Bonnes feuilles
Sexe libéré et rien à foutre des tabous : le B-A B-A du crédo soixante-huitard
Les acteurs de Mai 68 n’étaient ni inspirés, ni généreux, ni ludiques. Ils étaient ennuyeux, empesés, mal embouchés, mal b... D’où ce malentendu de fond avec ma génération. Lorsque les enfants gâtés de Marx et de Coca-Cola ont accédé au pouvoir, la France a pris des rides et depuis lors le bonheur d’y vivre ne va plus de soi. Extrait de "Mai 68 l’arnaque du siècle" de Denis Tillinac, publié chez Albin Michel. (1/2)
Au fond leur rôle consiste à incarner le Mal dans la démonologie ambiante. Ils sont la face maudite de la même médaille. Leur pathos rédempteur ressemble comme un faux jumeau à celui des gauchos qui récitent avec l’outrance d’un inquisiteur espagnol les articles du credo freudo-marxiste. Au xiiie siècle, tous les clercs et escholiers étaient thomistes. Au xvie siècle, tous les intellectuels étaient protestants. En 1968, tous sont freudo-marxistes, c’est l’air que l’on respire, la ritournelle que l’on entend seriner.
Article premier : il faut faire la révolution pour « désaliéner » l’homme par le truchement d’une dictature du prolétariat. Un « processus dialectique » la rend inéluctable. S’ensuivra à terme un « dépérissement de l’État » et comme par enchantement « l’homme ne sera plus un loup pour l’homme ». À chacun selon ses besoins. Délais non communiqués, besoins non définis. Article second : il faut ouvrir les vannes de la libido pour « libérer » le désir et la « créativité » que le surmoi bourgeois encaserne indû- ment dans les cryptes de l’inconscient.
Tout découlera de ce credo inepte, entonné à l’unisson par des clercs qui se prennent au sérieux. Ce qui domine, ce qui contriste l’atmosphère à la fac et dans l’appartement de Gradignan, c’est une morne sériosité. Même au comble de l’ivresse. Même la fille dont on vient de goûter les lèvres : un trait d’humour et elle se rétracte comme un poulpe. Je ne me rappelle plus si le Mouvement de libération des femmes « Psy et po » existe déjà mais Vanessa, qui se proclame féministe, veut à la fois se « libérer » sexuellement et ne plus être un « objet de désir ». La synthèse ne va pas de soi, je me demande comment le fiancé de Cognac s’y prend pour la réaliser.
Sexe « libéré », donc, et « rien à foutre » des tabous. Je me revois avec une certaine Kathy, rencontrée au New York, embarquée sur mon Solex jusque dans ma piaule. Effilée, blonde coiffée à la garçonne. Elle faisait « lettres modernes » et logeait à la cité universitaire. Je l’avais aperçue devant le hall de Sciences Po, distribuant des tracts. Désirable. Désirante il faut croire.
Alors que son jean glisse sur ses chevilles, elle me dit froidement (citation de mémoire) : « je suis plus clitoridienne que vaginale ». Ça commençait mal. Elle a ajouté pour faire bonne mesure que l’accès à son « orgasme » prendrait du temps. Ça ne pouvait que finir mal. J’ai prétexté une indisposition et par la suite je rebroussais chemin chaque fois que je l’apercevais sur le campus ou dans un bar. Courageux mais pas téméraire.
Extrait de "Mai 68 l’arnaque du siècle" de Denis Tillinac, publié chez Albin Michel
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