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De nombreuses équipes cherchent depuis longtemps une parade à ce problème de grisonnement des cheveux.
De nombreuses équipes cherchent depuis longtemps une parade à ce problème de grisonnement des cheveux.
© Andreas SOLARO / AFP

Diminution de la pigmentation

Les scientifiques ont voulu comprendre les mécanismes en jeu derrière ce processus et ont ainsi montré que certaines cellules souches se retrouvaient bloquées et ne pouvaient plus se développer en mélanocytes, responsables de la coloration.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Blond, Roux, Brun... le grisonnement des cheveux concerne-t-il toutes les couleurs ? 

Christophe de Jaeger : Nous sommes tous très inégaux par rapport au grisonnement de nos cheveux. Ce grisonnement est dû à une diminution de la pigmentation de nos cheveux. Mais, point important, le grisonnement qui est le reflet du vieillissement de notre système capillaire, n’est pas le reflet du vieillissement de l’ensemble de notre organisme et n’est donc pas représentatif de notre Capital santé. Ceci étant dit, nos cheveux, ou plutôt notre système capillaire vieillit chez tout le monde, quelle que soit la couleur des cheveux, en fonction de plusieurs mécanismes.

Les scientifiques ont voulu comprendre les mécanismes en jeu derrière ce processus et ont ainsi montré que certaines cellules souches se retrouvaient bloquées et ne pouvaient plus se développer en mélanocytes, responsables de la coloration. De quoi  s'agit-il ?

Le travail des collègues de la NYC Grossman Scholl of Medicine aux États-Unis a porté sur l’étude du vieillissement des poils de souris. Ils ont accéléré ce vieillissement en procédant à des tontes régulières obligeant ainsi les cellules synthétisant le poil à augmenter leurs cycles de production. Ils ont pu alors étudier très précisément le renouvellement des poils et leur coloration.

Ala base, les souris, comme les êtres humains, possèdent au niveau de leur peau des cellules souches mélanocytaires qui interviennent dans la coloration de leur pelage. Au cours de la croissance du poil, les cellules souches mélanocytaires passent de l’état de cellules souches primitives à celui de cellules matures productrices de mélanine en passant par un stade intermédiaire dans lequel elles évoluent vers la maturité tout en continuant à se diviser. Mais cette maturation cellulaire ne se passe pas au même endroit au sein du follicule pileux. Les cellules souches passent d’un compartiment à un autre. Elles se retrouvent alors en contact avec différentes protéines qui influencent leur maturation. Au cours du processus de vieillissement, un nombre de plus en plus important à chaque fois de cellules souches mélanocytaires se retrouvent coincées dans un compartiment du follicule pileux nommé bulbe pileux, une structure qui se trouve dans le bas du follicule. Les cellules souches qui s’y coincent n’arrivent plus à bouger et ne parviennent donc pas à maturité. Elles ne réussissent pas non plus à retourner dans leur emplacement d’origine situé dans le compartiment germinal. Il semble donc que cette faculté de mouvement de ces cellules souches diminue avec l’âge. Les cellules souches mélanocytaires ainsi bloquées se retrouvent dans l’incapacité d’arriver à maturité.

C’est pourquoi le cheveu continue de pousser. Cependant, il devient gris ou blanc en raison de la non-maturation des cellules souches mélanocytaires.

Stress ou facteurs génétiques : qu'est-ce qui rend nos cheveux gris ? 

Ce vieillissement des cellules souches est comme toujours en biologie secondaire à deux facteurs. D’une part un facteur intrinsèque lié au patrimoine génétique de la cellule et d’autre part, à l’environnement, qui va soit protéger ce capital génétique, soit contribuer à l’épuiser. Dans les facteurs environnementaux, on va bien sûr retrouver tous les produits ou situation qui vont agresser le follicule pileux, mais également un facteur de plus en plus commun dans nos sociétés modernes : le stress. Le stress est un facteur de vieillissement prématuré qui va contribuer à dégrader le capital santé génétique du cheveu. Un grisonnement précoce des cheveux peut donc être le reflet du stress vécu par certains. On a d’ailleurs des exemples de blanchiment total et brutal de l’ensemble de la chevelure d’une personne après un stress extrême.

Peut-on interrompre le grisonnement des cheveux ?

De nombreuses équipes cherchent depuis longtemps une parade à ce problème de grisonnement des cheveux, car il représente un problème majeur pour certaines personnes, alors que pour d’autres, il ne s’agit que d’un charme supplémentaire. Cette étude sur les souris, dont le métabolisme, je me permets de le rappeler, n’est pas parfaitement superposable à celui de l’être humain, permet d’imaginer une intervention sur la mobilité des cellules souches. Certaines techniques basées sur la stimulation physique des cellules souches sont déjà a l’essai avec des résultats intéressants.

Quel impact les cheveux gris ont-ils sur sa propre image ? Homme ou femmes, est-on égaux face aux cheveux gris ?

L’impact des cheveux gris, comme l’impact de l’apparition des rides, est pour certaines personnes insupportables. Cette image renvoyée par le miroir renvoie à son propre vieillissement, à une première déchéance dans une société de performance. Cette situation ne peut que fragiliser psychologiquement considérablement l’individu. Les femmes sont plus sensibles à cette image et vont plus facilement recourir à des colorations, alors que l’on va, chez l’homme, plutôt voir le côté « charmeur », bien que de plus en plus d’hommes ont maintenant également recours à des colorations totales ou partielles, pour éviter le « tout blanc ».

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