Sommet européen : la France a-t-elle perdu la bataille du budget ?<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande a menacé de dire non à un compromis qui conduirait à "oublier l'agriculture et ignorer la croissance".
François Hollande a menacé de dire non à un compromis qui conduirait à "oublier l'agriculture et ignorer la croissance".
©Reuters

Et le perdant est...

L'Europe a choisi un budget d'austérité donnant raison aux pays exigeant des coupes sévères dans les dépenses comme le Royaume-Uni.

François Beaudonnet

François Beaudonnet

Après avoir été en poste à Bruxelles, François Beaudonnet est désormais correspondant à Rome pour France 2. 

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Atlantico : Le budget européen est-il défavorable à la France comme le prétend la presse britannique ? Les pro-austérités ont-ils déjà gagné ?

François Beaudonnet : Ce qui est certain, c’est que la France n’a pas gagné bien qu’il soit un peu incohérent de parler de la question du budget européen en termes de victoire ou de défaite. David Cameron repartira malgré tout en vainqueur. L’Europe quant à elle n’en sort pas grandie puisque pour la première fois dans l’histoire de l’Union le budget sera en baisse. Les chiffres ne sont pas officiels mais on parle d’un recul de 3 à 3,5% par rapport au budget 2007-2013. Au-delà de cette baisse en valeur absolue, il faut bien comprendre que le simple fait de l’inflation jusqu’à 2020 va encore baisser ce budget.

Enfin, il est paradoxal de voir que l’Union européenne agit sur des domaines toujours plus nombreux avec des budgets qui baissent. Nous avons développé tout un système d’actions extérieur, un réseau d’ambassades dirigées par Catherine Ashton depuis le Traité de Lisbonne… Tout cela a un prix : même si tout l’argent de l’Europe n’est pas utilisé à raison, ce qui est en train de se passer n’est rien d’autre qu’une limitation des moyens d’action de l’Europe.

Au-delà de sa défaite politique à la tête du camp pour l’augmentation du budget, la France a-t-elle tout perdu sur le plan financier ?  N’y trouve-t-elle pas finalement son compte ?

Si on s’en réfère à la PAC, celle-ci a été coupée à hauteur de 50 milliards mais on nous dit que la France n’y perd rien alors qu’elle en est la principale contributrice. Ainsi, soit il y a quelque chose qui m’échappe dans le mécanisme soit ce sont les autres qui paient pour nous. Cela voudrait dire que malgré le fait que nous prônions l’augmentation du budget et l’intégration, nous nous sommes ménagés comme l’a fait David Cameron qui a conservé son rabais. Il est donc facile de penser que nous avons ainsi évité le pire mais en réalité cela veut simplement dire que nous avons réussi à faire en sorte que quelqu’un paie à notre place ce qui n’a rien de positif pour une construction européenne saine et productive.

Est-il dangereux d’envoyer un tel signal aux marchés ?

Il ne me semble pas que les marchés puissent être vraiment surpris par cela car ils suivent de près ce qui se passe dans une telle négociation et ce scénario avait été prédit par de nombreux observateurs. Il est donc peu probable que l’accord autour de ce budget amène dans son sillage une véritable défiance et à terme une nouvelle crise de la zone euro. C’est plutôt le signal envoyé aux peuples européens qui m’inquiète. Les dirigeants de l’Union ne disent en effet pas autre chose que « Même nous chefs d’Etats et de gouvernements ne croyons plus à l’Europe et ne voulons plus payer pour cela ». Plutôt qu’un danger économique, ce budget est surtout l’aveu de l’Europe quant à son incapacité à fonctionner ensemble.

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