Sans immigration, le système économique français ne peut pas fonctionner<!-- --> | Atlantico.fr
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Des ouvriers du bâtiment travaillent sur un chantier de construction à Saint-Denis, le 05 mai 2020.
Des ouvriers du bâtiment travaillent sur un chantier de construction à Saint-Denis, le 05 mai 2020.
©BERTRAND GUAY / AFP

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Si la loi sur l'immigration suscite autant de débat dans la classe politique depuis si longtemps, c'est qu’il faudrait admettre que l'immigration est nécessaire au fonctionnement de l'économie. Tout dépend à quelles conditions et dans quel domaine

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ce gouvernement n'est pas le premier en France à chercher à réguler l'immigration. Ça fait plus de trente années que les présidents et les ministres de l'intérieur se succèdent en promettant une réforme qui aurait permis de construire une société d'assimilation multiculturelle autour de l'ADN français. Cependant, ça fait plus de trente ans où tous échouent et renoncent pour des raisons culturelles, électorales, idéologiques et économiques. Aujourd'hui, on est arrivé à une situation inacceptable pour la majorité des habitants, pour les Français comme pour les autres, avec une population fracturée et violente.

La loi Darmanin est examinée au parlement ce lundi pour répondre au mécontentement suscité par une immigration hétérodoxe, incohérente et sans doute excessive. 

La pression pour une immigration zéro, la volonté de contingenter les immigrés qui se sont intégrés, mais l'envie de renvoyer les clandestins de plus en plus nombreux oblige le gouvernement à "bricoler" un texte de loi qui voudrait plaire à tout le monde et qui risque de ne satisfaire personne. Toutes les lois sur l'immigration se fracassent en général sur l'incapacité qu'ont les gouvernements à marier les contraintes politiques et les besoins économiques.

1er point : Dans la loi présentée cette semaine, c'est l'article 3 qui est au cœur des débats. Cet article 3 prévoit de régulariser les travailleurs sans papiers, mais qui travaillent parce qu'il y a des besoins que la France et les Français ne peuvent, ou ne veulent pas, satisfaire. L'état de travailleurs sans papiers est déjà une aberration, mais il correspond à une réalité ; il existe des entreprises qui embauchent des clandestins qui n'ont pas de titre de travail et qui les paient sans doute très mal. Il existe des cas d'immigrés qui ne peuvent obtenir des papiers que s'ils ont déjà un travail. L'administration française a accepté ce type de statut ? Bizarre, mais ça existe. La morale et la légalité sont peu pratiques dans la sphère de l'immigration.

Le vrai problème français que l'on fait semblant d'ignorer, c'est que les immigrés qui travaillent en France dans les métiers très pénibles ou en tension (ce qui est souvent la même chose) sont très nombreux. Un emploi sur 10 en France est occupé par un étranger. Mais ces étrangers sont entre 25% et 50 %, parfois beaucoup plus, dans les secteurs à métiers pénibles : dans le BTP, les travaux d'entretien, les agents de jardinage, les employés de maison, les infirmiers, la restauration, etc. Selon la Dares (statistiques établies par le ministère de l'emploi), huit métiers sur dix étaient en forte tension ou en très forte tension en 2022, soit 87% de l'emploi. Ce sont des métiers que les Français ne veulent plus faire, même ceux qui sont au chômage. Certains sont très mal rémunérés, et c'est un pur scandale qui met les employeurs en situation illégale qu'il faudra bien réprimer. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que si tous ces étrangers étaient renvoyés dans leur pays, l'économie française tomberait en panne, et beaucoup de secteurs ne pourraient plus fonctionner. C'est la raison pour laquelle le projet présenté propose de régulariser les travailleurs sans papiers. Ce qui provoque un débat qui pars dans tous les sens . Les opposants veulent fermer les frontières et expliquent que leur régularisation ouvrirait en grand la porte d'entrée. Ceux-là ne disent pas comment peut fonctionner l'économie française et plaident parfois pour une immigration choisie.

2e point : Une immigration choisie est sans doute la deuxième fausse bonne idée si on ne la régule pas très précisément. Parce que si on n'accepte d'accueillir que les Bac +5, on vide les pays émergents de leurs élites et on les plonge dans l'incapacité de se développer. Elle doit donc être organisée avec la plus grande attention et prudence, avec un programme d'accueil et d'intégration que la France n'a jamais installé. Une réforme de l'immigration moderne représente un investissement considérable en logement, en équipement d'éducation et de santé. Une réforme de l'immigration impliquerait une politique étrangère cohérente avec une relation coordonnée avec les pays d'origine. Une réforme de l'immigration exige une modification des traités européens. Une réforme de l'immigration efficace commande des évolutions de rémunération et des augmentations de prix pour les consommateurs. Pas sûr que les consommateurs qui réclament moins d'immigrés acceptent d'en payer le prix."

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