Soyons lucides : Les JO à Paris offriront une formidable occasion de croissance a l’économie française, à condition que nous soyons sortis de la crise <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Soyons lucides : Les JO à Paris offriront une formidable occasion de croissance a l’économie française, à condition que nous soyons sortis de la crise
©Pixabay

Pari sur l'avenir

La France est quasi certaine d’organiser les JO soit en 2024, soit en 2028. Du sport dans les plus beaux monuments de Paris, d’accord, mais où trouver les milliards pour financer tout ça ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

Voir la bio »

Excellente nouvelle pour la délégation qui a porté le projet. Représentants de gauche et de droite, de politiques et de sportifs, ont réussi à prouver au CIO que Paris était une candidate sérieuse. Sportivement et économiquement. Seulement, les JO, contrairement à d’autres événements comme l’Exposition universelle, sont en partie financés par des deniers publics. Alors pour un pays qui cherche justement à faire des économies dans ses frais de fonctionnement, qui grignote des économies à tout va pour combler 9 milliards de déficit inattendu mais qui cherche surtout à rentrer dans le dur des réformes, l’organisation des Jeux peut poser question, au moins sur le plan économique. Cela soulève principalement trois grandes questions sur le projet de Paris

Paris peut-il se le permettre ?

Sur le budget prévu, 3 milliards sont dédiés à l’aménagement d’infrastructures.

Sportives comme logistiques. 93% des sites de compétition prévus dans le projet de Paris sont soit déjà existants, soit temporaires. Certaines infrastructures créées resteront après les Jeux, mais ce sont des dépenses qui auraient de toute façon eu lieu, comme la rénovation de certains quartiers réhabilités, là-même où sera installé le village olympique en Seine Saint Denis; ou encore la création des 200 kilomètres de métro supplémentaires ou du Roissy Express, longtemps annoncé, toujours retardé. D’autres seront éphémères : l’équitation dans les jardins du Château de Versailles ou l’escrime au Grand Palais par exemple, mais ce sera pour le spectacle.

L’équation des jeux est la suivante. Les dépenses prévues sont de 6,6 milliards – 3 milliards pour les infrastructures, le reste pour l’opérationnel, petit budget par rapport aux éditions précédentes. Et les recettes estimées se montent à 1,1 milliard d’euros pour la billetterie, 1,1 milliard d’euros de la part des sponsors et une subvention de 1,3 millard d'euros du Comité d’organisation des Jeux olympiques. Pour rentrer dans les frais, il faudra que le public adhère à cet événement, vienne en masse, pour que les retombées économiques soient à la hauteur du scénario le plus favorable. Une étude du Centre du droit et d’économie du sport avait mesuré, l'impact économique des JO se situerait entre 5,3 et 10,7 milliards d'euros, le milieu de la fourchette étant à 8,1 milliards. 

Doit-on attendre un boom au niveau de la fréquentation de touristes ?

Il faut regarder de l’autre côté de la Manche et prendre l’exemple de Londres, capitale pas si lointaine qui a accueilli les Jeux il n’y a pas si longtemps. Cela s’avère instructif. En fait, pour des villes habituellement touristiques, les études montrent qu’il n’y a pas de boom de fréquentation notoire. Les visiteurs intéressés par les JO viendront se substituer à d’autres touristes qui préféreront éviter l’affluence d’un tel événement. Cela dit, l'évènement olympique consolide l'image et renforce sa pénétration donc l'assurance d’un flux de touristes réguliers. 

En fait, le principal impact économique est ailleurs. Il est principalement dû à la symbolique de l’ouverture sur le monde. Et vient plutôt affecter le commerce extérieur. Les Jeux Olympiques sont signe d’ouverture, de mondialisation et de compétition. De dynamisme, de modernité. Tout ce dont a besoin une entreprise. Leur attribution et leur organisation mettent en avant les entreprises du pays concerné, qui voit en général ses exportations augmenter. C’est d’autant plus vrai quand l’opération s’inscrit dans la logique de l'économie verte. C’est bon pour les entreprises qui travaillent à la transition énergétique, c’est bon pour l'image globale de l'économie nationale qui renforce ainsi sa crédibilité dans la lutte contre le réchauffement climatique et l’émission de gaz à effets de serre. C’est d’autant plus vrai aussi que les jeux olympiques portent des valeurs de paix, de solidarité et de performance. Marier le progrès et la performance, avec la recherche du bien être solidaire, la lutte contre les inégalités , c’est le vrai projet du systeme économique.

Quels risques d’un budget qui dérape ?

Le Comité Paris 2024 a indiqué un budget à 6,6 milliards d’euros, très loin des fastes de Pékin à plus de 40 milliards. Mais le budget annoncé n’a jamais été respecté dans le passé, et même a été dépassé de 179% en moyenne. A Londres, par exemple, les coûts anticipés de 7,4 milliards d’euros ont été in fine de 14,8 milliards. La règle est donc de ne pas compter sur le chiffre de départ.

Parmi les frais supplémentaires, on peut d’ores et déjà ajouter la sécurité ; mais aussi le coût du foncier. Car si de beaux projets sont annoncés, entre le prospectus de présentation de la candidature et son organisation effective, les coûts de construction et la valeur du foncier peuvent augmenter de beaucoup, selon un expert du FMI. 

Les mots sont d’Anne Hidalgo elle-même, qui confiait il y a peine deux ans que « les Jeux, c'est très joli, mais il n'y a pas une ville qui s'y soit retrouvée sur le plan financier».

Visiblement Me Hidalgo a changé d’avis. Emmanuel Macron lui n’a pas hésité une seconde. Paris doit avoir les jeux et ce sera rentable pour la France.

En fait, tout dépendra de la santé financière de la France à ce moment-là. Les Jeux remporteront l’adhésion du public, des touristes et des investisseurs en partie si dans le même temps, elle est redevenue crédible sur le plan économique. 

En clair, les jeux ne seront jamais la solution miracle à nos ennuis. mais les jeux peuvent produire de la croissance et de la richesse . A condition que nous soyons dans la course. C’est-à-dire sortis de la crise.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !