Sommet européen : Et si contrairement aux apparences, c’était Merkel la grande gagnante ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"Angela Merkel a réalisé des concessions sur des mesures de court terme".
"Angela Merkel a réalisé des concessions sur des mesures de court terme".
©Reuters

Surprise surprise !

Le Premier ministre s'exprime ce mercredi devant le Sénat, tandis que l'Assemblée nationale débat sur les résultats du dernier sommet européen. Si la victoire des pays du Sud de l'Europe a été largement médiatisée, rares sont ceux qui ont soulevé la création d’une autorité européenne de supervision bancaire. Un projet cher à la chancelière allemande.

Frédéric  Farah

Frédéric Farah

Frédéric Farah est économiste et enseignant à Paris I Panthéon Sorbonne.

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Atlantico : Le Premier ministre s'exprime ce mercredi devant le Sénat, tandis que l'Assemblée nationale débat sur les résultats du dernier sommet européen. Celui-ci a été présenté comme une victoire pour l’Italie, l’Espagne et la France, du fait de l’adoption d’un plan de relance de 120 milliards d’euros, et de la possibilité de recourir au MES pour recapitaliser directement les banques. Mais rares sont ceux qui ont soulevé la création d’une autorité européenne de supervision bancaire adossée à la BCE, un projet cher à l’Allemagne. Angela Merkel n’est-elle pas finalement la grande gagnante de ce sommet ?

Frédéric Farah : En obtenant une supervision bancaire au niveau européen, Angela Merkel a obtenu une victoire. Mais celle-ci est valable pour tous les chefs d'États et de gouvernements, tant l'insécurité du système bancaire et financier est encore forte.

Outre cette mesure, ce sommet européen a été une victoire encore bien plus large pour la chancelière puisque les principales orientations qui ont été arrêtées sont clairement d'inspiration allemande avec, par exemple, le traité de discipline budgétaire, qui est au cœur de la stratégie initiale, et qui n'a pas été remis en cause. François Hollande a même précisé qu'il avait lever ses réserves et proposer au Parlement sa ratification.

Le Pacte budgétaire conçu par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy n'a donc pas été défait. Il a simplement été rendu plus consensuel avec l'adoption d'un pacte de croissance ou la possibilité pour le MES (le Mécanisme européen de stabilité) de venir en aide à l'Italie et à l'Espagne.

L'Europe n'a cependant toujours pas répondu à trois questions fondamentales : quelle unité ? quelles frontières ? quelles légitimité ? Chaque État continue de défendre ses propres intérêts. 

Pouvons-nous parler d’une « défaite » d'Angela Merkel sur les mesures de court terme, mais d’une victoire pour sa vision de l’intégration européenne, sur une orientation à long terme ?

Angela Merkel a certes réalisé des concessions sur des mesures de court terme.  A partir du moment où l'Allemagne impose un fédéralisme avec un encadrement plus stricte des budgets ou encore le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), l'inspiration de long terme correspond clairement à la rigueur allemande.

Il a souvent été demandé aux populations de consentir à des efforts supplémentaires : dans les années 1980, les Français ont du faire des efforts pour combattre l'inflation et restaurer la compétitivité (la désinflation compétitive), puis, un nouvel effort a été exigé pour préparer le pays à son entrée dans l'euro...

Il y a donc aujourd'hui une certaine fatigue vis-à-vis de cette austérité que l'Allemagne parvient pourtant encore à imposer. L'orientation allemande est donc encore celle qui domine. Mais il est encore trop tôt pour savoir si celle-ci va réellement profiter à l'ensemble de la zone euro.

La France, avec un plan de relance de 120 milliards d’euros, soit 1% du PIB européen, n’est-elle pas la moins bien lotie à l'issue du sommet ?

Lorsque Lionel Jospin était arrivé aux affaires, il ne souhaitait pas que la France ratifie le pacte de stabilité sans ajouter un volet sur la croissance. Une fois ce dernier adjoint, la France a signé.

François Hollande renouvelle donc l'opération. La faiblesse de ce plan de relance ne change pas grand chose aux orientations adoptées, mais il lui permet une victoire symbolique en instaurant le mot "croissance". Il s'agit d'un recul, mais de manière ordonnée.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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