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Ségolène Royal sera plus victime 
des bugs de sa stratégie 
que du Tweetweilergate
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Faux pas

Ségolène Royal, investie dans la 1ère circonscription de La Rochelle par le Parti socialiste, affrontera au second tour le socialiste dissident Oliver Falorni. Donnée largement battue par les sondages, l'ex candidate à la présidentielle pourrait perdre une belle occasion d’accéder, comme elle le souhaitait, au perchoir de l'Assemblée Nationale.

Maire-Claude Aristégui

Maire-Claude Aristégui

Marie-Claude Aristégui est Grand reporter pour le quotidien Sud-Ouest.

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Atlantico : Selon une étude Ifop/Fiducial, réalisée avant et après le tweet de soutien à Olivier Falorni posté par Valérie Trierweiler, Ségolène Royal serait largement battue ce dimanche par le dissident socialiste dans la 1ère circonscription de La Rochelle. Comment expliquez-vous cette situation ?

Marie-Claude Aristégui : Les premières divergences sont apparues au moment des régionales en 2010. Ségolène Royal comptait imposer une autre tête de liste qu’Olivier Falorni à l’échelon départementale.

Je ne suis pas sûre que Ségolène Royal ait imaginé que cela se passerait comme ça se passe aujourd’hui. Maxime Bono, l’actuel député de la première circonscription de Charente-Maritime, a décidé de ne pas se représenter. D’après ce qu’il dit, il a alors personnellement sollicité Ségolène Royal. A l’époque, Ségolène Royal avait d’autres soucis, elle était à ce moment-là candidate à la primaire socialiste. Après le camouflé qu’elle a reçu lors de la primaire, elle a déclaré qu’elle serait volontiers candidate. Tout cela était très compliqué. Olivier Falorni avait déjà décidé de se présenter. Il a voulu qu’il y ait des primaires, selon la règle du Parti socialiste, mais cela lui a été refusé. Ségolène Royal a alors été désignée d’office par Solferino. Martine Aubry a d’ailleurs admis qu’elle avait prise elle-même la décision pour éviter la polémique et le fait que Ségolène Royal soit « salie ».

Lé décision a provoqué un tollé dans la région. Que reproche-t-on à Ségolène Royal ?

Une partie des militants rochelais et de l’ile de Ré, puisque c’est la même circonscription, ont très mal pris cette décision.

D’abord, c’est la non-concertation qui a posé un vrai problème. On a privé les militants de vote. Ils se sont dits « humiliés ». La France a eu le privilège de choisir son candidat socialiste, pas eux. Les rochelais sont des gens libres, indépendants, et n’ont pas envie que des appareils parisiens leur dictent leur conduite.

Ensuite, même si les gens le disent moins ouvertement, ils considèrent Ségolène Royal comme une parachutée même si elle reste présidente de la Région. Pour beaucoup, elle se sert de La Rochelle pour accéder au perchoir. Elle se moque en quelque sorte de la ville.

Olivier Falorni a beaucoup joué de ce qu’il appelle le « parachutage de la honte ». De plus, la droite n’a jamais soutenu la candidature UMP. Ils soutiennent aujourd’hui ouvertement la candidature d’Olivier Falorni, mais je peux vous dire que cela a toujours plus ou moins été le cas, mais moins ouvertement… Dominique Bussereau tweetait déjà des choses qui ne trompaient personne à l’époque.

Ségolène Royal n’est pas une personne qui laisse indifférent. Sa personnalité suscite toujours autant d’idolâtries de la part de certains que de rejets de la part d’autres.

Comment le tweet de la première dame a-t-il été accueilli à La Rochelle ?

Le tweet en question est tombé au moment où Ségolène Royal, Martine Aubry et Cécile Duflot tenait une conférence de presse. Quelqu’un de l’entourage de Ségolène Royal lui a apporté un petit papier, ce qui a provoqué chez elle une grimace d’embarras le plus total… A la suite de cela, nous lui avons posé la question. Elle pensait manifestement que c’était un faux, une manipulation qui tombait à pic le jour où elle confirmait son engagement et le soutien du parti à La Rochelle.

Quand nous avons dit à Martine Aubry qu’a priori le message émanait du compte Twitter officiel de la première dame, on nous a répondu qu’il devait avoir été piraté. Une demi-heure plus tard, alors que les deux femmes déjeunaient ensemble dans un restaurant du vieux port de La Rochelle, Valérie Trierweiler a confirmé ses propos à l’AFP. Nous lui avons alors redemandé un commentaire. En vain, Ségolène Royal n’a pas voulu faire de déclarations. Elle a seulement indiqué qu’elle était là pour ses électeurs. Martine Aubry a quant à elle précisé que Valérie Trierweiler était « une femme libre ».

Les Rochelais ont bien évidemment commenté l’affaire. Beaucoup ont comparé cela à la série américaine « Dallas ». Je me souviens notamment de l’intervention d’un homme, qui disait être de droite, et qui a juré de voter Falorni. Dans la ville, les railleries ont fusé. Même ceux qui ne savaient pas ce qu’était Twitter ont bien rigolé de cette histoire.

La polémique peut-elle être de nature à redorer le blason de Ségolène Royal dans la région ?

La méthode étant quand même assez odieuse, on se disait que ça pouvait la rendre plus sympathique à l’égard des électeurs. Mais je ne crois pas que cela sera le cas. Un sondage Ifop/Sud-Ouest, publié ce mercredi et réalisé en partie après la polémique, révèle que les intentions de vote sont à 58% pour Olivier Falorni et 42% pour Ségolène Royal.

Olivier Falorni est très méconnu du grand public. Que pouvez-vous nous dire sur celui qui s’oppose si fortement à l’ex candidate à la présidentielle ? Est-il si proche que cela du président ?

Olivier Falorni est un professeur de géographie âgé de 40 ans. Il travaille donc à mi-temps comme enseignant et adjoint au maire de La Rochelle, délégué au budget. Il est également conseiller régional mais son rôle dans l’institution reste minime, Ségolène Royal ne lui ayant confié aucune mission importante.

Olivier Falorni dit qu’il est proche de François Hollande et, même s’il est difficile de le vérifier, je le crois. Il dit que cela fait dix ans qu’il soutient le nouveau président de la République, notamment pendant sa traversée du désert. Cela lui a valu pas mal d’inimitiés locales. Ce n’est pas étonnant en sachant que Maxime Bono s’est prononcé pour Ségolène Royal à la primaire.

Ségolène Royal assimile le vote Falorni à un vote UMP, voire même FN. Que dire de cela ?

D’après le sondage publié ce mercredi, une grosse partie des électeurs de Nicolas Sarkozy (83%) et de Marine Le Pen (55%) devraient voter Olivier Falorni. Comme le dit souvent Olivier Falorni, François Hollande a forcément été élu avec des voix d’électeurs qui, en 2007, avaient voté Nicolas Sarkozy.

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