irrédentistes.

Cette perspective n’est guère alléchante pour Israël qui verrait un régime totalitaire laïc syrien remplacé par un régime totalitaire wahhabite avec comme cerise sur la gâteau l’insécurité sur sa frontière du Golan et un nettoyage ethnique et religieux en règle en Syrie à l’encontre des Alaouites, Chrétiens, Druzes et Kurdes. Entre deux maux, le moindre mal serait surement préférable. Après tout quel modèle social et de gouvernement proposent les rebelles en Syrie, si ce n’est un modèle imposé par leurs bailleurs de fonds ? Depuis quand une féodalité wahhabite à Damas serait la panacée ? Et en quoi représenterait-elle un progrès démocratique par rapport à Assad ? Hélas, face à Assad, le peuple syrien n’a pas l’alternative d’un pouvoir démocratique et respectueux des minorités. Tout au contraire. Souvenons-nous que l’opposition syrienne en exil n’exerce aucun contrôle sur les rebelles qui se battent sur le terrain.

C'est dans les rues d’Alep et de Damas que se joue l’avenir du Moyen-orient. Si les rebelles islamistes prennent Damas, leur prochain combat sera Bagdad et le renversement du pouvoir irakien dominé par les Chiites. Sans même parler de ce qu’adviendrait le Liban, où déjà des combats de rues font rage, du Yémen, voire de l’Afghanistan, à propos duquel des discussions ont lieu en ce moment au Qatar entre les Talibans et Hamid Karzaï pour le retour au pouvoir de ceux-là même que l’Amérique voulait chasser en 2001 ! C’est dans ce contexte qu’une seule et dernière carte reste entre les mains d’Assad.

Une entente avec Israël.

Chacun sait que la victoire des islamistes n’encouragera en rien la paix avec Israël. Pour cela il suffit de regarder en direction du Caire de Morsi et de se souvenir de l’ambassade d’Israël, incendiée et saccagée par les partisans du président égyptien à la veille de l’arrivée d’Erdogan avec son bagage de néo-ottomanisme. Assad et Israël ont les mêmes ennemis, l’islamisme radical sunnite qui se profile. La promesse d’une paix avec Israël et le règlement du conflit du Golan semblent être le prix à payer pour mettre fin à la guerre civile en Syrie. Israël a déjà tiré des salves en direction des rebelles et seul ce pays pourra faire entendre raison aux protagonistes. Le scénario pourrait être celui d’un démantèlement de l’arsenal d’armes chimiques syriennes, un accord sur le Golan et l’organisation des élections libres sous contrôle international en 2014.

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